Le mois dernier, Violetta Prigojina a remporté une victoire surprenante devant un tribunal de l'Union européenne (UE). Ses avocats ont convaincu les juges de la première chambre de la Cour de justice de l'UE à Luxembourg que la femme n'avait aucun lien économique avec son fils Evgueni, ou sa principale entreprise, Concord. Les sanctions qui lui avaient été précédemment infligées ont été levées et le Conseil de l'UE a été condamné à payer les frais de justice.
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La décision du tribunal met en lumière les processus juridiques complexes nécessaires pour imposer des sanctions à des personnes proches du Kremlin et à leurs familles. Les Prigojine se sont révélés être un cas particulièrement coriace à cet égard.
Nouveau stratagème
Désormais, le sulfureux homme d'affaires a apparemment trouvé un nouveau moyen de contourner les sanctions de l'UE, rapporte le «Financial Times». La fille cadette du redoutable chef de guerre, Veronika, est la seule membre de la famille qui n'a pas encore été soumise aux sanctions occidentales. La famille en profite apparemment pour pouvoir continuer à se vautrer dans le luxe.
Veronika et sa sœur Polina adorent monter à cheval. Elles ont participé à d'innombrables compétitions équestres à partir de 2014. Or, aucun des chevaux avec lesquels les sœurs concouraient ne sont enregistrés sous le nom de Prigojine auprès de la fédération équestre.
Juste au moment où des sanctions ont été prises contre les biens d'Evgeni Prigojine en 2019, les chevaux ont changé de propriétaire. Ainsi, malgré les sanctions, Polina a pu participer près de 60 fois à des événements équestres internationaux avec son cheval préféré Cazapiloko.
Prigojine se moque de l'UE
Des documents d'entreprise russes montrent en outre que Veronika est devenue fin 2022 propriétaire d'une société qui gère un hôtel à Saint-Pétersbourg. Il n'est pas rare que des parts d'entreprises ou des entreprises entières soient déplacées au sein de la famille Prigojine.
Ainsi, le groupe Wagner n'existe pas en tant qu'entité unique enregistrée, mais comme un vaste réseau d'entreprises interagissant les unes avec les autres et ayant des proximités différentes avec la société principale d'Evgeni Prigojine, le groupe Concord. Cela pose régulièrement des problèmes à l'Occident.
«Je crache sur les sanctions
Dans le cas de la mère, des e-mails ayant fait l'objet de fuites montrent que le mari de Violetta était un cadre supérieur dans une entreprise du groupe Concord. En effet, Samuil Scharkoj était auparavant directeur général de Concord Catering, la société qui a également œuvré pour le président russe Vladimir Poutine.
Des documents internes datant de 2021, consultés par le «Financial Times», mentionnent aussi Samuil Scharkoj comme cadre supérieur chez Concord Management and Consulting. Ce dernier est décédé l'année dernière. Violetta Prigojina elle-même a détenu des parts de Concord Management and Consulting de 2008 à 2017.
Malgré cela, les juges ont conclu que le lien entre Violetta et son fils était purement familial. Le chef des mercenaires s'est ensuite moqué sur la chaîne Telegram consacrée à Concord: «Je crache et je cracherai sur toutes les sanctions.»