Deux investigations sur les Corona Leaks
Les enquêteurs parlementaires irrités par Karin Keller-Sutter

Le fait que la ministre des Finances Karin Keller-Sutter ait lancé sa propre investigation au sein de son département sur les Corona Leaks n'est pas bien perçu par les Commissions de gestion. On craint que le travail du groupe d'enquête mis en place ne soit entravé.
Publié: 02.02.2023 à 10:56 heures
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Les présidents des CdG, le conseiller aux Etats Matthias Michel et la conseillère nationale Prisca Birrer-Heimo, informent qu'un groupe de travail va enquêter sur les Corona Leaks.
Photo: keystone-sda.ch
Daniel Ballmer, Sermîn Faki, Lea Hartmann

Les Commissions de gestion (CdG) du Conseil national et du Conseil des Etats veulent enquêter sur les indiscrétions concernant les décisions du Conseil fédéral pendant la pandémie de Covid-19, autrement dit, les Corona Leaks. Elles veulent savoir si et dans quelle mesure le président de la Confédération Alain Berset savait que son ex-porte-parole Peter Lauener avait transmis des informations confidentielles à Marc Walder, le CEO de la maison d’édition Ringier (qui édite également Blick) – c’est du moins ce qu’on lui reproche.

Le travail serait entravé

Les CdG ont constitué à cet effet un groupe de travail de six personnes sous la présidence du conseiller aux Etats radical neuchâtelois Philippe Bauer. Mais certains membres de la commission craignent que leur travail ne soit entravé.

Et ce, par la ministre des Finances Karin Keller-Sutter. Celle-ci a en effet ordonné sa propre enquête pour savoir pourquoi son Office fédéral de l’informatique et de la télécommunication (OFIT) avait transmis tous les mails de Peter Lauener à l’enquêteur spécial Peter Marti. Car ce dernier n’avait demandé que les courriels sur une durée définie de six semaines.

«Pas d’enquête pour la galerie»

Le fait que Karin Keller-Sutter «s’en mêle» ne fait pas l’unanimité. Il est à craindre que l’OFIT et d’autres services fédéraux fournissent désormais moins d’informations aux parlementaires qui enquêtent. «Le groupe de travail devrait déjà en savoir un peu plus – ce n’est pas une enquête pour la galerie», peste l’un d’entre eux.

Selon les informations de Blick, le groupe de travail ne s’est pas encore réuni. Son président, Philippe Bauer, ne veut rien dire à ce sujet. Il a tout de même laissé échapper que le déroulement et le calendrier de l’enquête doivent être définis le plus rapidement possible. «Quand exactement, je ne peux pas le dire.»

Jusqu’où veulent-ils creuser?

Mais le groupe de travail doit s’interroger «sérieusement» jusqu’où il veut aller avec son enquête. En d’autres termes, jusqu’où il veut vraiment plonger dans l’affaire des indiscrétions du Conseil fédéral, et tout ce qu’il veut demander à ce sujet.

«Que voulons-nous, que pouvons-nous faire dans un délai raisonnable?, soulevait Philippe Bauer. Nous pourrions théoriquement demander des dizaines de milliers de pages de documents.» Mais il faut tenir compte du fait qu’il y a des élections à l’automne. Il serait donc bien que les résultats soient disponibles avant.


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