D'autres membres du gouvernement fédéral se sont désormais exprimés au sujet des fuites d'informations au Département de l'Intérieur, dirigé par Alain Berset. Selon leurs déclarations, les révélations de «Schweiz am Wochenende» n'ont pas encore été abordées par l'ensemble des Sages, mais il est urgent d'en parler. Ainsi, le ministre des Affaires étrangères, Ignazio Cassis, a indiqué à la radio SRF: «Je suis convaincu que cela sera abordé au sein du Conseil fédéral.»
Samedi dernier, le journal alémanique a rapporté que l'ancien chef de la communication d'Alain Berset, Peter Lauener, avait régulièrement transmis des informations confidentielles sur les mesures Covid prévues par le Conseil fédéral au CEO de Ringier, Marc Walder. Les éléments fournis à la maison d'édition, qui publie Blick et le SonntagsBlick, devaient – selon l'enquêteur spécial Peter Marti – permettre d'exercer une pression sur les collègues d'Alain Berset au gouvernement.
Une semaine difficile pour Alain Berset
La semaine à venir risque donc d'être éprouvante pour le président de la Confédération. Il doit s'attendre à être questionné par ses collègues du gouvernement. Comment a-t-il été impliqué dans les fuites de Peter Lauener? A-t-il donné l'ordre à son collaborateur de diffuser des informations sur les mesures Covid? Ou alors – ce qui semble peu probable – n'était-il au courant de rien?
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Alain Berset lui-même a indiqué ne pas pouvoir commenter cette affaire, compte tenu d'une procédure pénale encore en cours, mais qui ne le vise pas. «J'en ai pris connaissance et je suis curieux de voir la discussion qui aura lieu entre nous», a commenté Ignazio Cassis à propos de la déclaration de son collègue du Conseil fédéral.
Délibérations au sein de la Commission de gestion
Les indiscrétions liées aux «Corona Leaks» seront également abordées en début de semaine prochaine par la Commission de gestion du Conseil national. Ces délibérations pourraient ensuite amener à une audition d'Alain Berset. La Commission de gestion du Conseil des États invitera probablement aussi le ministre de la Santé à un entretien, a déclaré le week-end dernier son vice-président, Werner Salzmann.
Il est légitime de donner des réponses aux questions des parlementaires, a déclaré Alain Berset – même s'il n'a pas accès aux dossiers. «Les Commissions de gestion sont le bon endroit» pour ce faire, a-t-il souligné dans le cadre du WEF de Davos, en indiquant qu'il était prêt à faire face à toutes les interrogations.
Échange de mails avec la presse de Ringier
Jusqu'à présent, seuls des appels isolés à la démission se font entendre à l'adresse du président de la Confédération en exercice. Le conseiller national UDC zurichois Alfred Heer fait partie de ceux qui demandent le départ d'Alain Berset. Il s'est exprimé à ce sujet sur plusieurs canaux publics. Mais comme le Parlement n'a pas les moyens de destituer le président jusqu'à l'élection de confirmation du Conseil fédéral, il maintient que si le Fribourgeois ne démissionne pas, il faudra examiner son cas.
Alfred Heer annonce qu'il va proposer de demander à disposer de l'échange d'e-mails entre Peter Lauener et l'ensemble des titres du groupe Ringier, éventuellement aussi des e-mails d'Alain Berset. Sa collègue au sein de la Commission de gestion Katharina Prelicz-Huber (Vert-e-s) a pour sa part déclaré à la SRF que tout cela lui semblait être «une campagne» dirigée contre le ministre socialiste.
«Nous devons y regarder de plus près»
On ne sait pas combien de propositions ont déjà été déposées pour la séance de la Commission de gestion. Interrogée par Blick, sa présidente socialiste, Prisca Birrer-Heimo, s'est contentée de déclarer laconiquement: «Il y a des propositions sur la table, nous allons les traiter.» La plupart des membres de la Commission ne se laissent pas non plus aller à des confidences et se contentent de dire qu'il est important d'examiner ce sujet de très près.
«Tous les faits doivent maintenant être mis sur la table. Les reproches sont graves et le public doit savoir s'il y a eu des tentatives d'influencer systématiquement les décisions du gouvernement», affirme par exemple Corina Gredig, du parti vert'libéral. Dans ce sens, la Commission de gestion doit se pencher intensivement sur ce sujet et effectuer un état des lieux complet: «Ce n'est qu'alors que je pourrai décider si je ferai moi-même des propositions.»
Erich Hess, également membre de la Commission, souhaite procéder de manière similaire. «Si la Commission de gestion voit que quelque chose ne va pas quelque part dans l'administration fédérale, nous devons y regarder de près, souligne le conseiller national UDC. Et ce, indépendamment du fait qu'une procédure juridique soit en cours ou non.»