Evgueni Prigojine est menacé
Le Kremlin pourrait-il se débarrasser du chef des mercenaires Wagner?

Le patron de Wagner, Evgueni Prigojine, critique de plus en plus vivement le Kremlin. Des analystes de l'Institute for the Study of War estiment qu'il risquerait d'être accusé de trahison s'il décidait de ne plus livrer de mercenaires sur le front.
Publié: 17.05.2023 à 10:12 heures
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Dernière mise à jour: 17.05.2023 à 10:36 heures
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Le chef de Wagner Evgueni Prigojine, qui s'en prend souvent au Kremlin, pourrait être accusé de haute trahison.
Photo: IMAGO/ZUMA Wire
Daniel Kestenholz

Evgueni Prigojine, chef de la troupe de mercenaires Wagner, ne mâche pas ses mots à l’égard du Kremlin, comme le montrent ses accusations et condamnations virulentes de la conduite de la guerre en Ukraine par la Russie. Vladimir Poutine tenterait d’ignorer autant que possible le polémiste. Il en a trop besoin: ce sont les guerriers de ce dernier qui combattent au front. Mais Prigojine serait ouvertement attaqué par d'autres personnes.

Le député vétéran de la Douma et ancien commandant de l’armée Viktor Sobolev exige par exemple une intervention musclée contre la fameuse armée privée d’Evgueni Prigojine. Ce mardi, il a qualifié la troupe de mercenaires d'«organisation armée illégale» et a menacé ses membres de longues peines de prison. «On ne sait pas exactement où le groupe Wagner est enregistré et ce qu’il fait», a tonné Viktor Sobolev. Il aurait aussi averti les soldats qui rejoignent les troupes de Prigojine qu’ils risquaient jusqu’à 15 ans de prison.

Des imprécations réciproques

Evgueni Prigojine n’aurait pas apprécié que ses troupes soient comparées à une organisation terroriste. Indigné, il a insulté Viktor Sobolev et lui aurait demandé de venir au front et de «montrer de quoi il est capable».

En outre, trois paramilitaires masqués de Wagner ont publié une vidéo dans laquelle ils insultent et menacent de manière obscène le politicien et officier de carrière russe.

Voici à peu près ce que contient cette capsule: «Nous sommes des combattants de Bakhmout», affirme l’un d’eux, qui s’identifie comme un conscrit qui a été appelé. Le deuxième homme serait un mercenaire régulier, et le troisième un ancien détenu recruté par le groupe Wagner. «Nous voulons nous adresser au député Viktor Sobolev et lui faire passer un message. Le voici: 'Si tu mets ton nez là-dedans et que la Russie perd la guerre à cause de connards comme toi, nous viendrons te rencontrer sur la place Rouge pour protéger notre peuple. Alors ramène-toi, putain.'»

Evgueni Prigojine, un haut traître?

Malgré les nouvelles accusations selon lesquelles Prigojine aurait voulu révéler des positions russes à l’Ukraine, il est peu probable que le Kremlin tente de destituer le chef de Wagner, estiment les experts de l’Institute for the Study of War. Mais Vladimir Poutine préparerait «probablement des mesures pour discréditer Evgueni Prigojine et l'accuser d'être un traître», affirme l’institut américain spécialisé dans la recherche militaire.

Des fonctionnaires russes auraient déjà dit au chef de Wagner qu'ils l'accuseraient de haute trahison s’il continuait à tenter de faire chanter le ministère de la Défense. Mais Evgueni Prigojine les aurait menacés de se retirer de Bakhmout si ses mercenaires ne recevaient plus de munitions.

L'homme d'affaire dirige une entreprise indépendante et il n’a pas de position officielle au sein du gouvernement russe. Pour le priver la gestion des mercenaires, le Kremlin devrait ironiquement prendre le contrôle des troupes Wagner. Or, Vladimir Poutine s’est toujours efforcé de maintenir une distance formelle avec celles-ci.

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