Joris Bouele est membre de Jura Nati Fans et, à ce titre, suit au maximum l'équipe de Suisse, même hors du pays. Ce groupe d'une quinzaine de membres sillonne l'Europe en train ou en voiture pour supporter la Nati et, depuis le 15 juin, a traversé une bonne partie de l'Allemagne, n'échappant pas aux problèmes de transport. «Le voyage en train pour aller à Berlin n'a pas été simple», sourit le trentenaire, lequel, avec trois amis, a décidé de s'offrir une petite parenthèse hors Nati en début de tournoi. Et c'est précisément celle-ci qui a fait le buzz et leur a permis de vivre une expérience exceptionnelle.
Déjà en tenue en ville avant le match
«En fait, nous avions quatre billets pour France-Autriche. Et vu qu'on n'est fan d'aucune des deux équipes, on a eu une petite idée, celle de soutenir les arbitres», explique celui qui officie au sifflet en 4e ligue jurassienne. «J'ai prêté des équipements à mes deux potes et à mon cousin Benjamin et nous sommes allés ainsi au match.» Et déjà en ville de Düsseldorf avant le match, les quatre Jurassiens ont attiré les regards, puisqu'ils avaient revêtu la fameuse tenue. «C'était bon enfant, plutôt sympa, on se faisait chambrer.» Même chose pendant le match, où leurs pancartes («Arbitre, ton maillot s'il te plaît») et leur bonne humeur a créé un certain enthousiasme autour d'eux.
«Tout était plutôt sympa, même si c'est vrai qu'après la rencontre quelques fans autrichiens mécontents de l'arbitrage nous ont invectivé, pensant que l'on était les vrais arbitres du match. Mais sinon, tout s'est bien passé», se marre-t-il franchement. Le quatuor a même eu droit à des photos avec la police locale. L'histoire aurait pu en rester là, les maillots d'arbitres rangés dans la valise et les quatre potes auraient pu remettre tranquillement leur tenue de la Nati pour la suite du tournoi. Mais la magie des réseaux sociaux a fait le reste.
Le buzz sur les réseaux sociaux a alerté l'UEFA
Plusieurs médias et gros compte ont en effet publié des photos des «fans des arbitres» et l'UEFA n'est pas passée à côté de ce buzz. «Nous avons été contactés par Instagram, puis nous avons eu un échange de mails», explique Joris Bouele, tout surpris, et tout heureux, de la démarche de l'instance européenne, qui leur a proposé un rendez-vous à Francfort le lundi matin à 9h.
«Franchement, on était surpris! On ne savait même pas qu'ils avaient un centre d'entraînement pour les arbitres! Nous y sommes allés et nous avons été accueillis comme des stars, ce qui nous a encore plus étonnés. Les arbitres nous ont posé plein de questions, voulaient savoir pourquoi on avait fait ça et ils voulaient même faire des selfies avec nous! C'était surréaliste et très agréable, ils étaient vraiment tops. Nous avons bu un café avec Roberto Rossetti, leur chef, puis avons pu parler avec Sandro Schärer, on était très fiers et très touchés.»
De quoi faire réfléchir
Les quatre amis ont déjà eu l'occasion de voir leur périple publié dans «Le Quotidien Jurassien», avec une précision importante: deux des membres du quatuor ont dû rentrer en Suisse et ont été notamment «remplacés» par Nathan Ducommun, déjà présent à Francfort et joueur de Courtételle, en 1re ligue. Lui aussi a apprécié la visite. «Je dois admettre que sur le terrain, je suis un râleur. Mais cette rencontre m’a vraiment marqué, par la disponibilité et l’amabilité des arbitres, dont on se rend bien compte du côté humain. Je vais relativiser davantage, désormais», a-t-il ainsi expliqué à Jonas Ruffieux, journaliste à «La Liberté», dont l'article a été repris par différents journaux romands, dont «Le Quotidien Jurassien», donc.
Des maillots officiels en souvenir
Les quatre amis ont eu droit à une ultime surprise: l'équipementier Macron leur a fait cadeau de maillots officiels des arbitres de l'Euro. Joris Bouele va-t-il en profiter pour arbitrer avec la prestigieuse tenue en 4e ligue? «Non, quand même pas! Ils ont le patch UEFA, je ne peux pas me le permettre!»
En attendant de retrouver leur quotidien, le rêve continue: samedi, la Suisse joue un quart de finale de l'Euro, justement à Düsseldorf, face à l'Angleterre. Mais cette fois, pas question de soutenir l'arbitre. «On mettra nos maillots de la Nati, c'est sûr!»