Migros s'attaque à la plus grande restructuration de son histoire. Le plus important employeur privé de Suisse, dont les effectifs comptent plus de 100'000 personnes, se sépare de filiales très appréciées. Seront vendus le groupe de voyage Hotelplan, le magasin de sport SportX, la chaîne Melectronics ainsi que l'entreprise industrielle Mibelle (produit de rinçage «Handy», ligne «I am»).
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Les employés ont été informés de ces bouleversements vendredi matin à 9 heures. «Nous avons passé au crible l'ensemble du portefeuille de notre groupe», a déclaré le patron de Migros Mario Irminger à Blick. Il s'est avéré que le groupe Dutti n'était plus le propriétaire approprié. «Les différentes filiales ont de meilleures chances de succès en dehors de Migros.»
Il n'existe pas de liste des potentiels intéressés à racheter les enseignes, et aucun entretien de pré-vente n'a encore été mené. Blick met en lumière ce qui va changer pour les employés et les clients.
Pourquoi ce coup de théâtre?
Migros est comparable à un mastodonte. Trop grand, trop peu mobile, bloqué dans des domaines qui ne sont plus rentables. Les discounters Aldi et Lidl, mais aussi le grand distributeur rival Coop, ont beau jeu de prendre des parts de marché à Migros, c'est-à-dire de lui voler sa clientèle.
Migros perd des chiffres d'affaires, et ses enseignes spécialisées avec leurs immenses surfaces de vente ne sont plus rentables. Réagir rapidement, par exemple aux transferts vers le marché en ligne en pleine croissance, n'a pas suffi. Migros a donc décidé de se concentrer sur son activité principale avec les supermarchés, sur la santé et les services financiers.
Qui doit trembler chez Migros?
Ce qui n'est pas rentable ou ne correspond plus à la stratégie sera éliminé. Mario Irminger parle d'une «césure». Selon la présidente de l'administration de la Fédération des coopératives Migros (FCM) Ursula Nold, 6500 employés sont concernés par la vente des quatre filiales de Migros.
On peut donc espérer que les nouveaux propriétaires reprennent à chaque fois le personnel. Le chef de Migros insiste-t-il sur une garantie d'emploi? «Dans la mesure du possible, l'ensemble des groupes comme Hotelplan et Mibelle doivent être repris», dit-il en éludant la question.
D'une manière ou d'une autre, il y aura jusqu'à 1500 suppressions d'emplois à temps plein, en raison de la concentration sur l'activité principale. Exemple: Si SportX est vendu, la logistique mise en place à cet effet ne sera plus nécessaire. De même, les services informatiques ne sont pas nécessaires en double ou en quadruple. Au total, ce sont 8000 collaborateurs qui se font du souci pour leur avenir.
Qu'en est-il du plus grand employeur de Suisse?
Migros s'est déjà mieux portée. Lors de l'examen du portefeuille, on a constaté que des valeurs d'un montant de 500 millions de francs devaient être corrigées. Selon Mario Irminger, les biens immobiliers logistiques et les projets informatiques sont concernés. «Ils présentent une valeur au bilan plus faible et doivent être corrigés.»
Cela se répercute sur le résultat du groupe en 2023, que Migros rendra public en mars. «Mais Migros n'est pas un cas d'assainissement», souligne Mario Irminger. Son entreprise continue d'afficher un bénéfice. Elle est financièrement saine et n'est pratiquement pas financée par des fonds étrangers.
Y aura-t-il d'autres ventes?
Migros veut prendre son temps pour trouver des acheteurs pour ses quatre filiales. La durée n'est pas précisée. La restructuration se poursuit en même temps, car aucun marché spécialisé de Migros n'est numéro 1 dans son domaine en Suisse, selon Mario Irminger.
En outre, les grandes surfaces de vente ont de moins en moins de sens. C'est pourquoi Obi, Micasa, Do it + Garden et Bike World sont également sur la sellette. Le groupe se laisse toutefois toutes les options ouvertes. Migros veut annoncer d'ici l'été ce qu'il adviendra de ces marchés spécialisés. D'autres ventes d'entreprises ne sont pas exclues. Le rival Coop pourrait également entrer en jeu en cas d'intérêt.
Comment les clients Migros ressentent-ils la transformation?
Migros souligne que les ventes ne changent rien pour l'instant, ni pour la clientèle ni pour les collaborateurs. Au contraire: «Migros veut investir plus de huit milliards de francs pour ses clients au cours des cinq prochaines années», annonce Mario Irminger. Cela représente près de 1,5 milliard de francs par an, pour des prix plus bas, de nouveaux concepts de magasins et, comme le dit le chef de Migros, «pour la place industrielle suisse».
Quant aux ventes de Mibelle, Mario Irminger explique que les marques propres comme le liquide vaisselle «Handy» ou les articles de beauté «I am» resteront dans les rayons, même si elles ne sont plus fabriquées par l'industrie Migros, mais par une entreprise externe.