Une carte du monde et un calendrier sont fixés au mur. Devant, deux hommes sont assis à un grand bureau. Il s'agit du patron de Wagner, Evgueni Prigojine, et de Konstantin Dolgov, un politologue proche du Kremlin.
Dans une longue interview, le chef des mercenaires a donné son point de vue sur la situation en Ukraine. Fidèle à son personnage, Evgueni Prigojine n'a pas mâché ses mots.
Le chef de Wagner a réitéré ses critiques à l'égard de la conduite de la guerre en Ukraine. Pour que la Russie ne perde pas, elle doit déclarer l'état de guerre et réorienter son économie vers la production de munitions, a-t-il déclaré. «Nous devrions lancer de nouvelles mobilisations», a martelé l'ex-homme de confiance du chef du Kremlin, Vladimir Poutine. Selon lui, tout le monde devrait travailler uniquement pour la guerre.
Le sulfureux homme d'affaires a une fois de plus rappelé les nombreuses défaites des forces armées russes, qui ont «fait dans leur froc» devant Kiev et à Kherson avant de s'enfuir. Evgueni Prigojine a insisté sur le fait que le combat engagé devait également être mené à son terme.
20'000 combattants de Wagner tués
Prigojine a pu faire part de son avis tranché sur le commandement militaire russe. Il a clairement exposé son credo politique: «J'aime la Russie, au diable Choïgou, nous continuerons à nous battre.» Sergei Choïgou est le ministre russe de la Défense.
L'ancien prisonnier a une nouvelle fois critiqué le fait que le Ministère de la Défense ne fournissait pas à l'armée de Wagner suffisamment de munitions, ni le personnel demandé. Il a estimé que l'ensemble du Donbass aurait pu être conquis aujourd'hui s'il avait reçu les 200'000 soldats demandés en renfort. Wagner dispose aujourd'hui de 6000 hommes capables de diriger une compagnie. Ils pourraient donc diriger une armée de 600'000 soldats. Mais le commandement militaire craint que les troupes de Wagner ne se retournent contre l'appareil du pouvoir russe et finissent par envahir Moscou, a-t-il déclaré.
En revanche, Evgueni Prigojine a eu des mots élogieux pour l'armée ukrainienne. Elle dispose d'un haut degré d'organisation, de formation, de renseignement et elle possède différentes armes de pointe: «Les Ukrainiens travaillent avec tous les systèmes – soviétiques ou de l'OTAN – avec le même succès.»
Le chef de Wagner a pour la première fois indiqué que ses propres pertes lors de la bataille pour la ville de Bakhmout dans la région de Donetsk s'élevaient à 20'000 soldats tués, dont la moitié étant des recrues issues des prisons. Différents experts estiment toutefois que le nombre de morts est plus élevé.
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