«Les préparatifs touchent à leur fin», a déclaré le ministre ukrainien de la Défense Oleksiï Reznikov au sujet de la grande attaque que son pays veut lancer pour reconquérir les territoires occupés dans l'est et le sud par la Russie.
«L'équipement a été promis, préparé et partiellement livré. Au sens large, nous sommes prêts», a-t-il affirmé au cours d'une conférence de presse. «Quand Dieu le voudra, (quand il y aura) la météo et la décision de commandants, on le fera.»
Quelques heures auparavant, plusieurs frappes de missiles de croisière russes, les premières d'ampleur depuis début mars, ont atteint des immeubles d'habitation, provoquant la mort d'au moins 17 personnes à Ouman (centre) et de deux à Dnipro (centre-est).
Zelensky demande une riposte internationale
«Chaque attaque, chaque acte pervers contre notre pays et (notre) peuple rapprochent l'Etat terroriste de l'échec et de la punition», a réagi sur Telegram le président ukrainien Volodymyr Zelensky qui a exigé une «riposte» internationale à la «terreur» russe.
La Russie a de son côté affirmé avoir bombardé des «points de déploiement temporaires des unités de réserve des forces armées ukrainiennes» avec des «armes de haute précision».
«Toutes les cibles assignées ont été atteintes», a affirmé le ministère russe de la Défense.
A Ouman, une cité de 80'000 habitants, des journalistes de l'AFP ont vu un immeuble d'habitation éventré par un missile, des secouristes en train de sortir des corps et des personnes meurtries attendant des nouvelles sur leurs proches.
«Je veux voir mes enfants, vivants ou morts», lance à l'AFP Dmytro, 33 ans, un résident du bâtiment touché. «Ils sont sous les décombres».
«J'étais assis devant l'ordinateur et il y a eu une puissante explosion», poursuit-il. Avant d'ajouter : «Je viens de Lougansk (une ville du Donbass sous contrôle russe, ndlr) et j'ai vu beaucoup de choses mais je n'ai pas encore perdu mes enfants».
Au moins 17 personnes sont mortes dans cet immeuble, selon le dernier bilan en date du gouverneur régional Igor Tabourets.
Parmi elles, «deux enfants de dix ans», a déploré le gouverneur sur Telegram.
Lourdes frappes russes
Une autre frappe russe, sur Dnipro, une agglomération du centre-est de l'Ukraine, a causé la mort d'"une jeune femme» et d'"un enfant de trois ans», a dit sur Telegram son maire Borys Filatov.
Au total, l'armée ukrainienne a annoncé sur Telegram avoir abattu «21 missiles de croisière de type X-101/X-555 sur un total de 23 ainsi que deux drones».
L'attaque a été déclenchée «aux alentours de quatre heures» (locales)à partir de bombardiers stratégiques russes de type Tu-95 situés dans la zone de la mer Caspienne, selon la même source.
Ces premiers tirs de missiles sur Kiev en plus de 50 jours n'ont pas fait de dégâts ou de victimes dans la capitale, assurent les autorités.
A Oukraïnka, près de Kiev, des éclats d'un missile abattu sont tombés sur un immeuble, blessant une fillette qui a été hospitalisée, a déclaré le gouverneur régional.
De leur côté, les autorités installées par Moscou ont annoncé vendredi que sept personnes avaient péri et plus de 10 avaient été blessées dans des frappes des forces ukrainiennes sur Donetsk, la principale ville contrôlée par les Russes dans l'est de l'Ukraine.
Bientôt une contre-offensive?
Cet hiver, la Russie avait tenté de plonger l'Ukraine dans le noir et le désarroi, pilonnant ses infrastructures énergétiques, une stratégie qui a toutefois échoué.
La perspective d'une prochaine contre-offensive de l'armée ukrainienne, appuyée par de puissants équipements occidentaux, ferait entrer la guerre dans une nouvelle phase, après plus d'un an de conflit à haute intensité.
Depuis plusieurs mois, l'Ukraine affirme vouloir lancer un assaut décisif pour renverser le cours de l'invasion russe et libérer les près de 20% de son territoire occupés - dont la péninsule de Crimée.
Pour lui venir en aide, les pays membres de l'Otan et leurs partenaires ont fourni aux Ukrainiens 230 chars de combat et 1550 autres véhicules blindés, a annoncé jeudi le secrétaire général de l'Alliance Jens Stoltenberg.
Certaines armes majeures ne seront cependant pas livrables ni utilisables, formation comprise des soldats devant s'en servir, avant de nombreux mois.
La Russie a de son côté mobilisé des centaines de milliers de réservistes.
Malgré le soutien en première ligne des paramilitaires du groupe Wagner, les forces russes se cassent inlassablement les dents sur Bakhmout, une cité de l'est qu'elles tentent de prendre depuis l'été dernier, la bataille la plus longue et la plus sanglante de cette guerre.
Pour Moscou, il s'agit de brandir une victoire après plusieurs revers humiliants l'an dernier.
Kiev explique sa stratégie de guerre d'usure dans la zone pour limiter au maximum les possibilités pour l'armée russe de poursuivre sa conquête du Donbass, un grand bassin industriel dans la partie orientale de l'Ukraine.
Un vice-Premier ministre russe, Marat Khousnoulline, a affirmé vendredi s'être rendu dans le centre de Bakhmout promettant de «reconstruire» cette cité une fois conquise par Moscou.
(ATS)