Dans le duel entre le syndicat Unia et les partenaires sociaux de Migros, qui aura le dernier mot? Les employés de Micarna à Écublens (VD) ont choisi le syndicat pour les représenter, eux qui ont entamé jeudi 29 février une grève pour protester contre la fermeture du site, annoncée pour le printemps 2025. Il est prévu que leurs 84 postes soient supprimés.
Problème: Le géant orange ne souhaite pas négocier avec les représentants du syndicat. Micarna et Migros Industrie auraient, selon Unia, refusé toutes les propositions de dialogue depuis l'annonce de la fermeture du site.
Venu en soutien des employés, le syndicat exige que la direction s'assoie à la table des négociations. Pour la maison-mère du producteur de viande et de volaille, les discussions ont bien eu lieu, mais avec d'autres partenaires sociaux.
Unia, pas un partenaire social de Migros
Migros a pris position: «Unia n'est pas un partenaire social de Migros et n'est donc pas pertinent pour nos négociations», assène la porte-parole Carmen Hefti. Pour représenter ses employés, Migros cite successivement la Société suisse des employés de commerce (SEC Suisse), l'Association du personnel de la boucherie et la Commission nationale du groupe Migros (LAKO), avec lesquelles le géant orange travaille «depuis de nombreuses années».
Mais voilà: Unia reproche à la direction de Micarna d'avoir «violé les dispositions légales» concernant l'annonce des licenciements collectifs. Selon le syndicat, à l'annonce de la fermeture du site, aucune proposition de restructuration n'a été faite au préalable auprès des autorités cantonales vaudoises et aucune consultation du personnel concerné n'a été organisée.
Le personnel s'estime malmené
Unia déplore par ailleurs que Migros ne reconnaît pas les mandats donnés par son personnel aux syndicats. S'agissant des conditions de travail, Unia observe en outre que «le personnel ne sait pas à quelle heure se termine le travail, et que des journées atteignent jusqu'à 14 heures d'affilée».
De leur côté, les employés dénoncent «l'attitude de blocage» de la direction et exigent que cette dernière entame «les négociations urgentes qui s'imposent». L'entreprise de grande distribution répond avoir «bien entendu» échangé avec ses partenaires sociaux: «Pour le cas d'Écublens, nous avons négocié un plan social avec nos partenaires sociaux, qui sera appliqué.»
Une employée en grève de Micarna, que Blick a interviewée, dénonce encore le fait que les termes du plan social ne sont pas parvenus en employés par écrit. Ils n'ont donc pas pu les consulter. Elle estime aussi que les promesses de réemploi dans d'autres filiales de Migros ne sont pas suffisamment solides.
De meilleures conditions pour l'avenir?
Dans ce «partenariat social fort et de longue date», la communication de Migros assure que pour ce qui est des conventions collectives de travail, des salaires et des plans sociaux, «toutes les négociations sont toujours menées de manière très constructive, dans le respect et avec une grande considération pour notre personnel».
Le groupe Migros dispose actuellement de cinq usines dédiées à la transformation de viande fraîche. Il avait expliqué deux semaines plus tôt que selon une analyse, des sites comme Courtepin (FR) ou Schönbühl (BE) offraient de meilleures conditions pour l'avenir que celui d'Écublens.
(Avec ATS)