La Nati pourrait écrire une nouvelle page de l'histoire du football suisse en remportant son quart de finale de l'Euro contre l'Angleterre. L'une des raisons qui rend un tel succès possible? Sa défense. Alors qu'elle ressemblait à un morceau d'Emmental à l'automne dernier, elle est devenue une vraie garantie depuis le début de l'année civile, un constat qu'on doit en grande partie à Manuel Akanji (28 ans). Ses performances à l'Euro sont magistrales: lors de chaque match, le défenseur suisse a fait partie des meilleurs joueurs sur le terrain. À côté de lui, Fabian Schär et Ricardo Rodriguez font eux aussi un excellent tournoi.
«Je ne vois pas avec quel autre défenseur je voudrais échanger Manu lors de cet Euro», déclare Bernhard Heusler. «Il a cette combinaison de très grand talent et de très grande personnalité, que seuls les très grands sportifs ont.» L'ancien président du FC Bâle n'est pas le seul à faire l'éloge de Manuel Akanji. Le sélectionneur allemand Julian Nagelsmann s'est montré tout aussi élogieux après le match contre l'Allemagne: «Akanji a fait un match exceptionnel, il a extrêmement bien tenu la maison. Il a une bonne vitesse, un bon physique.»
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Lorsque l'on échange avec des journalistes anglais au sujet du défenseur de Manchester City, les mêmes mots reviennent sans cesse: intelligent, fort physiquement, et doté d'une grande capacité d'adaptation. L'un des meilleurs défenseurs de la Premier League. «S'il joue samedi comme il l'a fait ces derniers mois, l'Angleterre aura de gros problèmes», déclare ainsi le journaliste du Sun Charlie Wyett. Manuel Akanji évolue à Manchester City depuis seulement deux ans, mais il a déjà disputé 96 matches pour les Citizens, remportant une Ligue des champions, deux titres de champion d'Angleterre et une FA Cup.
Cool, intelligent, modeste
Wiesendangen, Winterthour, Bâle, en Suisse, Dortmund et Manchester City. L'ascension d'Akanji ne connaît qu'une seule direction. Vers le haut. Il n'était toutefois pas évident de prévoir, lorsqu'il était jeune, qu'il ferait un jour partie des meilleurs défenseurs du monde. Son talent de junior était certes évident, mais personne ne savait où son chemin le mènerait. Il a toujours fait ce qu'il devait faire, mais n'a jamais atteint les limites de ses capacités, assurent ses anciens compagnons de route.
En 2015, le FC Bâle reconnaît le potentiel du joueur de Winterthour. «Notre recruteur a dit: ce n'est pas un joueur pour le FC Bâle, mais un joueur pour un plus grand club», se souvient Bernhard Heusler. Normalement, les rapports de scouting relativisent toujours. Mais pas pour Manuel Akanji, qui quitte donc Winterthour pour le grand FC Bâle. Lorsqu'il se déchire le ligament croisé lors de sa première saison, il se fait faire un tatouage: «Prove them wrong». Prouve-leur qu'ils ont tort.
Manuel Akanji y parvient dès ses débuts à Bâle. Il s'impose, devient deux fois champion de Suisse, et joue même la Ligue des champions. «Très tôt, il a fait preuve d'une incroyable maturité. Il jouait aux côtés de Walter Samuel, mais on n'a jamais eu l'impression que Manu était beaucoup plus jeune», explique Bernhard Heusler. «Manu était un bon gars, cool, très intelligent, et il avait cette humilité de base. Plus tard, lorsque j'ai également rencontré son père et l'une de ses deux sœurs, j'ai su que celle-ci ne venait pas de nulle part».
Son ascension: la voie suisse
Pour Bernhard Heusler, le parcours de son ancien joueur est «un exemple et une histoire à succès du football suisse». Comme tant de joueurs de la Nati, Manuel Akanji réunit des racines de deux cultures puisque son père est originaire du Nigeria.
Son club formateur, Winterthour, profite financièrement de son parcours, notamment lorsque le FC Bâle le vend à Dortmund en hiver 2018 pour plus de 20 millions d'euros. Et son club de jeunes de Wiesendangen reçoit encore aujourd'hui une petite contribution venue d'Angleterre pour son ancien junior.
Manuel Akanji a disputé 60 matchs internationaux avant l'Euro. Mais ce n'est que depuis le début du tournoi qu'il démontre vraiment qui il est avec la Nati: le patron incontesté de la défense. «Par rapport à son époque à Dortmund, c'est un autre joueur», déclare Johan Djourou, le prédécesseur d'Akanji au sein de la charnière centrale de la Nati. «Ce que j'aime chez lui, c'est qu'il joue simplement. C'est ce que les grands entraîneurs demandent toujours. Et quand il fait une erreur, il revient fort et calme, ce qui démontre une grande personnalité.»