La proposition a de quoi faire bondir: «À mon avis, il faudrait envisager de supprimer l'assurance maladie obligatoire», lançait la directrice de la santé zurichoise Natalie Rickli en août dernier dans la «SonntagsZeitung». Peu avant le choc des primes en septembre, l'élue UDC avait ainsi ravivé le débat houleux de la hausse des coûts de la santé.
Voilà des années que ce thème figure parmi les grandes préoccupations de la population. Une aubaine pour les partis, qui tentent de se distinguer les uns des autres avec leurs solutions. En l'occurrence, deux initiatives populaires, sur lesquelles la Suisse votera le 9 juin prochain, font l'objet d'une attention particulière.
Le PS et le Centre dégainent deux initiatives
Avec son initiative pour l'allègement des primes, le PS veut s'attaquer au financement et libérer les ménages de la pression des coûts. Ainsi, selon le parti, personne ne devrait payer plus de 10% de son revenu pour les primes d'assurance maladie. Le reste doit être pris en charge par les cantons et la Confédération.
Avec son initiative sur le frein aux coûts, Le Centre voudrait quant à lui plafonner les coûts. Ainsi, si les primes augmentent 20% de plus que les salaires, les prestataires – médecins, hôpitaux, pharma, pharmacies, etc. – et les politiques devront prendre des mesures d'économie.
Pour l'UDC, l'assurance maladie doit être facultative
Pour Natalie Rickli, c'est tout le système de santé qu'il faut revoir, en plus de la suppression de l'assurance maladie obligatoire. Mais son utilité est discutable: «Si la caisse maladie obligatoire est supprimée, cela coûtera probablement plus cher à tout le monde», rétorque l'économiste de la santé Willy Oggier. Surtout aux malades qui devraient payer beaucoup plus cher les prestataires privés que maintenant.
Le parti veut également stopper les campagnes de prévention coûteuses et revenir sur l'académisation des soins.
Pour le PLR, il faudrait une caisse maladie moins chère
Le PLR ne veut pas être aussi radical, mais veut introduire plus de volontariat et de la réciprocité. Ainsi, en échange d'une caisse maladie moins chère qui permettrait de réduire les coûts des primes d'au moins un quart, les patients devraient se tourner vers les génériques plutôt que sur les médicaments originaux coûteux. Le dossier électronique du patient deviendrait quant à lui obligatoire et des franchises plus élevées seraient également possibles.
«Si les assurés peuvent effectivement choisir volontairement le modèle qu'ils souhaitent, on peut tout à fait l'envisager», estime l'économiste de la santé Oggier. Cela dépendrait toutefois des prestations qu'une telle caisse prendrait en charge. Selon les cas, les jeunes et les personnes en bonne santé passeraient à une caisse moins chère, tandis que les personnes âgées et les malades chroniques paieraient davantage.
En outre, le parti demande par exemple une planification hospitalière suprarégionale et l'autorisation des importations parallèles pour les médicaments et les moyens auxiliaires.
Le PS milite pour une caisse unique
Le PS réclame depuis des années une caisse maladie unique et travaille actuellement sur une nouvelle initiative populaire. Dans le cas d'une caisse unique, il n'y aurait plus qu'une seule caisse, voire une caisse pour toute la Suisse ou par canton ou région.
Les experts doutent toutefois que cela ait un effet. Ces derniers – par exemple pour les salaires des dirigeants, la publicité et l'administration – ne représentent qu'une petite partie des coûts. Et dans le cas d'une caisse unique, la concurrence entre les caisses, qui a également pour effet de réduire les coûts, disparaîtrait.
Le parti veut enfin renforcer les efforts de prévention qui, selon lui, seraient plus avantageux à long terme.
Les Vert-e-s défendent la protection du climat pour baisser les coûts
Les Vert-e-s ont une vision globale de la politique de santé. Ils se sont ainsi fixé pour objectif d'accélérer la réduction de primes, d'introduire à moyen terme des primes en fonction du revenu et de la fortune, ainsi qu'une caisse unique.
Les Vert-e-s misent également sur la prévention afin d'éviter les maladies. Les Vert-e-s considèrent par ailleurs la lutte contre le réchauffement climatique comme une politique de santé. Et pour cause: rien qu'en Suisse, plus de 2000 personnes meurent chaque année de maladies provoquées par la pollution de l'air.
Le PVL veut lutter contre la forte densité de médecins en ville
Les Vert'libéraux veulent éliminer les mauvaises incitations, en ce qui concerne notamment la densité de médecins dans les villes, les mauvaises planifications à l'hôpital ainsi que les coûts des médicaments. Les Verts libéraux veulent notamment centraliser la médecine de pointe, ce qui impose aix cantons de se coordonner entre eux.
En outre, le parti veut lever les tabous sur la maladie et la mort. Ainsi, les directives anticipées permettraient de réduire contre le prolongement de la vie, jugé coûteux.