Des conséquences pour l'économie?
L'Allemagne ne veut plus des munitions suisses

L'Allemagne ne veut plus avoir à compter sur des livraisons de la Suisse en temps de guerre. Les munitions pour les systèmes anti-aériens Gepard doivent désormais être produites dans le pays. Cela pourrait avoir des conséquences pour l'économie helvétique.
Publié: 14.02.2023 à 19:07 heures
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Le Danemark n'a pas été autorisé à transférer à l'Ukraine des véhicules de combat d'infanterie Piranha de fabrication suisse.
Photo: Imago
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Daniel Ballmer

Berlin a perdu patience. Depuis le début de la guerre en Ukraine, le gouvernement allemand s’irrite de l’attitude du Conseil fédéral qui empêche les réexportations d’équipements militaires suisses au nom de la neutralité.

Les blindés Gepard et leurs munitions produites en Suisse sont notamment concernés. Résultat: l’Allemagne compte mettre sa menace à exécution et produire elle-même les obus nécessaires.

C’est ce qu’a annoncé mardi le ministre de la Défense allemand, Boris Pistorius, en marge d’une réunion ministérielle à Bruxelles: «Les contrats ont été signés avec les fabricants, a-t-il exposé. Nous allons maintenant reprendre immédiatement notre production chez Rheinmetall pour les munitions Gepard.»

Cette décision a été prise afin de ne plus dépendre de la Suisse et pour pouvoir apporter de l’aide à Kiev. Selon la «Süddeutsche Zeitung», le premier contrat porte sur 300’000 obus livrables à Kiev à partir de juillet.

Munitions produites en Allemagne

L’Allemagne a déjà livré 32 Gepard, un système apprécié, selon lui, par les soldats ukrainiens pour combattre les drones utilisés par l’armée russe dans sa guerre en Ukraine. Cinq autres doivent suivre d'ici à la fin du mois. La fourniture d’obus de Rheinmetall pour les Gepard est limitée et rendue compliquée par un véto suisse sur la réexportation vers l’Ukraine des munitions fabriquées sur le sol de la Confédération helvétique, au nom de sa neutralité.

«Selon la législation suisse, une telle livraison est juridiquement impossible, les exportations vers des pays impliqués dans des conflits internes ou internationaux intensifs et de longue durée étant interdites, avait indiqué l’an dernier Berne.

Rheinmetall a, pour accroître la production de ces munitions, décidé de construire une nouvelle usine en Basse-Saxe (est de l’Allemagne). La production devrait débuter en juin prochain, avec de premières livraisons attendues en juillet, selon un porte-parole de l’entreprise.

«Cela nuit directement à notre sécurité»

Si les pays voisins produisent à nouveau davantage d’armes, les politiciens suisses de la droite craignent les conséquences pour l’industrie suisse. Si celle-ci venait à s’affaiblir, cela pourrait avoir des conséquences sur l’approvisionnement de l’armée suisse. «Il fallait s’y attendre, a réagi sur Twitter la conseillère nationale du centre Elisabeth Schneider-Schneiter. On ne peut manifestement plus compter sur la Suisse. Cela ne nuit pas seulement à notre image, mais directement à notre sécurité.»

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Une modification de la loi envisagée

Pour le conseiller aux États UDC Werner Salzmann, il est clair que la décision de l’Allemagne n’a pas fondamentalement changé la situation. «Nous ne devrions pas céder à la panique maintenant», estime le président de la Commission de la politique de sécurité du Conseil des États. En fin de compte, c’est le Parlement qui doit décider s’il veut ou non réagir aux développements internationaux en modifiant la loi, estime-t-il.

La commission avait récemment présenté une proposition visant à modifier la loi sur le matériel de guerre de manière à ce que la durée de validité des déclarations de non-réexportation ne soit plus que de cinq ans pour certains pays qui achètent du matériel de guerre suisse. Passé ce délai, les pays pourraient transférer les armes ou les stocks de munitions. La balle – ou l’obus – est maintenant dans le camp de la commission sœur du Conseil national.

(Avec l'ATS)

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