«Explosion des primes: la population n’en peut plus d’attendre des allègements»: c'est avec ce slogan de tragédie grecque que le Parti socialiste (PS) se lançait, en septembre dernier, à l'assaut des montagnes infernales des primes de la loi fédérale sur l'assurance-maladie (LAMal), pointant du doigt, tel un prophète du malheur, l'inaction de la «majorité de droite».
L’escalade vertigineuse du coût des assurances maladie frappe de plein fouet une classe moyenne prise en étau entre les subventions généreuses octroyées aux moins fortunés et l'indifférence opulente des plus aisés qui essuient les plâtres par un haussement d’épaule.
Pour des prix décents sur les médicaments
Mais alors, dans ce grand théâtre de l'absurde, quel est le rôle de la gauche? Ah, la gauche! Unie comme un chœur antique, elle a récemment appuyé une initiative pour enrichir le catalogue LAMal des soins dentaires, tel un marronnier indémodable du PS, qui, pourtant, a déjà trébuché à maintes reprises face au vote populaire cantonal. Car il faut le savoir: quand on étoffe le catalogue des soins, on étoffe aussi — ô surprise — les primes. Pour tailler dans le budget, il conviendrait peut-être de résister à l'appel du dessert, plutôt que de commander une assiette de fromages supplémentaire.
Puis vient ma motion, tentant de secouer le cocotier: le remboursement des prestations médicales effectuées chez nos voisins. Saviez-vous qu'une boîte de Pantoprazol, best-seller des génériques helvétiques, revient à 17 francs en nos contrées contre 2,20 euros de l'autre côté de la frontière? Adoptée au National, cette mesure semblait prête à secouer l'industrie pharmaceutique pour, miracle, envisager des prix décents. Les Suisses ne seraient donc pas éternellement les dindons de la farce pharmaceutique.
Mais oh! Dans un tour de passe-passe digne d’un illusionniste, la majorité bourgeoise si vilipendée, et supposément inféodée aux lobbys en tous genres, a validé la mesure. Tandis que la gauche, dans un élan d'incompréhension théâtrale, s'est barricadée dans l'opposition. Où est passée la logique quand on repousse, sans même un débat, une proposition qui pouvait (enfin!) introduire une compétition sur le prix des médicaments?
Un choix draconien mais nécessaire
Cette dichotomie s’exprime dans chaque débat sur la réduction des coûts. En septembre, la gauche gronde et s'indigne des primes en hausse. Le reste de l'année, elle accorde son suffrage à chaque augmentation, que ce soit le tarif des soins, le salaire du personnel, l'expansion hospitalière ou l'extension des prestations, tout en repoussant les tentatives de rationalisation des dépenses. Je mets ma main au feu qu’elle soutiendra encore l’homéopathie, la médecine anthroposophique et autres charlataneries lorsque la question se posera.
Nos amis alémaniques ont une expression pour cela: «Wasser predigen und Wein trinken». Prôner l’eau et boire du vin. Il est d'une hypocrisie crasse de plaider pour un plafonnement des primes à 10% du revenu, tout en exigeant que les prestations, elles, soient illimitées. Ne soyons pas dupes, le choix est draconien mais nécessaire: plus de prestations implique des coûts plus élevés. Moins de frais suppose des ajustements systémiques. Ignorez les vendeurs d'illusions, car les froides lois des mathématiques régissent aussi l'univers impitoyable de la santé.