Les éleveurs de porcs sont déçus
Migros réduit ses efforts pour le bien-être animal

Pas de progrès pour le bien-être des animaux: Migros veut acheter à l'avenir de la viande de porc moins respectueuse des animaux. Les éleveurs de porcs déplorent les répercussions qu'ils devront subir.
Publié: 30.01.2024 à 10:27 heures
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Dernière mise à jour: 30.01.2024 à 10:50 heures
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Cette année, Migros veut acheter moins de porcs engraissés selon les normes d'IP-Suisse.
Photo: imago/Rainer Weisflog
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Lea Hartmann

Les éleveurs de porcs ont reçu la semaine dernière un épais courrier de Migros. «Adaptation nécessaire pour 2024», tel est le titre de la lettre. Le détaillant annonce son intention d'acheter cette année 10% de porcs de qualité inférieure selon les normes IP-Suisse.

«Cette nouvelle a surpris tout le monde», explique Raphael Helfenstein de Suisseporcs, l'association suisse des éleveurs et producteurs de porcs. Elle provoque une désillusion chez les agriculteurs. «C'est un mauvais signal pour le bien-être des animaux. Et pour nos agriculteurs et agricultrices, c'est un pas en arrière», déclare Raphael Helfenstein. Il souligne aussi que Migros reste le principal acheteur de porcs sous label en Suisse.

La viande se vend moins cher

La viande de porc est la viande la plus appréciée en Suisse. 2,4 millions de porcs sont abattus chaque année dans le pays, dont une bonne moitié est élevée selon les exigences de base d'IP-Suisse. Le label, au logo à la coccinelle, prescrit que les animaux ont accès à un parcours extérieur, mais aussi qu'ils peuvent se coucher sur de la paille dans l'étable, et pas sur un sol en béton nu.

Mais comme la demande des consommateurs pour la viande labellisée est bien inférieure à l'offre, une part considérable de la viande labellisée n'est pas vendue en tant que telle. Une escalope ou une côtelette sur cinq portant la mention «conventionnel» contient en réalité de la viande labellisée.

«Nous investissons dans le bien-être des animaux»

Pour les éleveurs de porcs, c'est un problème. Ils produisent plus cher, mais n'en tirent aucun bénéfice. Bien que le bien-être animal soit de plus en plus présent et important dans l'opinion publique: dans les grandes surfaces, les effets se font peu ressentir. La proportion de produits à base de viande de porc labellisée n'augmente pas, mais diminue. 

«Nous, les producteurs, investissons dans le bien-être des animaux», déclare Raphael Helfenstein de Suisseporcs. Le commerce de détail porte une part de responsabilité. «Les grandes enseignes peuvent promouvoir le bien-être animal et compenser les dispositions relatives aux labels selon le principe du pollueur-payeur.»

Migros conteste la redistribution

Migros justifie l'adaptation par le changement de comportement alimentaire des clients. En effet, la consommation de viande de porc baisse – mais seulement d'un bon pour cent par an.

De plus, selon Migros, les clients regardent aujourd'hui davantage le prix. «Comme nous avons une part IP-Suisse supérieure à la moyenne pour la viande de porc, nous nous voyons contraints d'aligner les quantités sur celles de la viande de porc conventionnelle», fait savoir le détaillant interrogé.

Le nombre d'abattages de porcs conventionnels ne sera toutefois pas augmenté. «On ne veut en aucun cas que les agriculteurs se retrouvent avec des excédents de porcs à cause d'une surproduction», explique le porte-parole du géant au M orange, Marcel Schlatter. Il souligne en outre que la part de viande de porc IP-Suisse a fortement augmenté ces dernières années.

La Confédération économise sur le bien-être animal

L'association Marchés équitables Suisse reproche au détaillant de vouloir économiser sur le dos des paysans et du bien-être animal. C'est l'association qui a attiré l'attention sur l'annonce de Migros par le biais d'un communiqué de presse. La part de 10% que Migros ne souhaite plus acheter avec les normes IP Suisse correspondrait à environ 40'000 porcs.

Cela ne représente certes qu'une infime partie du nombre total de porcs abattus chaque année. Mais pour les éleveurs de porcs concernés, il s'agit tout de même d'une «mauvaise nouvelle», selon Raphael Helfenstein. Encore une fois. Il y a trois ans, Coop a considérablement réduit la prime que les agriculteurs reçoivent par porc IP-Suisse. De plus, la Confédération fait, elle aussi, des économies sur le bien-être des animaux: les contributions pour les étables respectueuses des animaux ont été réduites de 15 à 20% au début de l'année.

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