L'enchaînement des scandales et des bourdes
La campagne électorale ratée du Centre pour le Conseil fédéral

Le parti du Centre n'a pas donné une bonne image, après la démission de Viola Amherd. La campagne électorale enchaîne les erreurs.
Publié: 08.03.2025 à 13:13 heures
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Markus Ritter (à gauche) et Martin Pfister sont candidats au Conseil fédéral.
Photo: keystone-sda.ch
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Daniel Ballmer

Le grand jour approche! Mercredi, le Parlement décidera qui, de Markus Ritter ou Martin Pfister, succédera à la conseillère fédérale Viola Amherd. Cette procédure électorale, qui aurait difficilement pu être pire pour le Centre, sera bientôt de l'histoire ancienne. 

Le président du parti, Gerhard Pfister, est reconnu comme un grand stratège. Après tout, c'est lui qui a réussi à mener le Parti démocrate-chrétien (PDC) vers le succès en fusionnant avec le Parti bourgeois-démocratique (PBD) pour former le nouveau parti du Centre. Sauf qu'en ce qui concerne la succession de Viola Amherd, on ne peut pas en dire autant... Les initiatives individuelles et les querelles internes ont mis en lumière les problèmes qui règnent au sein du Centre. 

Une recherche de successeur sans stratégie

Gerhard Pfister a créé la surprise en démissionnant de la présidence du Centre. On apprend ensuite que son bras droit, la secrétaire générale Gianna Luzio, quitte, elle aussi, son poste. Pour couronner le tout, la démission de Viola Amherd, quelques jours plus tard. Bien que cette annonce puisse surprendre, on spéculait déjà depuis longtemps sur le départ de la conseillère fédérale. Son parti aurait donc pu anticiper en élaborant une stratégie en cas de démission, ce qu'il n'a pas fait. 

Au lieu de sauter sur l'occasion, les favoris – réels ou potentiels – se désistent à tour de rôle. Gerhard Pfister est lui-même considéré comme le grand favori pour la succession de Viola Amherd, mais il y renonce. Cette fonction ne l'enthousiasme pas, justifie-t-il. Les refus se succèdent: le chef du groupe parlementaire, Philipp Matthias Bregy, ne souhaite pas se présenter, tout comme les principaux candidats, Martin Candinas, Isabelle Chassot et Andrea Gmür. Nicole Barandun et Benedikt Würth se désistent également. Le ténor Christophe Darbellay convoque même la presse en Valais un dimanche soir, pour finalement faire marche arrière. Le parti semble avoir perdu son dernier espoir. 

Inévitablement, ceux qui ont atterri sur le ticket final de candidature risquent d'apparaître un peu comme des «bouche-trous». Et cela, peu importe leur profil, qu'il soit bon ou non.

Le département de Viola Amherd n'arrange rien

De plus, les problèmes internes du Centre rendent la tâche encore plus difficile. La direction du parti est attaquée à la moindre occasion et les revendications personnelles prennent le dessus. «Les Femmes du Centre exigent au moins une femme sur le ticket», déclare la présidente Christina Bachmann-Roth. Mais en fin de compte, aucune femme ne veut se présenter, et les candidates les plus prometteuses ont renoncé très tôt à la course. Cette démarche offensive provoque des tensions au sein du parti: les femmes du Centre sont appelées à la modération dans leurs propres rangs. Trop tard, le mal était déjà fait. 

Parallèlement, le Département de la défense (DDPS) enchaîne les scandales. Que ce soit l'affaire de Ruag, la débâcle des drones ou les discussions confuses autour d'un prétendu manque de liquidités de l'armée, le département semble complètement se désintégrer. Sans parler des démissions du chef de l'armée et du directeur du service de renseignement. Il est sûr que poser sa candidature dans un tel contexte ne fait pas rêver... 

Mais après tous ces refus, le parti respire enfin lorsque Markus Ritter manifeste son intérêt. Tel un sauveur, il affirme vouloir relever les défis du DDPS en tant que nouveau conseiller fédéral. Il se sent prêt et compétent, mais enchaîne les bourdes. Il ne provoque pas seulement la colère des femmes, mais aussi celle des citadins.

Un ticket pas très séduisant

Quelques heures avant le délai d'inscription, Martin Pfister annonce son intérêt pour le Conseil fédéral, évitant ainsi à son parti l'embarras d'un scénario avec ticket unique. Mais ce duo ne semble pas convaincre les dirigeants du Centre pour autant. Pour preuve, la commission de recherche a contacté l'ancienne conseillère d'Etat grisonne, Barbara Janom Steiner... signe que le parti est en quête désespérée du candidat miracle. 

Au Palais fédéral, Markus Ritter et Martin Pfister sont considérés comme des candidats valables, bien qu'aucun des deux n'ait réussi à emballer les autres partis. Le doyen de l'UDC, Christoph Blocher, a même évoqué un potentiel retour au Conseil fédéral. Les groupes parlementaires n'ont pas non plus réussi à se décider pour une recommandation entre les deux. 

Quelle que soit l'issue de l'élection de mercredi prochain, elle constituera une épreuve de vérité inattendue pour le Centre. Encore jeune, le parti devra peut-être se réorienter. Une nouvelle stratégie est de toute façon en cours d'élaboration. En plus du siège au Conseil fédéral, la présidence et le secrétariat général doivent être repourvus. Cela donnera le ton.

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