Mourir pour des idées, c’est bien beau, mais lesquelles? Portant mieux que jamais leur qualificatif de sages, nos conseillers fédéraux ont été bien inspirés de suivre Georges Brassens qui nous rappelle qu’il arrive plus souvent qu’à son tour qu’on fasse fausse route, qu’on se trompe d’idée.
Et s’il y a bien un domaine sur lequel on s’est trompé, c’est le nucléaire. Fukushima nous a fait peur, à tort. L’accident nucléaire a provoqué infiniment moins une catastrophe humaine qu’une catastrophe technique, celle de l’abandon provisoire d’une technologie qui nous permettra d’accélérer massivement la réduction de nos émissions de CO2.
Impossible de courir deux lièvres à la fois
En soutenant le renouvellement des centrales nucléaires, notre gouvernement ne tourne pas le dos au nouveau renouvelable, ni aux économies d’énergies, ni à l’énergie hydraulique, ni à la recherche. Au contraire, le Conseil fédéral veut se donner tous les moyens possibles pour assurer à la fois une vraie prospérité pour la Suisse et garantir le respect des accords internationaux, soit offrir aux générations futures une vraie réponse, sans idéologie technologique, à la question du réchauffement climatique.
Or, il est délicat de courir deux lièvres à la fois. On ne pourra pas sortir tant des énergies fossiles que du nucléaire sans renoncer à notre qualité de vie. Comparer le danger des deux énergies ne laisse pourtant pas de place au doute quant aux opportunités. Tandis que le charbon et le pétrole nous exposent à des risques humains, géopolitiques et écologiques incommensurables, le nucléaire s’avère une des énergies les plus sûres, les moins chères et les plus propres actuellement disponibles.
Les arguments contre le nucléaire tournent en rond. Les déchets? Oui, mais ils ne sont pas propres à l’atome: toute l’industrie en produit et leur gestion relève d’un défi humain qui dépasse très largement la seule question atomique. Le risque des centrales? C’est un fait indéniable, mais le nucléaire reste malgré tout une énergie qui présente entraîne largement moins de décès que le charbon, le pétrole et même l’hydroélectricité. Le temps de construction des centrales? Oui, et alors? Personne ne parle de ne recourir qu’au nucléaire.
L’atome fait probablement partie du cocktail énergétique de 2060, mais aussi à celui d’aujourd’hui: c’est l’énergie qui nous permettra de passer l’hiver prochain. Bien sûr, la question se pose de renouveler les (vieilles) centrales que nous exploitons depuis des décennies, mais c’est bien l’atome qui nous assure de disposer de suffisamment d’énergie en 2024, que l’on parle des quatre unités de production nationale ou des électrons que nous achetons en France pour combler les lacunes de notre propre production.
L’opposition de certains écologistes au nucléaire relève d’un dogmatisme qui trouve écho dans le rejet tout aussi dogmatique de certains afficionados du moteur à explosion. La technique n’a pas d’opinion. Les méthodes les plus efficaces doivent être préférées, pas celles qui servent les agendas politiques. Et sous cet angle, le nucléaire a pleinement sa place dans le catalogue des énergies suisses.