Au lieu de l'or habituel, cette fois c'est le bronze. La bonne réputation de Migros n'est plus un acquis, comme le montre le rapport annuel de réputation de GfK, publié il y a quelques jours. Le géant orange a «perdu en particulier l'estime sociale et morale», concluent les enquêteurs de GfK. Et glisse à la troisième place, ce qui lui permet tout de même de rester sur le podium.
Sur Migros et ses filliales
Mais ce n'est pas tout. Migros doit encore amortir 15 millions de francs en rapport avec le jongleur financier René Benko et son groupe Signa. Une broutille comparée à la méga correction de valeur que Migros vient de rendre publique pour l'année 2023: un demi-milliard de francs! La majorité de cette somme concerne des biens immobiliers, des participations et des projets informatiques. Il n'y a pas de détails à ce sujet.
Le grand distributeur n'est pas habitué à des amortissements de ce type. «Migros n'a encore jamais fait de pertes. C'est le pire résultat depuis 1985», déclare le patron de Migros, Mario Irminger. Conséquence de la méga-réduction de valeur: Le bénéfice s'effondre de 62% pour atteindre 175 millions de francs. L'année précédente, le bénéfice s'élevait à 459 millions.
La Banque Migros sauvée des chiffres rouges
Sans la Banque Migros, qui a contribué à hauteur de 313 millions de francs au résultat du groupe, Migros aurait affiché des chiffres rouges. On ne peut pas imaginer ce qui se serait passé sans la filiale financière. Mais il n'est pas question d'un naufrage de Migros, comme l'évoquent certains médias financiers.
Mario Irminger précise pour la énième fois au cours des douze derniers mois que l'empire orange est financièrement sain malgré la chute des bénéfices et qu'il n'est pratiquement pas financé par des fonds étrangers.
Migros a perdu son élan
Mais Irminger ne peut pas le nier: son entreprise n'a pas le vent en poupe, Migros a perdu son élan. Lorsque l'enquête d'opinion GfK a été lancée, les collaborateurs Migros et la population ont appris le méga démantèlement. Le 2 février, Migros a mis en vente Hotelplan, SportX, Mibelle et Melectronics. Depuis, ces filiales cherchent un repreneur. Elles n'ont plus leur place dans l'univers Migros.
Mardi, le chef du géant ne pouvait pas donner de nouvelles sur l'état des ventes, même si les 8000 employés concernés l'espéraient. Ce qui devrait fortement contrarier le patron de Migros est que la solution socialement acceptable pour Hotelplan, l'icône de Dutti, prend particulièrement du temps. Et c'est un temps précieux qui s'écoule, alors que le rival Coop a clairement le momentum de son côté.
Pas de restructuration chez Coop
Le CEO de Coop Philipp Wyss n'a pas tenu sa conférence de presse de bilan dans une salle de conférence sans fenêtres comme Migros. Au contraire, à la mi-février, il a présenté les chiffres de l'entreprise dans le Coop-Megastore d'Oberwil (BL), fier et rayonnant, devant des clients de supermarché ébahis.
Certes, Coop a également chuté dans le classement de réputation (de la 7e à la 8e place). Mais à part cela, tout va très bien pour Philipp Wyss. Il n'est pas question d'une grande restructuration et ses parts de marché ont augmenté.
Migros vs. Coop
Migros contre Coop. Ensemble, les deux géants et leurs innombrables entreprises dominent environ 80% du commerce de détail suisse. Simple comparaison: en ce qui concerne le nombre total de collaborateurs, Migros passe derrière Coop après les suppressions de postes.
En Suisse, Migros reste toutefois le plus grand employeur privé. Mais là aussi, Coop peut gagner du terrain. Car Bike World, Do it + Garden, Obi et Micasa sont sur la sellette. «Dans les marchés spécialisés, nous enregistrons des pertes qui sont substantielles et qui réduisent notre capacité de rendement», avoue Mario Irminger. Il promet de communiquer les décisions à prendre en été.
Migros a encore une légère avance sur le chiffre d'affaires des supermarchés. Pour le chiffre d'affaires total, Coop a dépassé sa rivale. Lorsque les quatre ventes seront terminées, l'écart se creusera encore de 3 milliards de francs.
Toujours est-il que Mario Irminger ne s'attend plus à d'autres corrections de valeur importantes à l'avenir. «Cet assainissement était nécessaire et c'est un événement unique.» On ne veut pas se retrouver dans trois à cinq ans à la même place qu'aujourd'hui. La question est de savoir s'il faudra trois à cinq ans pour que Migros retrouve son rythme de croisière.