Le chef du groupe parlementaire PS, Roger Nordmann, ne décolère pas. Face à la solution trouvée pour sauver Credit Suisse, grande banque helvétique considérée comme «too big to fail», le Vaudois utilise des mots on ne peut plus clairs. «C'est une honte pour la Suisse - et un risque énorme pour le contribuable», tonne-t-il lorsque Blick l'interroge sur le sauvetage de CS.
La situation doit être réglée politiquement. Mais pour ce faire, il n'y a qu'une seule voie: il faut absolument mettre sur pied d'urgence une commission d'enquête parlementaire (CEP), assure le Vaudois. «La manière dont l'affaire Credit Suisse a été géré frise le crime organisé», assène-t-il encore.
Le coprésident du PS Cédric Wermuth est lui aussi extrêmement mécontent, et ne le cache pas. Il écrit sur Twitter que rien n'a changé depuis la crise financière de 2008. «Rien du tout! L'ensemble du système financier est malade et absurde», fulmine-t-il.
«Et maintenant, l'État peut à nouveau sauver tous ceux qui ont toujours clamé haut et fort à quel point ils étaient de grands chefs d'entreprise. C'est sacrément frustrant et moche», conclut-il.
Sur le rachat de Credit Suisse
«Une honte pour la Suisse»
Du côté des partis bourgeois, on n'est pas beaucoup plus satisfait de la façon dont la Confédération a géré le dossier. L'UDC et le PLR se battent depuis belle lurette contre tous les projets visant à renforcer la surveillance.
Du côté libéral-radical, le parti admet que la reprise de Credit Suisse était devenue nécessaire afin d'éviter de gros dommages pour la place financière et économique suisse. Mais le président, Thierry Burkart, n'apprécie pas la manière dont cette reprise a été réalisée. «Une honte pour la Suisse», gifle-t-il. La réglementation de la place financière doit être examinée et, le cas échéant, remaniée. Une réglementation des marchés financiers qui ne fonctionne qu'en théorie ne sert à rien, assène le PLR.
Le chef du groupe parlementaire du Centre, Philipp Matthias Bregy, se plaint également de la situation. Il a exprimé son grand regret que la grande banque n'ait pas été en mesure de rétablir la confiance des investisseurs par elle-même. «Le Conseil fédéral, la Banque nationale et l'Autorité de surveillance des marchés financiers ont manifestement pris, avec les responsables d'UBS, la meilleure des mauvaises solutions», soupire le Valaisan. Mais selon lui, cette intervention était malheureusement devenue nécessaire pour stabiliser la confiance des marchés financiers et protéger notre économie nationale, confie-t-il à Blick.
«Culture de l'irresponsabilité»
Qu'en est-il des risques? Avec cette reprise, une nouvelle banque très importante et d'importance systémique verra le jour en Suisse. Ce changement de paradigme soulève donc des questions qui nécessitent des réponses politiques, poursuit le politicien du Centre. Il s'agit notamment de revoir les réglementations, car un capital propre faible crée par exemple de mauvaises incitations. En outre, il faudrait examiner d'un œil critique les activités bancaires d'investissement à l'étranger.
Le président des Vert-e-s, Balthasar Glättli, revient quant à lui sur les raisons de la débâcle. Pour lui, c'est bien clair: une «culture de l'irresponsabilité» est à blâmer. Le Parlement a manqué l'occasion de mettre en place une législation «too big to fail» qui fonctionnerait en cas de crise. Le système a maintenant accouché d'un monstre.
Moins mauvaise solution
La reprise de Credit Suisse est probablement la moins mauvaise solution, tempèrent les Vert'libéraux. Le parti critique toutefois dans un communiqué le fait que les risques n'aient pas été identifiés plus tôt. Les responsables? L'autorité de surveillance des marchés financiers, la Banque nationale, le Conseil fédéral et, bien sûr, CS lui-même.
Pour l'UDC, la crise de Credit Suisse est la conséquence d'une «mauvaise gestion et du copinage PLR». Les Suissesses et les Suisses doivent répondre de ces erreurs avec des milliards de biens publics, écrit l'UDC. Le parti agrarien n'a pas non plus apprécié l'action précipitée du Conseil fédéral. Il met en garde contre le fait que l'UBS pourrait devenir le prochain cas d'assainissement dangereux.