Les candidats à la succession d'Alain Berset sortent du bois. Lundi, juste avant que Blick n'apprenne que le Vaudois Roger Nordmann devrait déclarer ses ambitions ce mercredi, c'était au tour du conseiller national Jon Pult, 38 ans, d'annoncer officiellement son intérêt pour le siège bientôt vacant.
Dans une interview accordée à Blick, le Grison explique pourquoi il veut entrer au Conseil fédéral. Pour ce trilingue, peu importe son manque d'expérience. Quand une opportunité se présente, il faut la saisir. Interview.
Jon Pult, qu'est-ce qui vous prédestine à devenir conseiller fédéral?
Je veux être le représentant d'une jeune génération. J'apporte mon expérience politique et professionnelle à cette fin. Je suis le représentant de la diversité, je porte en moi trois langues. Je crois que je peux y parvenir. Et je crois que je peux apporter quelque chose de bien à ce pays. Voilà pourquoi je me présente. Et si cela ne marche pas, tant pis.
Vous considérez-vous comme alémanique ou comme latin?
Je parlais italien avec ma mère et romanche avec mon père. Ensuite, à l'école, je n'ai pratiquement plus que parlé l'allemand. Aujourd'hui, la langue dans laquelle je travaille principalement est l'allemand, mais je continue de rêver en trois langues.
Vous ne siégez au Parlement que depuis quatre ans. Vous n'avez donc pas beaucoup d'expérience au sein de la Berne fédérale.
Je ne peux pas le nier. Je plaide pour qu'on me donne une chance. Je veux représenter la jeune génération au Conseil fédéral. C'est le bon moment pour se présenter. Pour moi, être un politicien qui aspirerait à occuper ce poste, mais qui ne se présenterait pas aujourd'hui, n'est pas vraiment envisageable. Dans un tel cas, je devrais alors espérer pendant des années qu'une nouvelle occasion se présente. Et je ne pourrais jamais me libérer du monde politique.
Vous voulez rajeunir le Conseil fédéral. Mais la jeunesse n'est pas en soi un critère de qualité. Que pouvez-vous faire de mieux que les politiciens socialistes plus expérimentés qui ont également annoncé leur candidature?
Je ne sais pas si je peux faire quelque chose de mieux. Mais j'ai une autre perspective sur la vie. Quand on a 40 ou 60 ans, on vit dans une réalité différente. Il est dans l'intérêt de la Suisse que le Conseil fédéral compte aussi quelqu'un de la jeune génération.
Vous n'avez guère d'expérience en matière de leadership, pourquoi pensez-vous être à la hauteur de la tâche?
Pour moi, il est plus important de savoir quelle vision l'on apporte. Lorsque j'ai pris mes modestes fonctions de direction, j'ai toujours pratiqué le management participatif. Je pense qu'il faut donner de l'espace aux collaborateurs, leur faire confiance, et être ouvert à l'innovation. Mais quand les choses se corsent, il faut être présent et prendre ses responsabilités, c'est ainsi que je conçois le leadership.
Actuellement, il manque au Conseil fédéral un ou une représentante de la population urbaine. Vous, vous venez de la montagne.
Je suis un citadin, je tiens à rappeler à tous que Coire est une ville. Mais j'ai mes racines dans les régions montagneuses, en effet. C'est justement parce que je connais bien ces deux univers et que je les porte en moi que je crois pouvoir représenter la cohésion entre ces mondes et de nombreuses autres réalités de notre pays. Par exemple, j'ai déjà essayé d'expliquer lors d'une table ronde en Basse-Engadine pourquoi le loup est bénéfique pour l'écosystème et la forêt. En parallèle, j'ai exposé à Zurich dans le Kreis 4 (ndlr: le 4e arrondissement de la ville, un quartier branché) pourquoi la présence de trop de loups représente un problème pour l'agriculture. Je peux faire le pont entre ces différentes réalités.
Il est frappant de constater que jusqu'à présent, aucune femme n'a officiellement annoncé sa candidature pour le siège d'Alain Berset. Qu'en pensez-vous?
Je serais ravi si une femme se présentait. Mais ce n'est pas à moi de décider. Ce serait certainement une bonne chose pour le Parti socialiste qu'une femme se présente.
Vous qualifieriez-vous de féministe?
Oui.
Vous avez la double nationalité. Si vous devenez conseiller fédéral, conserveriez-vous votre passeport italien?
Je suis né avec la double nationalité et j'ai bien l'intention de mourir comme tel. Mais en tant que conseiller fédéral, je m'engagerais à 100% pour la Suisse.