Cinq hommes, aucune femme. Jusqu'à présent, la recherche d'un successeur au ministre de l'Intérieur Alain Berset était une affaire exclusivement masculine. Cela pourrait changer dès lundi prochain.
Le délai d'annonce pour les personnes intéressées par la succession de Berset expire le 29 octobre. Jusqu'à présent, il y a cinq candidats officiels. Voici un aperçu.
Bientôt une candidate?
La conseillère d'Etat bernoise et ancienne conseillère nationale Evi Allemann organise une conférence de presse lundi après-midi. On s'attend à ce qu'elle y annonce sa candidature.
Ce serait déjà sa deuxième tentative pour le poste. Evi Allemann avait déjà voulu succéder à Simonetta Sommaruga, mais elle n'avait pas réussi à obtenir le ticket du groupe socialiste, de justesse. Cette année, on estime qu'elle a de bonnes chances d'être désignée par son propre parti.
En tant que conseillère d'Etat bernoise, elle a de l'expérience dans l'exécutif et peut déjà se targuer de plus de deux décennies de politique. Elle a longtemps siégé au Conseil national, où elle était perçue comme une spécialiste de la politique des transports et de la sécurité.
Son plus grand handicap pour accéder à la chambre du Conseil fédéral est son origine. Avec Albert Rösti, un Bernois siège déjà au gouvernement national.
Ils se lancent
Roger Nordmann (50 ans, VD): Le Vaudois siège déjà depuis 2004 au Conseil national, où il fait partie des principaux tireurs de ficelles. Il veut maintenant entrer au Conseil fédéral. Il a annoncé officiellement ses ambitions mercredi à Berne. Comme l'autre siège du PS au Conseil fédéral est déjà occupé par une Romande, la Jurassienne Elisabeth Baume-Schneider, les chances de Nordmann sont considérées comme limitées. Au sein du parti socialiste, il est toutefois considéré comme un poids lourd qui, s'il provoque parfois, sait aussi faire des compromis avec les bourgeois.
Jon Pult (39 ans, GR): Conseiller municipal, député, conseiller national, et maintenant conseiller fédéral? Le conseiller national grison Jon Pult est candidat et a été désigné à l'unanimité par son parti cantonal à l'attention du parti national. Jon Pult n'a que 39 ans et réalise ainsi certainement un rêve de la jeune garde du PS, qui critique le fait que le Conseil fédéral actuel soit trop âgé. En tant que président de l'Initiative des Alpes, ce politicien des transports est également une figure connue dans toute la Suisse. Il est considéré comme un talent politique. Toutefois, il ne siège au Conseil national que depuis 2019. Son origine réduit également ses chances d'être élu: il n'y a pas si longtemps, une Grisonne, Eveline Widmer-Schlumpf, siégeait au gouvernement du pays. La région de Bâle, économiquement forte, attend depuis bien plus longtemps.
Beat Jans (59 ans, BS): Le président du gouvernement bâlois veut devenir conseiller fédéral. «J'exercerais cette fonction avec plaisir et conviction», a déclaré Beat Jans en septembre lors d'une conférence de presse. Il est depuis longtemps pressenti pour succéder à Berset. Beat Jans a encore fait de la politique au Conseil national jusqu'à fin 2020 et n'est donc pas un inconnu pour les parlementaires fédéraux. «La fonction de conseiller fédéral est un défi, mais j'aime les défis», a-t-il notamment expliqué pour justifier sa candidature. Son expérience au sein de l'exécutif cantonal est «particulièrement précieuse» pour la fonction.
Daniel Jositsch (58 ans, ZH): Le conseiller aux États Daniel Jositsch est lui aussi dans la course. Il a annoncé sa candidature lors d'une conférence de presse à Zurich. Il souhaite contribuer à résoudre les grands défis du pays. «J'ai un respect immense pour cette fonction.» Sa candidature n'était un secret pour personne. Il voulait déjà se présenter à la succession de Sommaruga et s'est alors embourbé dans un conflit avec le parti. Cela devrait être un désavantage. Pour de nombreux camarades, la colère n'est pas encore retombée. Mais s'il parvient à figurer sur le ticket PS en tant que candidat officiel, il a des chances d'être élu jusque dans le camp bourgeois. Daniel Jositsch exclut toutefois une candidature sauvage.
Matthias Aebischer (55 ans, BE): On prête depuis longtemps au conseiller national socialiste Matthias Aebischer des ambitions pour le Conseil fédéral. L'ancien homme de télévision s'est montré discret lors de la succession de Sommaruga, mais il sent qu'il a sa chance pour la succession de Berset. C'est pourquoi il monte lui aussi sur le ring. «J'ai beaucoup de respect pour cette tâche, mais j'ai confiance en moi pour cette fonction», a-t-il déclaré lors de l'annonce de sa candidature. «Je suis un joueur d'équipe et j'aimerais mettre cela à profit du Conseil fédéral.» La retenue d'Aebischer lors de la candidature de Sommaruga devrait désormais lui faire gagner quelques points au sein du parti. Il pratique également une politique plutôt modérée, ce qui lui permettrait de gagner des voix dans le camp bourgeois. Son inconvénient est le même qu'Evi Allemann: avec l'UDC Albert Rösti, un Bernois siège déjà au Conseil fédéral.
Ils laissent la porte ouverte
Christian Levrat (52 ans, FR): L'ancien chef du PS et actuel président de la Poste a tout à fait la stature d'un conseiller fédéral. Avec lui, un Fribourgeois succéderait à un Fribourgeois. Selon la composition ticket, il aurait tout à fait ses chances.
Tamara Funiciello (33 ans, BE): La coprésidente des Femmes socialistes envisage de se présenter à la succession d'Alain Berset: «Oui, je réfléchis à une candidature», a-t-elle déclaré au «SonntagsZeitung». C'est une opportunité qui ne se présente pas souvent et il faut l'examiner, a poursuivi l'ancienne présidente de la Jeunesse socialiste. La double nationale suisse et italienne a déclaré vouloir arrêter définitivement sa décision avant la fin de l'été.
Cédric Wermuth (37 ans, AG): Le conseiller national argovien ne s'est pas encore exprimé sur une potentielle candidature. Pour l'instant, il se concentre sur la campagne électorale à venir de son parti. Cédric Wermuth apporterait sans aucun doute l'expérience et le poids politique nécessaires pour se présenter lui-même. Il est également considéré comme un bon orateur et parle très bien le français.
Mattea Meyer (35 ans, ZH): Pour la conseillère nationale zurichoise Mattea Meyer, il en va de même que pour son co-chef de parti Cédric Wermuth: avant une éventuelle candidature au Conseil fédéral, il s'agit de mener le PS avec succès à travers l'automne électoral. Lors de la succession de Sommaruga l'année dernière, elle avait renoncé à une candidature au Conseil fédéral en se référant à sa fonction au sein du parti. Après l'annonce de la démission d'Alain Berset, elle n'a pas donné plus d'informations sur ses ambitions personnelles.
Fabian Molina (32 ans, ZU): Le conseiller national zurichois serait encore un peu jeune pour le Conseil fédéral, mais il ne se désiste pas pour le moment. Interrogé, il explique: «Je suis en vacances d'été à partir de la mi-juillet et je vais y réfléchir tranquillement.»
Ils ont renoncé
Mustafa Atici (53 ans, BS): Le conseiller national bâlois Mustafa Atici a été le premier à annoncer sa candidature. «Oui, je le veux!», avait-il déclaré au média local bâlois «Primenews». Pour lui, il fallait un conseiller fédéral issu de l'immigration. Après l'annonce de la candidature de Beat Jans, un autre Bâlois ayant de bien meilleures chances que lui, il a toutefois retiré sa candidature.
Eva Herzog (61 ans, BS): La conseillère aux Etats bâloise Eva Herzog renonce à une nouvelle candidature au Conseil fédéral. Elle l'a annoncé sur X (anciennement Twitter). Elle souhaite se concentrer sur son mandat de présidente du Conseil des Etats. Eva Herzog est actuellement première vice-présidente et présidera la petite chambre au cours de la prochaine année administrative. L'année dernière, lors de l'élection de remplacement de Simonetta Sommaruga, la Bâloise a été battue de justesse par l'actuelle cheffe du Département fédéral de la justice, Elisabeth Baume-Schneider.
Min Li Marti (49 ans, ZH): La conseillère nationale Min Li Marti ne se présentera pas. La Zurichoise a d'abord pensé à une candidature, car un poste exécutif l'attirerait. «Mais plutôt au gouvernement ou au conseil municipal. Pour moi personnellement, l'exposition serait trop grande et la pression sur la famille et les proches trop importante.»
Jean-François Steiert (62 ans, FR): Le conseiller d'État fribourgeois a lui aussi réfléchi à une candidature. Outre la charge de travail liée à la fonction, il estime que ses régions, la Suisse romande et le Plateau, sont déjà suffisamment représentées au Conseil fédéral, comme l'a rapporté «Le Temps». Il espère que cette élection donnera naissance à une nouvelle génération de politiciens PS.
Priska Seiler Graf (55 ans, ZH): La conseillère nationale zurichoise Priska Seiler Graf se retire de la course à la succession de Berset. Elle renonce pour des raisons personnelles, comme l'a confirmé la coprésidente du PS zurichois à la suite d'un article paru dans le «SonntagsZeitung». «Être au Conseil fédéral est sans aucun doute une tâche très intéressante et pleine de défis, mais mes libertés personnelles sont plus importantes pour moi», a-t-elle déclaré à l'ATS.
Samira Marti (29 ans, BS): Une candidature de la conseillère nationale Samira Marti était une option plausible pour la région de Bâle. Toutefois, elle prendra la présidence du groupe socialiste au Parlement avec le conseiller national Samuel Bendahan en septembre. L'élection n'est donc plus une possibilité. De plus, Samira Marti s'est officiellement désistée, car elle dirigera le processus de candidature avec sa collègue du Conseil national Nadine Masshardt, comme elle l'a expliqué à Blick.
Nadine Masshardt (38 ans, BE): Déjà lors de la succession de Simonetta Sommaruga, la conseillère nationale Nadine Masshardt avait été pressentie comme candidate potentielle, mais elle a rapidement renoncé. Elle devrait plutôt se tenir prête à occuper un poste au sein du gouvernement bernois. Interrogée par Blick sur une candidature, elle a déclaré avant les vacances d'été: «Je vais maintenant faire une évaluation de la situation en toute tranquillité pendant l'été». C'est désormais chose faite. Elle aussi se désiste et sera responsable, avec Samira Marti, du processus de candidature, comme elle l'a confirmé à Blick.
Pierre-Yves Maillard (55 ans, VD): Le président de l'Union syndicale suisse (USS), ancien conseiller d'Etat et actuel conseiller national vaudois Pierre-Yves Maillard est un poids lourd en politique. Il était déjà dans la course au Conseil fédéral en 2011 et avait alors perdu contre Alain Berset. Cet automne, il se présentera avec de bonnes chances au Conseil des Etats. Mais il ne sera pas candidat au Conseil fédéral, a-t-il déclaré dans une interview au «Tages-Anzeiger».
Flavia Wasserfallen (44 ans, BE): La conseillère nationale bernoise Flavia Wasserfallen était également considérée comme une candidate au Conseil fédéral. Lors de la succession de Simonetta Sommaruga, elle avait décidé de ne pas se présenter. Elle était arrivée à la conclusion que le pas vers une candidature ne lui convenait pas «à l'heure actuelle». Cette fois encore, elle ne sera pas en lice, comme elle l'a annoncé mercredi sur son site Internet. Elle se présente au Conseil des Etats pour défendre le siège du sortant bernois Hans Stöckli.