On pensait que l’élection d’Elisabeth Baume-Schneider avait coupé l’appétit des socialistes romands pour le Conseil fédéral. Dès lors que l’enjouée Jurassienne remplaçait la Bernoise Simonetta Sommaruga au gouvernement à la fin de l’année dernière, il était en effet clair que la personne amenée à succéder à Alain Berset ne pouvait être qu’alémanique. Question de représentativité et de paix des ménages.
Ainsi, jusqu’à présent, toutes les personnes qui ont manifesté leurs ambitions pour le gouvernement viennent d’outre-Sarine. Il s’agit du sénateur zurichois Daniel Jositsch, du conseiller national bernois Matthias Aebischer, du conseiller d’Etat bâlois Beat Jans et du conseiller national grison Jon Pult. Mais l’ombre d’un Romand se profile à l’horizon.
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Blick a appris de plusieurs sources internes au Parti socialiste (PS) que le conseiller national vaudois Roger Nordmann a prévu de déclarer ses ambitions cette semaine. «Roger va se lancer mercredi», précise même l’un de ses camarades, finalement peu étonné que ce dinosaure de la politique — il siège au Conseil national depuis 2004 — ne laisse pas l’élection d’Elisabeth Baume-Schneider freiner une ambition nourrie de longue date.
Fort en politique et en gueule
Grand connaisseur des questions énergétiques, politicien pointu et respecté, fin stratège, Roger Nordmann est sans conteste l’un des rares Romands qui comptent à Berne. Orateur sans génie, il maîtrise néanmoins l’allemand, ce qui lui a permis de devenir chef du groupe socialiste aux Chambres fédérales en 2015. Un mandat qu’il vient de remettre après avoir été nommé par les siens pour siéger à la Commission d’enquête parlementaire (CEP) sur le rachat de Credit Suisse par l’UBS, une autre démonstration de la confiance dont il bénéficie sous la Coupole fédérale.
Roger Nordmann est également un fort en gueule, qui recule rarement devant une provocation, fût-elle peu compatible avec le ton généralement employé par les conseillers fédéraux. Ainsi avait-il qualifié les circonstances du rachat de Credit Suisse de «honte pour la Suisse», appelant avec succès à la création de la CEP qu’il vient de rejoindre. Ce même Nordmann avait créé beaucoup d’émoi, en mai dernier, lorsqu’il avait qualifié «d’alliance du fric et du fumier» les représentants financiers et paysans au Conseil des Etats.
L’espoir d’un chaos
Quelles sont les chances réelles de Roger Nordmann? Sur le papier, celles-ci sont très faibles, ce d’autant plus que la délégation socialiste dispose de candidatures solides outre-Sarine. Dès, lors, pourquoi se lancer? «Roger Nordmann pense que les Alémaniques vont se déchirer au moment de constituer le ticket et que le chaos, ainsi que son côté rassembleur, pourraient lui bénéficier», analyse ce socialiste, qui doute toutefois que ce scénario soit crédible, même s’il estime que le Lausannois ferait un bon conseiller fédéral.
Profiter du chaos? Il faut rappeler que c’est notamment ce qui avait permis à Roger Nordmann de présider le groupe socialiste. «C’est vrai, mais cette fois-ci, ça sera plus difficile, nous glisse un membre du PS actif à Berne. Les délégués veulent non seulement un Alémanique, mais également un regard neuf, ce qui n’est pas le cas de quelqu’un qui a 50 ans et qui est élu depuis bientôt 20 ans.»
Contacté, Romain Pilloud, le président du Parti socialiste vaudois, n’a pas voulu faire de commentaire. Roger Nordmann a répondu à notre appel, mais il n’avait pas le temps de commenter nos informations.