C’est un majeur que les Suissesses et les Suisses commencent à avoir l’habitude de voir dressé en l’air. Après son doigt d’honneur au drapeau lors du 1er Août, Mathilde Mottet réitère son geste, ce mardi 2 avril. Cette fois, la coprésidente des femmes socialistes suisses vise son chef de groupe au législatif de Monthey (VS), qu’elle accuse de mobbing.
Nous sommes sur Twitch, sur la chaîne Eteicos, marquée à gauche de la gauche. La Valaisanne de 28 ans, élue le 10 février aux côtés de la conseillère nationale Tamara Funiciello à la tête des femmes socialistes suisses, est invitée en direct pour parler politique et enquiller des canettes de bière.
Lovés trois heures durant dans un confortable entre-soi propice à la confidence, l’élue au Conseil général (législatif) de Monthey et les deux animateurs qui l’accueillent taillent le bout de gras. Visiblement à l’aise, celle qui avait fait polémique en pleine Fête nationale et subi dans la foulée une vague de haine en ligne d’une ampleur monstrueuse développe sans retenue sa vision.
Critiques du Parti socialiste
Pour elle, difficile de faire rimer les éléphants du Parti socialiste (PS) Alain Berset et son successeur au gouvernement fédéral Beat Jans avec politique de gauche. Le trio derrière le micro distingue en outre les socialistes «réformateurs», qui croient à la politique des petits pas menée dans le respect des institutions, et les socialistes «révolutionnaires», qui estiment que des actions plus radicales sont nécessaires pour parvenir à dépasser le capitalisme.
Mathilde Mottet ne se cache pas derrière son petit doigt et déclare se situer dans la deuxième catégorie. À ses yeux, le PS devrait même quitter le Conseil fédéral pour véritablement mener une politique d’opposition. Une mesure choc qu’elle conditionne toutefois à «l’accord de ses 30’000 membres».
Accusations et doigt d’honneur
La discussion, souvent vive et franche, a des accents philosophiques intéressants. Par ailleurs, Mathilde Mottet, qui n'est pas du genre à débiter des stères de langue de bois, n’hésite pas à critiquer sa famille politique. Et tout particulièrement sa section de Monthey, qui «n’a pas de ligne».
Soudain, stupeur: «Mon chef de groupe, qui me 'mobbe' depuis ce fameux doigt d’honneur (ndlr: celui qu’elle a fait le 1ᵉʳ août devant le drapeau suisse) et du coup… Bah, tiens!», lance-t-elle en dressant son majeur devant la caméra. «Je ne pense pas que tu me regardes, mais [c’est] une petite vengeance personnelle», renchérit-elle dans un grand éclat de rire.
Posons les faits. L’homme qu’elle accuse de mobbing s’appelle Fabien Thétaz. Quels sont les actes ou propos litigieux qu’elle impute à cet ancien membre de la Constituante, qui a travaillé par le passé aux Services du Parlement à Berne, au sein du secrétariat de la Commission de gestion? Que lui reproche-t-elle concrètement? Assume-t-elle ce nouveau doigt d’honneur fait en direct sur Twitch — dont la rediffusion a été discrètement supprimée à la suite de nos questions?
Mea culpa bref et sobre
Au bout du fil ce mercredi, le malaise de Mathilde Mottet est palpable. Elle tente, dans un premier temps, de s’opposer à la parution de cet article. Face à l’inéluctable, elle consent finalement à s’exprimer.
Mais uniquement dans une déclaration laconique et écrite: «Je regrette mon geste et mes propos. Je ne souhaite pas m’exprimer sur ce sujet, car il n’a pas de pertinence politique et j’ai besoin de me protéger du cyberharcèlement dont je suis régulièrement victime, comme de nombreuses femmes actives en politiques.»
Confronté à ces allégations puis à ce rétropédalage, Fabien Thétaz paraît affligé. Lui aussi souhaite se prononcer par écrit: «Je suis très surpris et déçu des propos de Mathilde Mottet, glisse-t-il dans un message sur WhatsApp. Je suis rassuré de constater qu’elle les regrette. À la suite de la polémique en lien avec le 1ᵉʳ Août, une discussion ouverte avait eu lieu au sein du groupe. Je discuterai avec le parti pour qu’un dialogue puisse avoir lieu avec Mathilde Mottet.»
À ce stade, d’autres suites sont-elles envisageables pour l’élu local? «Pour cela, je vous renvoie aux instances du parti», botte-t-il en touche, toujours par message électronique. Ambiance...