L’Espagne et son 4-3-3 avaient fini par sombrer dans la caricature du jeu de possession stérile, comme lors de la Coupe du monde 2022. La Roja du très dogmatique Luis Enrique faisait tourner le ballon avec talent et maîtrise, mais ses actions, trop souvent, ne débouchaient sur rien de concret. Le nouveau sélectionneur Luis de la Fuente a eu un immense mérite: faire cohabiter ce style de jeu avec une percussion impressionnante, qui font de l’Espagne la meilleure équipe de l’Euro jusque-là.
«Franchement, on est tous unanimes, c’est eux qui jouent le mieux dans cet Euro jusqu’à maintenant», a reconnu Adrien Rabiot à quelques heures du coup d’envoi. Mais le milieu de terrain français n’a pas manqué de prévenir les Espagnols. «On l’a vu dans cet Euro, les équipes changent parfois leur manière de jouer quand ils nous affrontent...» Le sous-entendu est clair: l’équipe de France est tellement solide et capable d’aller vite en contre que ses adversaires adaptent leur dispositif par peur de se faire prendre de vitesse.
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Alors, l’Espagne se dénaturera-t-elle ce mardi soir? Pas sûr. Ce n’est pas le style de la maison et, confiants en leurs forces, Alvaro Morata et ses coéquipiers voudront imposer leur jeu aux Français, comme ils le font avec tout le monde, tant leur milieu de terrain est costaud.
Une paire d'ailiers inédite
«On connaît l’Espagne, ils ont toujours leur trois joueurs au coeur du jeu, c’est historique», a confirmé Didier Deschamps, lequel, contrairement à ce qu’il avait fait contre la Belgique, n’a pas buté sur le nom de ses adversaires. Visiblement, le sélectionneur français connaît mieux Rodri, Fabian Ruiz et Dani Olmo, ou en tous les cas, il était mieux préparé. «Rodri est essentiel à mi-terrain, Fabian Ruiz est très bien et même si Pedri est blessé, Olmo est là», a expliqué «DD», auquel il n’a pas échappé que ces trois hommes avaient dominé tous ceux qui s’étaient dressés sur leur route jusqu’ici.
Mais l’Espagne, on l’a dit, a deux avions de chasse sur les ailes, ce qui est nouveau: Nico Williams (21 ans) à gauche et Lamine Yamal (16 ans) à droite, le deuxième nommé ayant même besoin d’une autorisation parentale pour travailler le soir en Allemagne durant cet Euro! Au-delà du clin d’œil, leur fraîcheur et leur dynamisme ont permis d’apporter une dimension supplémentaire et de la profondeur et de la vitesse au jeu espagnol.
Rabiot met la pression sur Yamal
«Ils vont vite, c’est vrai, mais après c’est un rapport de force. Si on les laisse nous affronter, ils vont être dans leur zone de confort. Mais on peut aussi essayer de les faire reculer et de les amener dans un secteur du terrain qui leur plaît moins», a assuré Didier Deschamps, qui peut compter sur une défense de fer et des milieux de terrain très travailleurs pour venir aider ses latéraux.
Nico Williams face à Jules Koundé et Lamine Yamal contre Theo Hernandez: voici deux duels qui promettent beaucoup et les Français espèrent que leur plus grande expérience va faire la différence. Adrien Rabiot, en tout cas, a déjà mis une forme de pression à Lamine Yamal et à ses 16 ans. «Il a déjà montré qu’il savait gérer le stress, mais une demi-finale d’Euro, c’est encore autre chose. Cela dépendra aussi de notre capacité à lui mettre la pression. S’il veut jouer une finale, il devra faire encore plus que ce qu’il a fait jusqu’à aujourd’hui», a promis le milieu de terrain des Bleus.