Canary Wharf est le nom du quartier londonien où se trouvent les plus grandes banques d'Angleterre. Il n'est pas exclu de penser que Fabian Schär (32 ans) travaillerait aujourd'hui dans l'un de ces complexes de bureaux au bord de la Tamise s'il n'avait pas réussi à devenir footballeur professionnel. Au lieu de Londres, le défenseur de la Nati est depuis six ans chez lui à Newcastle, à 400 kilomètres au nord. Et au lieu de poursuivre son travail dans une banque, le Saint-Gallois est devenu lui-même une banque en Angleterre.
Il y est sous contrat depuis l'été 2018. Seul Miguel Almiron (177) a disputé plus de matches de Premier League pour Newcastle que le défenseur (161). Une vraie garantie bancaire! Et depuis peu, ce constat est aussi valable pour la Nati. Après des années difficiles, Fabian Schär s'est battu pour retrouver sa place dans le onze de départ suisse. Lors de l'Euro, après quatre matches, le natif de Wil n'a pas encore manqué une seule seconde et a contribué à la qualification de la Suisse pour les quarts de finale grâce à de solides performances.
«Espérons qu'ils vont maintenant aussi battre les Anglais», dit l'ancien chef de Fabian Schär, Raffael Eigenmann. Ce dernier se souvient encore très bien de son ancien apprenti, qui a effectué son apprentissage bancaire entre 2007 et 2010 dans la filiale Raiffeisen de Wil. L'aurait-il cru capable d'une telle carrière à l'époque? «Définitivement pas», répond Raffael Eigenmann. «Probablement que même lui n'y croyait pas à l'époque».
Il quitte la Raiffeisen en signant à Bâle
Raffael Eigenmann décrit l'apprenti banquier Schär comme «très réservé» et «parfois même un peu timide». Des attributs qui, du moins en dehors du terrain, s'appliquent encore aujourd'hui au joueur de la Nati. «Mais il pouvait aussi être très déterminé et avait toujours une très bonne présentation», explique son ancien supérieur. Et selon lui, il a toujours fait son travail de manière très précise et consciencieuse. «Fabian n'a pratiquement jamais fait d'erreur«, assure-t-il.
La carrière de Fabian Schär prend tout de même son envol juste après l'obtention de son diplôme d'apprentissage. Au FC Wil, le jeune défenseur réussit à intégrer l'équipe professionnelle. En contrepartie, il doit réduire son temps de travail à la banque. Le club de Challenge League ne lui permet plus de travailler qu'à 30%. «Il s'en est presque excusé auprès de nous», se souvient Raffael Eigenmann. «Mais peut-être que cette consigne est finalement devenue un peu sa chance».
Car en plus de son travail à temps partiel dans le département des crédits, Fabian Schär se développe au FC Wil pour devenir l'un des plus grands talents du pays. En été 2012, le grand FC Bâle frappe à la porte. Au lieu d'effectuer des évaluations immobilières, le joueur de Suisse orientale joue soudain à plein temps en Super League. «Normalement, nous n'aimons pas laisser partir les bons collaborateurs», explique Raffael Eigenmann. «Mais dans le cas de Fabian, nous avons bien sûr été très heureux».
Au FC Bâle, Schär se bat rapidement pour une place de titulaire, joue la Ligue des champions et remporte trois fois le championnat avec le club bâlois. Il poursuit sa route, d'abord en Allemagne à Hoffenheim, puis en Espagne à La Corogne. Mais ce n'est que dans le nord de l'Angleterre qu'il est vraiment heureux.
De nombreuses apparitions malheureuses en équipe nationale
Mais alors que Fabian Schär devient à Newcastle l'un des défenseurs les plus fiables de la Premier League, il est soudain de moins en moins utilisé en équipe nationale. Après l'arrivée de Murat Yakin à l'été 2021, le titulaire de longue date se retrouve soudain à la traîne. Lors des 30 premiers matchs internationaux sous Murat Yakin, il n'est titulaire qu'à 12 reprises. Il doit céder sa place de titulaire aux côtés de Manuel Akanji à Nico Elvedi.
Il ne parvient pas à profiter des rares occasions que lui offre l'entraîneur de la Nati. C'est même le contraire qui se produit. Il se permet régulièrement des ratés totalement inexplicables. Comme par exemple l'automne dernier lors du match 2-2 au Kosovo, où il a fait très mauvaise figure sur les deux buts encaissés. Ou lors du match nul 3-3 contre la Biélorussie, où il est responsable du troisième but. D'une certaine manière, beaucoup de choses semblent jouer contre le défenseur dès qu'il enfile le maillot suisse. Par exemple lors du match nul 2-2 contre la Roumanie. Il n'entre en jeu qu'à la 91e minute, mais cela suffit pour qu'il se retrouve aux fraises lors de l'égalisation roumaine au bout des arrêts de jeu...
Murat Yakin mise enfin pleinement sur lui
Mais comment expliquer les performances de Fabian Schär en équipe nationale alors qu'il fait partie des meilleurs défenseurs de la meilleure ligue du monde? En mars, Fabian Schär laissait entendre qu'il lui manquait la confiance nécessaire en équipe nationale. «Si tu n'es qu'une roue de secours, ce n'est pas la même chose», déclarait-il à Blick.
Murat Yakin semble également l'avoir réalisé. Dans sept des huit matches internationaux de cette année, Fabian Schär est titulaire. Il rend la confiance tant attendue par des performances solides. La Suisse n'a encaissé que trois buts en sept matches. Logiquement, le Saint-Gallois sera également aligné samedi en quart de finale de l'Euro contre l'Angleterre aux côtés de Manuel Akanji (28 ans) et Ricardo Rodriguez (31 ans). En Angleterre, on sait depuis six ans quel genre de banquier il est. A la succursale Raiffeisen de Wil, c'est encore plus vrai depuis longtemps.