Le ministre russe de la Défense a mené une inspection sur le front dans l'est de l'Ukraine, a indiqué samedi son ministère. Cela au moment où fait rage la bataille pour la ville-symbole de Bakhmout et que Washington a annoncé une nouvelle aide militaire à Kiev.
Le ministère russe de la Défense a indiqué que Sergueï Choïgou avait «inspecté un poste de commandement sur le front», dans «la direction Donetsk-Sud», sans préciser le lieu exact, ni la date de cette visite.
Le ministère a publié une vidéo montrant Sergueï Choïgou voyageant à bord d'un hélicoptère, puis s'entretenant avec un militaire devant des bâtiments endommagés, sous la garde d'un soldat.
Bakhmout «pratiquement encerclée»
La veille, le groupe paramilitaire Wagner, qui accuse régulièrement le commandement de l'armée russe de ne pas lui fournir suffisamment de soutien, a affirmé avoir «pratiquement encerclé» Bakhmout, dans la région de Donetsk, et a appelé le président Volodymyr Zelensky à sonner le retrait de ses troupes.
Alors que les combats sont acharnés dans cette zone, le président Joe Biden a annoncé vendredi une nouvelle aide militaire à l'Ukraine de 400 millions de dollars, lors de la visite à Washington du chancelier allemand Olaf Scholz.
L'aide militaire occidentale à l'Ukraine a été cruciale pour permettre à Kiev de résister aux troupes russes et même de regagner du terrain, mais le Kremlin a déclaré que cette aide ne ferait que «prolonger le conflit».
Washington a néanmoins annoncé ce nouveau soutien militaire, incluant des munitions, notamment pour le système de roquettes Himars que les forces ukrainiennes ont utilisé avec un effet dévastateur sur les troupes et lignes logistiques russes.
Sur Twitter, le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov, a remercié les Etats-Unis et salué un nouvel «investissement solide pour les futurs succès de l'armée ukrainienne sur le champ de bataille».
Volodymyr Zelensky rencontre la présidente du Parlement européen
De son côté, Volodymyr Zelensky a rencontré samedi à Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine, la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola. «L'Ukraine a comme objectif (...) de commencer les négociations pour rejoindre l'UE dès cette année», a-t-il indiqué, dans un message sur Telegram.
La bataille pour Bakhmout, ville industrielle dont l'importance stratégique est contestée, dure depuis l'été. La cité est devenue un symbole, car elle est l'épicentre des combats entre Russes et Ukrainiens depuis des mois.
Ces dernières semaines, les forces russes ont progressé, coupant trois des quatre routes d'approvisionnement ukrainiennes et rendant la position des défenseurs de plus en plus précaire.
«Les unités de Wagner ont pratiquement encerclé Bakhmout, il ne reste plus qu'une seule route» pour en sortir, a souligné vendredi le patron de Wagner, Evguéni Prigojine, dans une vidéo publiée par son service de presse.
En tenue de combat, Prigojine a appelé M. Zelensky - qui avait juré de défendre Bakhmout «aussi longtemps que possible» - à donner l'ordre aux troupes ukrainiennes de se retirer de la ville.
Samedi, l'état-major de l'armée ukrainienne a indiqué avoir repoussé plus de 150 attaques russes lors des dernières 24 heures et précisé que, dans la zone de Bakhmout, «l'ennemi ne cesse pas d'essayer d'encercler la ville».
L'armée russe et Wagner progresseraient
L'armée russe n'a pas mentionné la situation à Bakhmout dans son compte-rendu samedi, indiquant seulement que des «opérations actives» se poursuivaient dans la «direction de Donetsk», où se trouve la cité.
De son côté, le ministère britannique de la Défense a souligné samedi que les défenseurs ukrainiens de Bakhmout «subissaient une pression croissante, avec des combats intenses dans et autour de la ville».
Selon cette source, l'armée régulière russe et le groupe Wagner ont progressé dans la banlieue nord de la cité, qui est désormais «un saillant vulnérable à des attaques venant de trois côtés».
«L'Ukraine renforce la zone avec des unités d'élite et, lors des 36 dernières heures, deux ponts clé à Bakhmout ont été détruits, notamment un pont vital reliant la cité à la dernière principale route de ravitaillement», a indiqué le ministère britannique.
Nouveaux tirs russes dans le sud et l'est de l'Ukraine
Kiev a également indiqué samedi que le chef des forces spéciales ukrainiennes, le général Viktor Khorenko, avait inspecté des unités qui défendent Bakhmout. La ville, désormais en grande partie détruite, comptait quelque 70'000 habitants avant l'offensive russe. Il en reste aujourd'hui 4500, selon les autorités locales.
Parallèlement, plusieurs responsables de régions ukrainiennes dans le sud et l'est du pays ont signalé de nouveaux tirs russes contre des infrastructures civiles lors des dernières 24 heures.
Les services d'urgence ukrainiens ont par ailleurs indiqué samedi que le bilan de la frappe contre un immeuble d'habitation à Zaporijjia, dans la nuit de mercredi à jeudi, était monté à 10 morts, dont un enfant, et que les opérations de recherche se poursuivaient dans les décombres.
Les autorités de cette région ont également annoncé la mort de deux civils lors d'une frappe «d'artillerie russe» samedi matin sur la ville de Gouliaï Polé.
(ATS)