L'Allemagne veut nos chars Leopard. Berlin a officiellement demandé à la Suisse d'acquérir des chars de combat Leopard 2. Ces véhicules mis au rebut pourraient remplacer les chars que l'Allemagne et d'autres pays de l'Union européenne ont livrés à l'Ukraine.
L'armée suisse n'y est pas opposée: dans une prise de position du Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS), Viola Amherd estime qu'il serait possible de renoncer à un petit nombre des chars de combat.
Mais cet accord de principe ne suffit pas: il faut que le Parlement avalise toute transaction. Ce qui n'est de loin pas garanti, puisque tant la commission de sécurité du National (CPS-N) que celle des États (CPS-E) ont rejeté cette éventualité.
«La Suisse a besoin de ces chars»
Et le camp UDC met, lui aussi, la pression. Vendredi, le président du groupe parlementaire, le conseiller national Thomas Aeschi, a souligné l'opposition de son parti. «D'une part, la Suisse a elle-même besoin de ces chars pour sa défense, et de plus, ces échanges violeraient notre neutralité», assure le Zougois.
Werner Salzmann, conseiller aux États UDC et président de la Commission de la politique de sécurité du Conseil des États — également récent candidat au Conseil fédéral —, a déclaré à la radio SRF qu'il n'était pas étonné que l'Allemagne revienne à la charge. «Nous avons déjà traité une initiative parlementaire correspondante au sein de notre commission. Nous nous étions clairement opposés à la vente des chars à Berlin.»
Une levée de boucliers politique, mais aussi militaire: au contraire de la direction de l'armée, la société des officiers des troupes blindées («OG Panzer») s'étrangle que le DDPS continue d'affirmer que la Suisse a des chars en trop. «Aujourd'hui, nous n'avons même pas assez de véhicules pour nos propres troupes, et encore moins de réserves», estime le président de l'OG, Erich Muff. Certes désaffectés aujourd'hui, les vieux chars Leopard devraient être remis en service et mis à jour avec les dernières technologies, insiste-t-il.
«La Suisse doit apporter sa contribution»
De manière intéressante, les partisans d'une livraison des chars à l'Allemagne viennent aussi du camp bourgeois. Par exemple la conseillère nationale PLR argovienne Maja Riniker. «J'espère que le fait que le DDPS et la direction de l'armée y soient favorables donne un signal au Parlement.»
L'Argovienne s'était déjà engagée au sein de la CPS-N en faveur de la mise hors service d'une partie des chars Leopard, mais n'a pas eu gain de cause en janvier pour une livraison à Berlin. «Mon opinion n'a pas bougé: la Suisse devrait apporter sa contribution au soutien des pays qui fournissent des armes à l'Ukraine.»
Roland Fischer, élu vert'libéral au Conseil des États, est du même avis. «Ce deal serait une contribution importante à la solidarité et la coopération de la Suisse en Europe», estime le Lucernois, membre de la CPS-E.
Le Conseil fédéral se prononcera lundi
D'autres membres des commissions de sécurité estiment toutefois qu'il est trop tôt pour se positionner par rapport à la demande allemande. Trop de choses ne seraient pas encore claires et mériteraient un examen plus profond de la part des deux CPS.
Quoi qu'il en soit, le débat politique risque d'être chaud: le Conseil fédéral doit prendre position sur le sujet lors de l'heure des questions du Conseil national, lundi prochain.