Malgré des problèmes de stock
La pénurie de médicaments génériques s'intensifie – et elle pourrait vous coûter cher

Les médicaments génériques bon marché s'épuisent de plus en plus vite. Et lorsque la pharmacie a recours à un original, plus cher, la facture peut vite devenir salée. Voici ce que vous pouvez faire pour éviter une telle situation.
Publié: 09.05.2024 à 06:04 heures
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Dernière mise à jour: 09.05.2024 à 07:27 heures
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Les pharmacies doivent vendre davantage le médicament original.
Photo: Keystone

C'est une tendance qui alarme le secteur de la santé et coûte cher aux patients. De plus en plus, des médicaments génériques bon marché sont en rupture de stock dans les pharmacies. Et quand il n'est pas possible d'attendre que les médicaments reviennent en stock, les pharmaciens et les médecins sont contraints de vendre leurs versions originales. Les caisses d'assurance maladie facturent alors généralement une quote-part de 40%, contre 10% seulement pour les génériques. A une exception près! En effet, cette règle ne s'applique pas lorsque les génériques ne sont pas disponibles.

Des centaines de francs économisés

Prenons un cas concret. Une lectrice a récemment dû se procurer un analgésique puissant pour son mari atteint d'un cancer. Pas de chance, le générique Oxycodone-Naloxone-Mepha, vendu 28,35 francs, n'est pas disponible. L'original, nommé Targin, coûte 47,65 francs pour la même quantité. Sur une année de traitement, cela pourrait entraîner un surcoût de 421,20 francs en raison de la quote-part plus élevée. Or, selon l'Office fédéral de la santé publique, les caisses maladie ne peuvent facturer dans ce cas que la quote-part réduite de 10%.

Dans ce cas, le pharmacien a agi de manière exemplaire en mentionnant la non-fourniture du générique sur la facture adressée à la caisse-maladie, ce qui a permis de facturer au patient la quote-part réduite. Tous les pharmaciens et médecins ne le font pas encore, bien qu'ils y soient obligés.

La non-fourniture des génériques doit être documentée

«Les pharmaciens sont tenus de documenter l'ensemble du processus. Cela signifie qu'ils doivent consigner dans leur système d'exploitation les raisons pour lesquelles la préparation originale a été délivrée. Par ailleurs, ils doivent documenter la non-fourniture des génériques», explique Gregory Nenniger, porte-parole de l'association des pharmaciens pharmaSuisse. «A la réception de la facture, les assureurs-maladie voient alors d'un coup d'œil que la préparation originale n'a été délivrée que parce que les génériques ne sont pas disponibles.»

L'obligation de documentation s'applique également aux médecins. «Cela peut se faire par exemple avec une capture d'écran du site internet du fournisseur de génériques. Le justificatif peut ensuite être déposé dans le dossier médical«, explique-t-on à la Fédération des médecins FMH. La mention «substitution impossible» peut par ailleurs être indiquée sur la facture. La caisse maladie facture alors automatiquement la quote-part la plus basse.

Des dépenses supplémentaires estimées à 15 millions de francs

Par ailleurs, les pharmaciens sont confrontés à un surcroît de travail croissant et non rémunéré à cause de cette situation: «Les estimations des pharmacies au plus fort de la pénurie d'approvisionnement montrent qu'elles consacrent cinq à huit heures par semaine aux mesures qu'elles doivent prendre face à la pénurie de médicaments», explique Gregory Nenniger de l'association des pharmaciens.

Il s'agit notamment d'informer les patients, de chercher des alternatives, de documenter le problème, de contacter les médecins et, si nécessaire, d'importer des médicaments de l'étranger ou même de fabriquer des médicaments. «Une grande partie de ce travail est supplémentaire et n'est pas rémunérée par des forfaits», explique Gregory Nenniger. Il estime ce travail non rémunéré à 15 millions de francs par an.

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