Cette nomination a fait parler d'elle: le conseiller aux États PLR lucernois Damian Müller sera le nouveau président du conseil d'administration de l'hôpital cantonal de Lucerne, c'est ce que souhaite le Conseil d'État lucernois. La raison de cette controverse: Damian Müller est considéré comme l'un des plus importants lobbyistes du secteur de la santé, lui qui a accumulé diverses fonctions et mandats.
Il dirige entre autres le Forum Santé Suisse, qui regroupe des acteurs tels que la faitière des caisses maladie Santésuisse, l'association des entreprises pharmaceutiques suisses Interpharma et la Société suisse des pharmaciens. A partir du mois de mai, Damian Müller assumera également la présidence de l'association professionnelle Swiss Medtech, qui regroupe plus de 700 entreprises du secteur des technologies médicales.
Avec les nombreuses casquettes que le Lucernois porte dans le domaine de la santé, des voix s'élèvent contre des conflits d'intérêts qu'elles jugent inévitables. D'autant que sous la coupole fédérale, Damian Müller préside pour deux ans la commission de la santé du Conseil des États. L'un de ses prédécesseurs libéraux-radicaux à la Chambre haute agissait différemment: Dick Marty – décédé en 2023 – quittait la salle de réunion lorsque la Commission de l'économie devait discuter de tourisme. Car le Tessinois présidait aussi Suisse Tourisme. Une évidence pour Dick Marty, une exception aujourd'hui.
«Tous mes mandats sont publics»
«Nous sommes un Parlement de milice – il est convenu que les parlementaires exercent une activité professionnelle et que leur expérience soit prise en compte dans le travail parlementaire», explique Damian Müller à la demande de Blick. Selon lui, les expériences professionnelles permettent de se faire une idée des défis qui s'offrent aux différentes branches du pays, et elles empêchent ainsi de faire de la politique dans une tour d'ivoire.
Damian Müller a d'ailleurs déjà quitté plusieurs mandats dans le domaine de la santé. Depuis 2022, il gère toutefois une entreprise de conseil. L'utilise-t-il pour faire du lobbying? Damian Müller balaie ces craintes d'un revers de main: «Tous mes mandats sont publics. Je ne travaille pas pour des acteurs du secteur de la santé par le biais de ma société de conseil», assure-t-il.
Damian Müller n'est pas seul dans ce cas-là et le domaine de santé est loin d'être une exception. Mais ce cas illustre bien la manière dont les lobbies peuvent empêcher toute réforme. Un exemple est particulièrement parlant: celui des paquets de réduction des coûts de la santé voulus par l'ancien ministre de la Santé Alain Berset. En 2019, le conseiller fédéral socialiste voulait fixer un prix maximum pour les génériques. Car ceux-ci sont massivement plus chers qu'à l'étranger. Mais au Parlement, Alain Berset s'était heurté à un mur et une alliance de l'industrie pharmaceutique, du corps médical et des pharmaciens avait mis en garde contre des goulets d'étranglement dans l'approvisionnement et une médecine à deux vitesses.
Les lobbies de la santé les plus puissants
Mais quel lobby est particulièrement bien représenté au Parlement? Blick a fait un décompte – à prendre toutefois avec précaution, car une grande part d'incertitude est de mise.
Il est compliqué de décompter les mandats de lobbying et les chiffres cités sont donc à prendre avec précaution. Les données figurant sur le site Internet du Parlement, où les conseillers nationaux et les conseillers aux Etats sont tenus d'indiquer tous leurs mandats, ne correspondent pas toujours aux données figurant sur les sites Internet des politiciens ou sur ceux des entreprises et des associations.
Il existe en outre des mandats multiples, mais Blick ne les a comptés qu'une seule fois. Par exemple, la conseillère nationale PLR et médecin Bettina Balmer est membre de la Fédération des médecins suisses, de la Société des médecins de Zurich et de la Société suisse de chirurgie pédiatrique. Pourtant, elle n'est comptée qu'une seule fois comme représentante des intérêts du corps médical.
Autre point important: tous les mandats ne sont pas rémunérés. Une simple profession permet également d'être compté comme lobbyiste. Le conseiller national PVL Patrick Hässig (45 ans), par exemple, est membre du comité directeur de Spitex Zurich et employé par l'hôpital municipal de Zurich. Il compte donc à la fois comme représentant d'intérêts pour les soins et pour le secteur hospitalier.
Il est compliqué de décompter les mandats de lobbying et les chiffres cités sont donc à prendre avec précaution. Les données figurant sur le site Internet du Parlement, où les conseillers nationaux et les conseillers aux Etats sont tenus d'indiquer tous leurs mandats, ne correspondent pas toujours aux données figurant sur les sites Internet des politiciens ou sur ceux des entreprises et des associations.
Il existe en outre des mandats multiples, mais Blick ne les a comptés qu'une seule fois. Par exemple, la conseillère nationale PLR et médecin Bettina Balmer est membre de la Fédération des médecins suisses, de la Société des médecins de Zurich et de la Société suisse de chirurgie pédiatrique. Pourtant, elle n'est comptée qu'une seule fois comme représentante des intérêts du corps médical.
Autre point important: tous les mandats ne sont pas rémunérés. Une simple profession permet également d'être compté comme lobbyiste. Le conseiller national PVL Patrick Hässig (45 ans), par exemple, est membre du comité directeur de Spitex Zurich et employé par l'hôpital municipal de Zurich. Il compte donc à la fois comme représentant d'intérêts pour les soins et pour le secteur hospitalier.
Le lobby des hôpitaux est le plus important: environ 30 parlementaires ont déclaré des mandats auprès d'un ou plusieurs hôpitaux. Les secteurs de la pharmaceutique et des technologies médicales sont également bien représentés, puisqu'ils comptent deux douzaines d'élus. Les soins et l'aide à domicile arrivent en troisième position – avec une vingtaine de parlementaires. Les intérêts des patients et des caisses maladie sont chacun représentés par une bonne douzaine d'élus. Les médecins ferment la marche: ils ne comptent même pas dix représentants sous la coupole fédérale.
Le Conseil des Etats a rejeté l'interdiction partielle des lobbyistes au Parlement
Le lobby des cantons est de loin le plus puissant. Mais il n'est presque jamais au centre de l'attention publique. Dernièrement, ils ont fait jouer leur pouvoir dans le cadre de la réforme dite Efas, qui consiste à financer de manière uniforme les prestations hospitalières stationnaires et ambulatoires, en partie via les primes maladie, en partie par les impôts cantonaux. Pendant deux ans et demi, les cantons ont bloqué la réforme, à laquelle le Conseil des Etats était pourtant favorable.
L'avocat valaisan et conseiller aux États du Centre Beat Rieder avait, lui, déposé une intervention en 2019 pour limiter le lobbying par les parlementaires en 2019. L'idée avait d'abord été étonnamment bien accueillie, mais elle avait été coulée par le Conseil des Etats en 2022. Pas de quoi faire disparaître le sujet pour autant.
En attendant, de nombreux parlementaires pointent du doigt les avocats au Parlement. Et pour cause. Alors que les uns seraient tenus de déclarer tous leurs mandats au public, les avocats pourraient, eux, se cacher derrière leur secret professionnel – et faire ainsi du lobbying de manière totalement opaque.