Il n’avait pas vu ce tweet. Quand on le lui montre ce mercredi 4 octobre, Emilio Lado lâche un soupir : «C’est très violent…» Il y a quelques jours, le président du Centre Vaud a été pris à partie par un profil anonyme prétendument parodique sur X, ex-Twitter.
Alors qu’il débat sereinement et affirme que «l’immigration a toujours été [pour la Suisse] une opportunité de développement avec à chaque époque une magnifique intégration des populations arrivées dans nos régions», le compte «satirique» en question, bien connu dans le microcosme politico-médiatique romand, republie un post du Nord-Vaudois. Et écrit: «Pour le collaborationniste Emilio, l’afflux massif de migrants n’est pas un réel problème. Le crime de trahison a été aboli par le code militaire de 1992. Qui aurait aimé participer légalement au peloton?»
«Ce genre de messages menaçants, c’est la démonstration de la polarisation de notre société», commente le candidat au Conseil national, installé dans un café lausannois. Son cappuccino arrive: «Depuis quelques années, on constate que pour certains, il est de plus en plus difficile de parler avec des gens qui ne partagent pas leurs idées. Il s’agit pourtant des fondements de notre système politique et même de l’ADN de notre pays.»
Favoriser le dialogue
Celui qui a été propulsé à la tête du parti après l’élection de Valérie Dittli au Conseil d’État estime qu’«une inversion des rôles» est visible depuis la fin de la seconde guerre mondiale. «À l’époque, les résistants étaient des humanistes, lance-t-il. Aujourd’hui, ceux qui s’en réclament sont souvent l’opposé: des xénophobes, voire des racistes. En clair: les collabos d’hier sont ceux qui se rêvent en résistants aujourd’hui.»
Emilio Lado ne veut pas s’éterniser sur le tweet litigieux. Après avoir glissé qu’il se réservait le droit d’y donner des suites judiciaires, il appuie sur la nécessité de tout faire pour favoriser un dialogue serein en vue des élections fédérales du 22 octobre.
Le jeune quadra est formel. «C’est la responsabilité de tous les acteurs de la société civile, insiste cet entrepreneur de Rances. Quand l’injure devient argument, c’est qu’il y a un problème. C’est hélas devenu souvent le cas à l’extrême gauche et à l’extrême droite de l’échiquier politique, comme le montrent le doigt d’honneur au drapeau de Mathilde Mottet (ndlr: une jeune socialiste valaisanne) et celui de Jérôme Desmeules (ndlr: un député UDC valaisan) devant la Commission européenne.»
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N’est-ce pas paradoxal de critiquer ces clivages et comportements alors qu’on est justement allié avec l’UDC, une formation qui sait très bien surfer sur la vague de la polarisation? «Disons-le franchement: actuellement, cette alliance n’a de sens qu’au niveau cantonal, rétorque sans ambages le mécanicien de précision. En terres vaudoises, nous partageons des positions concernant des enjeux importants, par exemple la nécessaire baisse de la fiscalité, et un certain ancrage terrien. Le Centre s’oppose clairement à la vision politique de l’UDC portée par la frange blochérienne.»