Un expert analyse
Migros explique sa restructuration avec de fausses promesses?

En pleine restructuration, Migros procède à des coupes claires. L'entreprise se défend en affirmant qu'avec la recherche actuelle de personnel qualifié, ses futurs ex-employés n'auront aucun mal à trouver du travail. Promesses fallacieuses? Un expert analyse.
Publié: 03.02.2024 à 16:14 heures
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Dernière mise à jour: 03.02.2024 à 16:25 heures
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Migros fait des transformations.
Photo: imago images/Geisser
Sarah Frattaroli

Migros est le plus grand employeur privé du pays – et la suppression de 1500 postes est loin d'être une sinécure pour le marché du travail suisse. Qu'une entreprise supprime quelques centaines d'emplois, cela arrive de temps en temps, mais plus de mille? C'est rare et cela ne se produit que tous les deux ans. Dans le cadre de la chute de Credit Suisse, par exemple. Ou dans le cadre d'une restructuration massive chez le poids lourd de l'industrie pharmaceutique Novartis au cours des dernières années.

«Chez Migros, les suppressions d'emplois effectives pourraient même être nettement plus importantes au final», prévient Pascal Scheiwiller. Il est PDG de la société de replacement externe von Rundstedt, qui aide les employés à trouver un emploi après leur limogeage. Les licenciements collectifs sont sa spécialité.

«Restructurer et optimiser»

Les 1500 postes seront supprimés dans la superstructure de Migros. Dans les services informatiques ou logistiques par exemple, dont le groupe n'aura plus besoin une fois que Melectronics, Hotelplan, SportX et Mibelle auront été cédés. Personne ne sait encore combien de postes supplémentaires seront supprimés dans le domaine de la vente. Ce qui est sûr, c'est que «là aussi, cela ne se fera pas sans restructuration», prédit Pascal Scheiwiller. «Si je rachète une entreprise et l'intègre dans mon activité existante, il y aura des recoupements, il faut restructurer et optimiser les choses.»

Les quatre marques mises en vente emploient 6500 personnes, elles aussi confrontées à un avenir incertain. Le fait que – malgré le ralentissement conjoncturel – il y ait une pénurie de personnel qualifié n'aide pas non plus: «En général, les personnes ayant un profil commercial général ainsi que les profils de direction ont des difficultés à trouver un emploi», explique Pascal Scheiwiller. Celles travaillant dans les domaines de l'informatique, du contrôle de gestion et des finances ont de meilleures cartes en main.

Migros ferait-elle de fausses promesses?

Face à l'incertitude, de nombreux employés vont déjà commencer à parcourir les portails d'emploi. Ceux qui ont un profil recherché oseront sûrement partir. Au final, ce sont ceux qui rencontraient déjà des difficultés sur le marché du travail qui seront touchés par les licenciements.

Migros promet d'aider les personnes concernées dans leur recherche d'emploi. Et mentionne qu'elle a actuellement 1400 postes à pourvoir, «les travailleurs et les spécialistes sont très recherchés partout». Un argument fallacieux qui suggère un jeu à somme presque nulle entre les 1500 postes à supprimer et les 1400 postes mis au concours. «L'expérience montre que la mobilité interne ne fonctionne pas bien en cas de suppressions de postes structurelles, ce sont tout au plus des cas isolés», révèle Pascal Scheiwiller.

Le syndicat Unia est également indigné par les suppressions annoncées. Selon Unia, il s'agit de «la plus grande vague de licenciements dans l'histoire de Migros».

Pascal Scheiwiller prend toutefois la défense du géant orange: «Migros fait ce qu'il faut sur le plan stratégique. L'entreprise est connue pour être un employeur social et ne laisse pas tomber les gens en cas de licenciement.» Pour les personnes concernées, les mois à venir s'apparenteront néanmoins à une longue période d'inquiétude.

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