Plus de caméras que pour Matthias Aebischer, plus de microphones que pour Daniel Josistsch... et plus de journalistes que la salle ne peut en accueillir. Pas de doute, c'est bien le favori du Parti Socialiste (PS) qui va faire son entrée pour aborder la course à la succession du conseiller Alain Berset. Beat Jans apparaît enfin, et confirme: «Je me présente au Conseil fédéral.»
Avec lui, quatre hommes de plus de 50 ans représentent les socialistes. Beat Jans semble le plus jeune mais est en réalité le plus âgé, du haut de ses 59 ans. S'il est élu, il atteindra l'âge de la retraite peu après son premier mandat.
Combien de temps aurait-il l'intention de rester? «Je n'arrêterai pas avant d'avoir commencé», répond Beat Jans en riant à la question des journalistes. Il est en forme et se sent prêt.
Une culture plus jeune
De plus, ajoute le nouveau candidat, il sait très bien ce qui engage les jeunes. Il a deux filles adolescentes à la maison. En tant que ministre de la Culture, il s'engage à rajeunir cette dernière. Lui-même joue de la batterie et écoute le rappeur bâlois Black Tiger pendant son temps libre.
Jans, Jositsch, Aebischer et le quatrième membre de l'alliance – le Bâlois Mustafa Atici: aucun d'eux ne parvient à enthousiasmer les nombreux ex-jeunes socialistes, qui font désormais de la politique à Berne. La Jeunesse Socialiste (JS) ne veut pas d'un Conseil fédéral «composé de préretraités», comme le proclame l'un de ses membres.
La Jeunesse Socialiste désapprouve
Tamara Funiciello, ex-chef de la JS, renchérit: «Je trouverais important que le groupe nomme une personne plus jeune». Selon elle, la moyenne d'âge au Conseil fédéral est actuellement de plus de 60 ans. «Ce n'est pas représentatif de la population suisse.»
Fabian Molina, lui aussi ancien chef de la JS, déplore: «Après la démission d'Alain Berset, Albert Rösti est, à 56 ans, le plus jeune conseiller fédéral. Deux générations entières ne sont pas représentées au Conseil fédéral.»
Comme pour prouver que jeunesse et compétence ne s'excluent pas, Fabian Molina fait référence au ministre de la Santé Berset. Celui-ci avait 39 ans lors de son élection. «Il est devenu un excellent conseiller fédéral», appuie l'ex-chef de la JS.
Jeunes politiciens à des postes clés
Avec sa prise de position, la Jeunesse Socialiste prépare le terrain pour un candidat issu de ses propres rangs. Car outre les deux anciens chefs de la JS, d'autres membres éminents songent à une candidature: le coprésident du parti Cédric Wermuth, la coprésidente Mattea Meyer et le Grison Jon Pult envisagent eux aussi cette possibilité.
Les ambitions de l'aile de la JS ne sont pas le fruit du hasard. Ces dernières années, les jeunes politiciens issus de ses rangs ont occupé plusieurs postes clés. Non seulement ils dirigent le parti, mais ils occupent également le poste de co-chef de groupe avec Samira Marti, ex-candidate à la présidence de la JS.
Jositsch impopulaire
Il est clair que l'élection de Daniel Jositsch ne serait pas très bien accueillie dans leurs rangs. Son comportement lors de la dernière élection au Conseil fédéral – alors qu'il avait accepté d'être élu aux dépens d'une femme – ne lui a pas été pardonné.
Toutefois, le groupe parlementaire de la JS est loin de représenter la majorité des politiciens du PS. Et il y a donc chez les camarades de nombreuses voix qui ne voient pas dans l'âge le critère décisif pour une candidature réussie au Conseil fédéral.
La conseillère nationale Priska Seiler Graf, par exemple, déclare: «Pour moi, il est plus important que la personne se prête à cette fonction et qu'elle ait les compétences nécessaires.» De plus, elle estime qu'il n'est pas rédhibitoire de disposer d'une certaine expérience de la vie. En tant que présidente du parti zurichois, elle soutient la candidature de Jositsch.
Reste également à savoir si le Parlement voterait pour un jeune candidat issu de la Jeunesse Socialiste. L'enthousiasme des conseillers aux Etats, principalement âgés et conservateurs, sera probablement être très limité. Et au Conseil national aussi, il existe un certain scepticisme. L'élection d'Elisabeth Baume-Schneider a bien montré que de nombreuses considérations entraient en jeu lors de l'élection du Conseil fédéral.
Des hommes déstabilisés
La question des femmes, en revanche, joue cette fois un rôle secondaire. Certes, les femmes du PS appellent leurs collègues féminines à se porter candidates. Outre Mattea Meyer, on parle aussi de la conseillère d'Etat bernoise Evi Allemann, qui s'était déjà mise en lice pour la succession de Simonetta Sommaruga. On ne sait toutefois pas si elles se présenteront réellement.
Le PS a plutôt de bonnes raisons de miser cette fois-ci sur des hommes. Parmi ces raisons, le fait que le parti soit de plus en plus perçu comme un parti de femmes. Si les socialistes ne présentent que des femmes au Conseil fédéral, cela pourrait dissuader les politiciens et les électeurs du PS. En effet, certains d'entre eux pourraient penser que les hommes ont peu de chances d'accéder aux plus hautes fonctions dans ce parti.
Le jeune politicien Fabian Molina résume ces réflexions lorsqu'il dit que «le PS est un parti pour tous». En d'autres termes, un parti pour les femmes ET les hommes.
La question de savoir s'il est aussi un parti pour les jeunes conseillers fédéraux devrait se poser lors de la nomination. Beat Jans n'est pas facile à battre, malgré son âge.