J-30, un mois, non pas avant l’Euro, mais bien avant la votation pour mettre un stop à l’érosion de votre pouvoir d’achat. Le 9 juin prochain, nous votons sur l’initiative du PS qui vise à limiter nos primes d’assurance-maladie à maximum 10% du revenu. En clair, de l’argent dans vos poches plutôt que dans celles de votre assureur!
La droite a la pétoche
Effroi, stupeur, colère chez les opposants qui, après la gifle monumentale de l’acceptation de la 13e rente AVS, frisent l’apoplexie lorsqu’ils pensent à l’argent public nécessaire afin de garantir ces potentiels subsides. Car bien sûr, nous, les vendeurs d’illusions, ne comprenons évidemment rien aux mathématiques et encore moins à l’économie.
N’en déplaise à ces fans absolus de Margaret Thatcher et de Javier Milei, qui mettent les sacro-saintes lois du marché avant tout le reste et surtout avant le bien-être de la multitude, cette initiative est une véritable opportunité pour notre économie et pour le pouvoir d’achat de la classe moyenne.
Les chroniques de Jessica Jaccoud
L’allègement des primes maladie, un win-win-win deal
Concrètement, la mise en place de subsides à l’échelle suisse est un investissement bénéfique sur trois niveaux: pour les gens, l’économie et les collectivités publiques.
Pour les gens d’abord car l’initiative cible les ménages précarisés par leur prime maladie. Elle permet ainsi aux personnes bénéficiant des subsides d’allouer l’argent économisé à d’autres fins, par exemple, pour des besoins vitaux ou des loisirs. Elle facilite également l’accès aux soins pour des personnes qui, faute de moyens, ne consultent jamais car elles ne peuvent pas payer leur franchise. Cette privation de soins a des conséquences néfastes sur leur santé mais également sur le système de santé en lui-même qui doit prendre en charge des éventuelles complications bien plus coûteuses que s’il avait pu intervenir en amont.
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Loin du cliché de l’arrosoir de la gauche et des malades qui consultent pour un rien, l’initiative cible concrètement les travailleuses et travailleurs peinant à joindre les deux bouts et leur permet de se soigner à temps.
Les subsides sont aussi bénéfiques pour l’économie. Et je parle bien de l’économie réelle et non de la finance qui spécule sur l’envol ou non du prix du bitcoin. Le mécanisme est simple, plus vous avez d’argent disponible, plus vous avez la possibilité d’aller au resto, au ciné, d’acheter de nouvelles fringues, de voir un concert, de découvrir la Suisse, bref de vivre et, par-là même, de faire tourner l’économie et les commerces locaux.
À contre-pied des baisses d’impôts profitant aux plus riches et à leur compte-épargne, les subsides permettent indirectement d’alimenter la demande en biens et services de notre pays.
Cette initiative est aussi une opportunité pour les collectivités publiques puisque l’existence des subsides diminue le risque de surendettement dû à des primes non-payées. Et qui dit surendettement dit difficulté voire impossibilité d’honorer ses charges et particulièrement ses impôts. Cerise sur le gâteau, les Cantons sont obligés par la loi de payer aux assureurs les primes maladie des assurés ne pouvant les régler, sans oublier en plus les intérêts moratoires!
Les subsides ont donc un effet préventif bénéfique pour les assurés mais également pour la collectivité qui dépense moins pour éponger les impayés et perçoit plus via les impôts.
Que la Suisse entière bénéficie d’une réussite vaudoise!
Loin de la sculpture sur nuage, la limitation des primes maladie à 10% du revenu a déjà fait largement ses preuves en terres vaudoises. Cela fait depuis 2019 que ce mécanisme bénéficie chaque année à près d’un tiers des Vaudoises et Vaudois (environ 278’000 personnes en 2023), preuve s’il en fallait une que ce dispositif répond à un réel besoin. Et si ça marche chez nous, il n’y a aucune raison que cela ne soit pas le cas pour l’ensemble du pays!
En plus, pour les cantons déjà actifs en matière de subside, cette initiative peut venir soulager leurs finances sans générer de coûts supplémentaires puisque la Confédération devra prendre en charge 2/3 tiers des coûts occasionnés. Cela représente pour Vaud, par exemple, une manne de plus de 500 millions à l’heure où Mme Dittli vient de clore l’exercice 2023 avec un déficit de 39 millions!
Pourtant, loin de s’étouffer par ses propres contradictions, le Conseil d’Etat vaudois à majorité bourgeoise ne recommande pas d’accepter l’initiative… Roillée c’te équipe!
Même si un oui le 9 juin prochain semble possible, le match s’annonce rugueux et déséquilibré face à la droite et le lobby des assureurs (pardon pour ce pléonasme). Mais, tel Yann Sommer face à Kylian Mbappe, le peuple suisse peut créer l’exploit et dire stop à l’envolée écœurante de ses primes maladie. La balle est dans votre camp, encore faut-il la mettre au fond!