Voilà, l’Euro se termine ce soir avec la finale entre l’Espagne et l’Angleterre. Blick revient sur ce mois de compétition, entamé le 14 juin avec le match d’ouverture Allemagne-Ecosse, remporté par la Mannschaft.
Les moments marquants
Le parcours de l’équipe de Suisse
Encore plus que grâce à ses résultats, la Nati a séduit grâce à la qualité de son jeu et à l’attitude des joueurs et du staff. Pas de polémique inutile, pas de conflit interne: l’équipe de Suisse a affiché une unité appréciable, qui n’allait pas de soi après les soubresauts de l’automne. Granit Xhaka et Murat Yakin ont fait preuve d’intelligence et de beaucoup de sensibilité dans leur communication, et cette équipe a plu à ses supporters. Evidemment, il a fallu des résultats et ceux-ci ont été bons. La Suisse, sans être l’équipe la plus flamboyante du tournoi, a joué souvent de manière courageuse, y compris face aux gros, ou supposés tels. La Nati est sorti renforcée de son Euro et a donné envie d’être revue, ce qui n’était pas gagné d’avance. Encore mieux: plusieurs jeunes se sont révélés, Dan Ndoye en premier lieu. Ils seront encore plus forts dans deux ans.
La mue du jeu de l’Espagne
Si l’Espagne gagne l’Euro ce dimanche soir, elle l’aura mérité grâce à une décision très importante et bienfaitrice: celle de s’être débarrassée de ce jeu de possession stérile incarné par Luis Enrique lors de la Coupe du monde au Qatar et de l’avoir fait évoluer avec de la profondeur et de la percussion. Rarement l’Espagne aura été aussi séduisante. Elle sait toujours manier le ballon grâce à ses artistes du milieu (Pedri, Dani Olmo, Fabian Ruiz, Rodri), mais, désormais, elle sait faire mal avec Nico Williams et Lamine Yamal. Le moteur qui ronronnait et pouvait avoir 75% de possession sans tirer au but est devenu une machine à concasser son adversaire. Et c’est beau à voir.
Les nations plus modestes ont joué le coup à fond
Willy Sagnol l’avait dit avant le tournoi et a prouvé que ses mots étaient suivis d’actes: la Géorgie ne venait pas pour participer à cet Euro et pour parquer le bus devant son but, mais bien pour donner une belle image du football caucasien et apprendre pour l’avenir. Son équipe a été courageuse, déterminée, vivante et positive. D’autres nations en apparence modestes comme la Slovaquie et la Slovénie ont également pu montrer leurs qualités et il n’y a guère que la Serbie, la Pologne et l’Ecosse qui auront traversé ce tournoi sans rien montrer, mis à part une bonne mi-temps contre la Suisse et la ferveur de ses exceptionnels supporters. Les «petites nations» ont donné raison à l’UEFA d’avoir conservé le nombre de qualifiés à 24: ce sont très souvent elles qui ont joué avec le plus de fierté et le plus assuré le spectacle. Et accessoirement, c'est souvent grâce à elles que les spectateurs et téléspectateurs ont eu droit au retour des frappes de loin et des buts de 30 ou 35 mètres, l'une des bonnes nouvelles de cet Euro.
Le retour des ambiances festives
Après un Euro 2021 encore disputé en mode Covid, une Coupe du monde au Qatar avec ses fans fictifs et peu nombreux à l’exception de ceux venus du Moyen-Orient et du Maghreb, qu’il a été agréable de retrouver les magnifiques flux de supporters festifs et joyeux venus de l’entier des pays qualifiés. La position centrale de l’Allemagne, au cœur de l’Europe, a permis à beaucoup de monde de se déplacer et ceux venus de plus loin, comme les Turcs, les Géorgiens et les Roumains, ont pu compter sur une forte diaspora sur place. Il y a eu des bagarres, c’est inévitable et c’est triste, mais globalement, avoir pu accueillir les dizaines de milliers de supporters des Pays-Bas, de l’Ecosse, de la Hongrie, de la Suisse et des autres a été une bénédiction et ces images de fraternité resteront magnifiques. Une chose encore à ce sujet: l’Allemagne est un vrai pays de football avec des stades absolument magnifiques. C’est une évidence, mais il est toujours bon de le rappeler et de féliciter l’UEFA d’avoir trouvé un équilibre pour l’attribution de l’Euro entre marchés émergents et pays de tradition. Après avoir permis à des pays comme la Roumanie et l’Azerbaïdjan d’accueillir des matches en 2021, bonne idée, cette année, c’était au tour de l’Allemagne, qui avait déjà tout (ou presque). Dans quatre ans direction l’Angleterre, qui a déjà tout, et dans huit ans, une union entre l’Italie, qui doit refaire ses stades, et la Turquie, qui n’a jamais accueilli un Euro. Tout juste.
La fin des petits tas autour de l’arbitre
Ce n’est pas encore tout à fait parfait et ce fléau ne va pas disparaître d’un coup, mais la décision de l’UEFA de n’autoriser que le capitaine à parler à l’arbitre (ou un joueur de champ désigné à l’avance si le capitaine est le gardien) va dans le bon sens. On a déjà vu moins de «petits tas» autour de l’arbitre et il s’agit d’une évolution qui va dans le bon sens. Sinon, au niveau arbitrage, on a beaucoup aimé la belle histoire de ces «fans suisses» des arbitres, invités à Francfort par l’UEFA. Une initiative sympa des deux côtés, qui fait du bien au football.
Les moments à oublier
Tous les matches des Bleus et leur communication
Didier Deschamps l’a souvent dit: seul le résultat compte. Alors comptons: la France n’a pas gagné le tournoi, a marqué un but sur penalty, un dans le jeu et deux autogoals. Son jeu a été horrible à voir, ultra-défensif, et son sélectionneur a préféré se moquer de ceux qui s’en émouvaient en les invitant plusieurs fois à changer de chaîne et à ne pas regarder. Une posture ridicule lorsque le championnat de France ne trouve justement pas de diffuseur TV… Si le résultat éclipse tout, que reste-t-il quand il n’est pas là? Rien. En sacrifiant tout à Kylian Mbappé, Didier Deschamps a commis une erreur majeure. Son joueur n’étant pas en forme, la France n’avait pas de plan B et son management ultra-protecteur envers sa star a causé des frustrations chez les autres. Si la France avait gagné, tout aurait été oublié et pardonné. Mais cela n’a pas été le cas. Même au niveau politique, la cacophonie a été complète. Tout avait bien commencé, avec une ligne claire: la Fédération ne donne pas son avis, elle doit rester neutre, mais les joueurs peuvent s’exprimer à titre personnel. Très bien. La position est cohérente. Mais Kylian Mbappé, encore lui, a déclaré à deux reprises qu’une prise de position commune des joueurs allait arriver. Elle n’est jamais venue. Pourquoi? La réponse laisse la place à toutes les interprétations et donc à tous les doutes. Là aussi, communication défaillante et un Euro raté sur tous les plans.
La formule de compétition
Arrêtons avec ces meilleurs troisièmes. Les calculs sont compliqués, la porte ouverte aux arrangements, et la Hongrie a dû s’entraîner trois jours dans le vide avant d’apprendre son élimination devant la télévision. Le tableau n’est pas visible, il est déséquilibré et le procédé est injuste. Bref, les meilleurs troisièmes, c’est nul. Il existe des moyens de faire autrement, même en gardant 24 équipes.
Les joueurs cramés
Martin Kallen, le boss du tournoi, l’a avoué, mais il n’avait pas le choix vu l’état de fatigue dans lequel plusieurs joueurs majeurs se sont présentés à cet Euro. La liste est non exhaustive, mais les performances d’Antoine Griezmann, Phil Foden, Kevin De Bruyne, Bernardo Silva, Oleksandr Zinchenko et de beaucoup d’autres ont fait mal au coeur. Leur point commun: ils n’étaient pas prêts physiquement à jouer un Euro, eux qui ont disputé énormément de matches en club. Mais il n’y a pas le choix, il faudra s’y habituer, car la tendance ne va pas à une diminution de la mise à contribution des joueurs pendant la saison, bien au contraire. Il ne s’agit d’ailleurs pas d’une règle d’or: Granit Xhaka et Manuel Akanji ont beaucoup joué cette saison et ils ont été excellents pour la Suisse, par exemple. A l’avenir, les joueurs cependant probablement choisir entre sacrifier un bout de leur saison en club pour bien préparer l’Euro ou assumer d’arriver à bout de souffle au mois de juin. Il faudra s’adapter.
La gestion de Cristiano Ronaldo
Des dizaines de milliers de personnes au stade le voient. Des millions de supporters devant leur télévision le voient. Mais Roberto Martinez ne voit rien. Le sélectionneur du Portugal persiste à faire jouer Cristiano Ronaldo chaque minute de chaque match, le titularisant même lors de la troisième rencontre du groupe, alors que le Portugal était assuré d’être premier. L’avant-centre de 39 ans mérite une sortie avec les honneurs, pour tout ce qu’il a apporté au peuple portugais et au monde du football en particulier. Or, le voir jouer ainsi, se traîner sur le terrain, être contre-productif pour le jeu du Portugal alors que ce pays regorge de talents et de jeunesse est incompréhensible. Pourquoi le temps de jeu de CR7 n’est-il pas mieux géré? Est-ce lui qui ne veut pas sortir? Qui commande? La Fédération, Cristiano Ronaldo, le sélectionneur? Le football portugais possède un vivier incroyable et le meilleur joueur de son histoire est en train de gâcher sa sortie. Se croit-il encore indispensable? Le football ne ment jamais et son déclin se voit en direct, effritant à chaque sortie raté son statut de légende. Il ne mérite pas ça, mais personne n’ose le lui dire, visiblement.
Les gens qui courent sur le terrain pour prendre des selfies
Arrêtez, par pitié. On pardonne (et encore...) à un gamin qui veut voir son idole de près, tant celles-ci peuvent parfois être inaccessibles (ce qui est difficilement compréhensible), mais les pignoufles qui courent sur le terrain pour promouvoir un partenariat avec une marque grâce à un selfie avec un joueur méritent une amende qui leur passe (vraiment) l’envie de recommencer.