Sous pression depuis des semaines, Viola Amherd annonce sa démission
La ministre de la Défense Viola Amherd a annoncé mercredi sa démission pour fin mars. La Valaisanne a été élue en décembre 2018. Elle a été la première femme à diriger le Département de la défense, de la protection de la population et du sport.
L'annonce de la démission intervient quelques semaines après que Viola Amherd a terminé son année présidentielle. Depuis plusieurs mois, le Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) est sous le feu des critiques. L'UDC avait ainsi exigé sa démission ce week-end, estimant qu'elle représentait désormais un «risque pour la sécurité de la Suisse».
La démission du président du parti centriste Gerhard Pfister en début de semaine a relancé les rumeurs sur le départ de Viola Amherd.
Des réflexions depuis «un certain temps»
Désormais, les choses sont claires. «Après plus de 30 ans de politique active, dont plus de 25 ans dans une fonction exécutive, il est temps de laisser la place à du sang neuf», a-t-elle déclaré.
Elle a dit mener des réflexions depuis «un certain temps». Chaque conseiller fédéral prend une telle décision seul et soi-même, a-t-elle assuré, interrogée pour savoir si son annonce était liée aux pressions de l'UDC appelant à sa démission. Selon elle, une fois que la décision a été prise, celle-ci devait être clairement et rapidement médiatisée, pour éviter des incertitudes.
La politicienne du Centre de 62 ans, originaire de Brigue-Glis (VS), est membre du gouvernement fédéral depuis 2019 et a succédé à Doris Leuthard.
Source: ATS
Une rente juteuse
Dès qu'elle aura quitté le Conseil fédéral, Viola Amherd aura droit à une rente annuelle de quelque 239'000 francs, ce qui correspond à la moitié de son salaire actuel. Cette somme est réduite si elle reprend une activité lucrative.
Lisa Mazzone (Les Vert-e-s): «Une candidature de notre part n’est pas envisagée»
Bien que les Vert-e-s revendiquent depuis des années un siège au Conseil fédéral, ils n’entendent pas contester celui de la conseillère fédérale du Centre, Viola Amherd. La présidente du parti, Lisa Mazzone, confirme à Blick: «Il est évident que les Vert-e-s ont droit à un siège au Conseil fédéral. Mais il est tout aussi évident que le Centre a également droit à un siège. Nous ne remettons pas cette légitimité en question, et une candidature de notre part n’est donc pas à l’ordre du jour.»
En revanche, elle cible le PLR, qu’elle juge surreprésenté: «Les Vert-e-s ont bien plus de légitimité à obtenir un siège que le PLR à en conserver deux.»
Malgré les divergences sur la politique de sécurité, le parti regrette le départ de Viola Amherd. «Nous remercions Viola Amherd pour son immense travail, notamment en tant que présidente de la Confédération, et saluons son engagement en faveur de l’égalité, en particulier dans le domaine du sport», a déclaré Aline Trede, présidente du groupe parlementaire des Vert-e-s, dans un communiqué mercredi.
Enfin, les Vert-e-s appellent l’UDC à passer de la parole aux actes en assumant la responsabilité du Département de la défense, conformément à leurs déclarations.
Le Centre confirme sa prétention à un siège
Le parti de la conseillère fédéral Viola Amherd salue son parcours dans un communiqué diffusé juste après l'annonce de sa démission mercredi. «Le Centre lui exprime ses profonds remerciements pour son immense engagement politique en faveur de la Suisse et de sa population», peut-on lire.
«Fidèle à ses principes, Viola Amherd a représenté la Suisse avec un sens aigu des responsabilités en tant que présidente de la Confédération», écrit le parti. Il salue la rigueur et la détermination de la Valaisanne.
L'organisation de la conférence sur la paix en Ukraine au Bürgenstock, mais aussi son engagement pour renforcer l'armée sont cités parmi les réussites de la conseillère fédérale, à la tête du département de la défense.
Le Centre, qui veut maintenir son siège au Conseil fédéral, va se réunir pour une séance extraordinaire lundi. «Des personnalités expérimentées» figurent dans les rangs du parti pour candidater, juge-t-il.
Brève réaction des Verts'libéraux
Les remerciements pleuvent sur le réseau social X. «Quel dommage!» a réagi la sénatrice du Centre Andrea Gmür-Schönenberger. «Je regrette infiniment cette démission», a-t-elle ajouté tout en remerciant sa collègue de parti.
Les Verts'libéraux ont eux dans un court message sur le réseau social mentionné l'acquisition de l'avion F-35 et le renforcement de la cybersécurité dans les différentes réalisations de la conseillère fédérale.
Pour Balthasar Glättli (Les Vert-e-s), Albert Rösti devrait prendre les rennes du Département de la Défense
L’ancien président des Vert-e-s, Balthasar Glättli, n’a pas mâché ses mots sur Bluesky concernant la gestion de Viola Amherd au Département de la Défense. Selon lui, elle a bénéficié d’un soutien aveugle des partis bourgeois pour augmenter le budget de l’armée, «du jamais-vu depuis la Guerre froide». Pourtant, affirme-t-il, «elle a laissé bien plus de problèmes qu’elle n’en a résolus au sein de l’armée».
Balthasar Glättli s’en prend ensuite à l’UDC, qu’il appelle à agir plutôt qu’à parler: «L’UDC affirme que la sécurité militaire est une priorité pour la Suisse. Alors à la prochaine répartition des départements, il faudra dire: "Rösti, en ligne, en avant!"».
Thomas Aeschi (UDC): remettre l’armée sur pied
Le conseiller national zougois de l’UDC, Thomas Aeschi, estime que le départ annoncé de la conseillère fédérale Viola Amherd appelle à des mesures urgentes pour renforcer la défense nationale. Selon lui, le successeur de la ministre de la Défense issue du Centre devra impérativement remettre l’armée sur pied.
La Suisse, a-t-il déclaré mercredi à l’ATS, doit revenir à une neutralité armée et intégrale, un principe qui l’a protégée de grands malheurs au cours des 200 dernières années.
Le chef du groupe parlementaire UDC a exprimé son estime personnelle pour Viola Amherd, soulignant qu’il l’avait trouvée accessible et toujours ouverte au dialogue.
«Merci à la conseillère fédérale Viola Amherd pour son engagement au sein du gouvernement, malgré des divergences politiques qui sont normales. Une vie consacrée à la chose publique mérite le plus grand respect», a écrit Nicolas Kolly (UDC) sur X.
Viola Amherd partage sa lettre de démission
«De nombreuses travailleuses partent plus tôt à la retraite»
Viola Amherd souligne que de nombreuses travailleuses partent également plus tôt à la retraite, «pas seulement les conseillers fédéraux».
Elle se réjouit de pouvoir profiter d’un peu de calme et de repos, précisant qu’elle abandonne un mandat et ne souhaite pas en assumer un nouveau immédiatement.
Ainsi se conclut la conférence de presse.
Gerhard Pfister remercie Viola Amherd: «Un grand respect»
«Le Centre remercie Viola Amherd pour son engagement sans relâche, sa grande volonté de façonner l’avenir et son sens aigu des responsabilités, avec lesquels elle a représenté la Suisse en tant que présidente de la Confédération et défendu les intérêts de la population en tant que conseillère fédérale et cheffe du Département de la défense», déclare le président du parti, Gerhard Pfister, dans un communiqué de presse. «Pour cela, elle mérite un immense respect et notre reconnaissance.»
Le parti revendique clairement son siège au gouvernement.
L'élection de son successeur aura lieu le 12 mars
L’élection du successeur ou de la successeure d’Amherd devrait avoir lieu le mercredi 12 mars. Le comité de direction du parti et la direction du groupe parlementaire du Centre informeront le lundi suivant sur la procédure de nomination.
Gerhard Pfister a été informé «juste avant le public»
Elle explique avoir voulu remplir son année de présidence «jusqu’au dernier jour» en travaillant, en évoquant le moment de son départ. Quant à Gerhard Pfister, le président du parti, elle l’a informé «juste avant que l’information ne devienne publique».