La guerre en Ukraine divise la Suisse. La question de savoir si le pays doit autoriser les exportations indirectes d’armes vers l’Ukraine fait débat chez la population… mais aussi au sein des partis!
Alors que le PLR, le Centre, les Vert’libéraux et le PS cherchent timidement des solutions pour soutenir l’Ukraine dans sa guerre contre la Russie, l’UDC et les Vert-e-s s’accordent contre l’autorisation d’envoi d’armes suisses. Les deux partis ont néanmoins des raisons très différentes.
Jusqu’à présent, le Conseil fédéral a refusé les demandes de livraison de matériel d’armement qui ont été formulées par le Danemark, l’Allemagne et l’Espagne, invoquant le respect de la neutralité de la Suisse.
Désaccord chez les Vert-e-s
Les Vert-e-s s’opposent fermement à l’exportation d’armes pour des raisons pacifistes. Lors de l’assemblée des délégués du parti fin janvier, une grande majorité s’est prononcée en faveur de l’idée que, l’Ukraine y compris, aucun pays ne puisse bénéficier d’une exception.
Sur Twitter, Aline Trede, conseillère nationale et présidente du groupe, relativise néanmoins la position du parti: «Être contre la livraison d’armes ne signifie pas pour autant être contre l’Ukraine. Au contraire.»
L’écologiste se dit cependant dérangée que la discussion ne porte plus que sur les armes. Elle préfèrerait que l’on parle de l’argent qui transite de la Suisse vers la Russie grâce au commerce de matières premières. La conseillère nationale estime en outre que la Suisse devrait s’investir beaucoup plus dans l’aide humanitaire. «C’est là qu’il faudrait agir», estime la Bernoise.
Si la position de la présidente du groupe des Vert-e-s ne laisse aucun doute, celle de son parti est en réalité moins évidente qu’elle n’en a l’air. En témoigne la réaction de l’ancienne présidente du parti et ex-candidate au Conseil fédéral Regula Rytz, qui a qualifié le tweet en question de «déclaration osée».
Elle invoque une interview de l’historien spécialiste de l’Europe de l’Est, Karl Schlögel. Ce dernier estime nécessaire de «donner à l’Ukraine ce dont elle a besoin pour battre l’armée russe». L’aide en question devrait inclure des armes, semble sous-entendre la réaction de Regula Rytz. Interrogée par Blick, cette dernière refuse toutefois d’être plus concrète.
La motion visant les exportations d’armes indirectes
Les Vert-e-s ne semblent en revanche pas autant opposés aux exportations indirectes d’armes vers l’Ukraine. En témoigne le dépôt par un groupe du parti, lors de l’assemblée des délégués, d’une motion visant à les autoriser.
La conseillère nationale Natalie Imboden fait partie du groupe en question. «Nous devons soutenir l’Ukraine par tous les moyens, se justifie-t-elle, cette guerre contre l’Ukraine ne peut malheureusement pas être arrêtée sans moyens militaires.» Et d’ajouter: «J’aimerais qu’il en soit autrement.»
Aucun parti ne fait l’unanimité
La conseillère nationale Marionna Schlatter est, elle, en revanche tout à fait dans la ligne du parti. Et elle se sent confortée dans sa position. Fin janvier, moins de 10% des délégués étaient favorables à la proposition d’exportation d’armes.
Aucun parti ne serait totalement uni sur cette question, estime la conseillère nationale. «Bien sûr, même chez les Vert-e-s, il y a des gens qui ne sont pas d’accord. Mais la solidarité avec l’Ukraine est énorme au sein du parti.»
Nathalie Imboden soutient la motion du PS
Plusieurs propositions visant à assouplir la loi fédérale sur le matériel de guerre (LFMG) sont sur la table. Entre autres, une motion du PS. Celle-ci demande que le Conseil fédéral puisse annuler les déclarations de non-réexportation lorsque l’Assemblée générale de l’ONU déclare à la majorité des deux tiers qu’une guerre d’agression est contraire au droit international.
«Je soutiendrai la motion du PS», déclare la conseillère nationale écologiste Nathalie Imboden. Mais chez les Vert-e-s, elle fera sans doute partie d’une minorité.