Après Rome, Berlin et Paris, l'étape britannique de la tournée européenne de Volodymyr Zelensky intervient au moment où l'armée ukrainienne revendique «le premier succès» de son assaut autour de Bakhmout, une ville de l'est épicentre des combats depuis plusieurs mois et aujourd'hui en majeure partie contrôlée par les Russes.
À l'inverse, la Russie dit de son côté avancer au sein même de cette cité, qu'elle tente inlassablement de conquérir depuis l'été dernier, au prix de pertes importantes et sans succès à l'heure actuelle.
Kiev a «besoin de plus de temps»
Mais le moment de la contre-offensive, annoncée comme imminente, n'est pas encore venu, a tempéré Volodymyr Zelensky, confirmant «préparer» des actions mais répétant que Kiev avait «besoin de plus de temps».
«C'est une période difficile», a-t-il reconnu après avoir été reçu par Rishi Sunak dans la très bucolique résidence de campagne des Premiers ministres britanniques de Chequers, au nord-ouest de Londres.
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Rappel de la réalité des combats: des frappes ont de nouveau fait des victimes civiles, quatre morts à Avdiïvka, une localité située sur la ligne de front proche de Donetsk, et deux autres dans un village de la région de Kharkiv frontalière de la Russie, selon les autorités régionales.
À Lougansk, un des bastions des séparatistes prorusses, une explosion a fait sept blessés, dont le ministre de l'Intérieur de l'administration loyale à Moscou, Igor Kornet.
Tournée en Europe
Pour obtenir plus d'armes et d'équipements militaires, le président Zelensky effectue une tournée dans plusieurs capitales européennes, avant une semaine diplomatique chargée avec les sommets du Conseil de l'Europe, mardi à Reykjavik, puis des puissances du G7, à Hiroshima (Jap) du 19 au 21 mai.
Au Royaume-Uni, le gouvernement a promis la livraison à Kiev, «dans les prochains mois», de «centaines» de missiles antiaériens et de drones d'attaque de longue portée (200 kilomètres). Ces derniers s'ajouteront aux missiles de croisière Storm Shadow promis la semaine dernière par Londres, une première pour ce type d'armement que l'Ukraine réclamait depuis des mois pour atteindre des objectifs loin derrière la ligne de front. L'armée russe a déjà affirmé avoir abattu un de ces engins.
Bataille dialectique entre Moscou et Londres
Le renforcement de l'aide britannique provoquera «encore plus de destructions» mais n'aura «pas d'impact important sur le déroulement» du conflit, a averti le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
Mais Rishi Sunak a rétorqué que l'aide britannique s'inscrivait sur le long terme, y compris pour «les arrangements de sécurité» nécessaires une fois que l'Ukraine aura repris la partie occupée de son territoire. Il a aussi assuré que Londres jouerait un «rôle-clé» dans la «coalition» que Kiev veut réunir pour lui livrer des avions de combat, jusqu'à présent sans succès.
«Je pense que cela va arriver très prochainement, vous allez être informés de décisions que je pense très importantes», a estimé Volodymyr Zelensky lundi, se disant «très optimiste».
Aucun pays européen ne s'est jusqu'ici avancé à fournir de tels avions à Kiev mais le Royaume-Uni va déjà former dès cet été des pilotes ukrainiens.
Bataillons blindés en approche
Dimanche, M. Zelensky avait reçu à Paris l'engagement réitéré de la France, notamment dans le domaine des blindés légers, particulièrement utiles sur le champ de bataille.
«Dans les semaines à venir, la France formera et équipera plusieurs bataillons avec des dizaines de véhicules blindés et de chars légers, dont des AMX-10 RC», selon une déclaration commune.
À Berlin, malgré ses atermoiements passés, le chancelier allemand, Olaf Scholz, a annoncé un nouveau paquet d'aide militaire à l'Ukraine de 2,7 milliards d'euros, incluant en particulier des dizaines de chars, d'autres blindés, de drones de surveillance et quatre nouveaux systèmes de défense antiaérienne Iris-T.
Visite chinoise à Kiev imminente
Toujours sur le plan diplomatique, l'émissaire chinois Li Hui, le représentant spécial pour les affaires eurasiatiques chargé de discuter du règlement de la situation en Ukraine, se rendra à Kiev mardi et mercredi, a annoncé un haut responsable gouvernemental ukrainien.
La Chine n'a jamais publiquement condamné l'intervention militaire de Moscou en Ukraine, au contraire de la majorité des grandes puissances mondiales.
Le président français Emmanuel Macron a estimé dimanche que la Russie avait «de facto commencé une forme de vassalisation à l'égard de la Chine», ce que le Kremlin a qualifié de «compréhension erronée» des relations entre Moscou et Pékin.
Signe des tensions extrêmes avec les Occidentaux, la Russie a annoncé lundi avoir fait décoller l'un de ses avions pour aller à la rencontre au-dessus de la mer Baltique de deux avions militaires, français et allemand, qu'elle accuse d'avoir voulu «violer la frontière» russe.
(ATS)