Après un engagement sur le front ukrainien
Des détenus russes graciés terrorisent leurs villes d'origine

Comme la Russie manque de troupes pour mener sa guerre en Ukraine, des détenus ont été recrutés pour servir dans les rangs. Ces derniers ont été graciés après leur mission et sont retournés dans leur pays. Ils y terrorisent désormais la population.
Publié: 28.04.2023 à 09:29 heures
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En prison, le patron de Wagner, Evgueni Prigojine, a recruté des criminels pour en faire des soldats.
Photo: Twitter / Kevin Rothrock
Fabrice Obrist

En manque de soldat, les troupes russes du groupe paramilitaire Wagner sont allées recruter des dizaines de milliers de détenus dans les prisons pour renforcer leur rang sur le front en Ukraine. Des centaines d’entre eux sont sûrement déjà morts depuis le début de la guerre.

Parmi les survivants, ceux qui sont encore en vie après six mois de combat en Ukraine sont graciés par Vladimir Poutine et peuvent rentrer chez eux en tant qu’homme libre. D’après le chef des troupes Wagner, Evgueni Prigojine, plus de 5000 anciens criminels seraient concernés.

Les délinquants récidivent

Un retour au bercail qui n’est logiquement pas du goût des habitants. Ces derniers n’apprécient pas particulièrement le retour de criminels, dont certains ont été condamnés pour meurtre et viol. Une enquête du quotidien britannique «The Guardian» montre comment les ex-détenus graciés terrorisent leurs villes d’origine.

Dans la ville géorgienne de Tskhinvali, par exemple, Soslan Valiyev a récemment été assassiné. Une grande horreur s’est emparée de la ville. «Il était aimé de tous dans notre communauté proche», ont expliqué des habitants au «Guardian».

On a appris par la suite que les autorités locales avaient arrêté un homme du nom de Georgij Siukayev peu après le meurtre de l’homme de 38 ans. Il s’agit d’un meurtrier condamné qui avait été recruté l’automne dernier par Evgueni Prigojine à sa sortie de prison pour aller combattre en Ukraine.

«Bâtard malade dans la société»

Après son engagement en Ukraine, Georgij Siukayevest retourné à Tskhinvali, où il est désormais soupçonné d’avoir assassiné Soslan Valiyev. Bien que Tskhinvali soit située en Géorgie, un retour était possible pour le meurtrier condamné, car la ville fait partie de la république séparatiste d’Ossétie du Sud soutenue par la Russie.

Fin mars, une retraitée, Yulia Buiskich, a été assassinée à 85 ans dans la ville russe de Novyi Burets. C’est là qu’a été arrêté peu de temps après Ivan Rossomakhin, qui avait également été condamné précédemment pour meurtre, puis avait combattu en Ukraine avant de revenir en homme libre.

Des habitants de Novyi Burets ont demandé des comptes, peut-on encore lire dans le «Guardian»: «L’Etat, Poutine et Prigojine portent la responsabilité de la mort de Yulia et devraient répondre de leurs actes.» Un homme qui a souhaité rester anonyme a même déclaré: «Ils ont laissé un bâtard malade dans la société.»

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