Un livre perce le mystère
Jean l'évangéliste était-il l'apôtre favori de Jésus?

La période de Noël se prête à la lecture de cette enquête foisonnante. Dans «Jésus, l'enquête», Jean Staune perce l'un des mystères les plus secrets de l'Eglise et de la foi chrétienne. Avec des méthodes modernes de détective.
Publié: 25.12.2022 à 17:04 heures
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Dernière mise à jour: 25.12.2022 à 19:20 heures
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L'enquête sur Jésus et ses apôtres a une portée universelle.
Photo: DUKAS
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Richard WerlyJournaliste Blick

Cette enquête-là est d’une portée mondiale, voire universelle. Elle porte sur les sources de la foi chrétienne et sur les fondements mêmes de l’Eglise. Elle concerne donc directement les 1,4 milliard de catholiques à travers le monde, les 900 millions de protestants, et plonge par ses révélations au cœur du pouvoir et du magistère du pape, au Vatican.

«Jésus, l’enquête» (Ed. Plon), du philosophe Jean Staune, est le livre parfait pour la période de Noël. Car il remet tout en perspective: la vie de Jésus entouré de ses apôtres, l’origine des quatre évangiles à travers une investigation poussée sur Jean l’évangéliste, et l’histoire qui a suivi depuis des siècles pour arriver jusqu’à nous. Vous êtes croyants ou simplement curieux du fait religieux? Lisez cet essai. Il dit comment, au fil du temps, les croyances peuvent devenir vérités et influencer le cours de l’humanité.

Une enquête policière moderne sur le Christ et les siens

On ne vous dévoilera pas le résultat détaillé de cette investigation menée comme une enquête policière moderne. Il ne manque que les moyens de la police scientifique, les traces d’ADN et l’arsenal de données numériques qui, aujourd’hui, permettent d’identifier les présumés coupables. Mais l'on peut déjà vous mettre sur la piste.

Jean Staune a décidé de trancher une question qui hante l’Église depuis deux millénaires: qui était vraiment Jean, le quatrième évangéliste (aux côtés de Luc, Marc et Mathieu)? Est-il le seul d’entre eux à avoir connu le Christ et à l’avoir côtoyé? Etait-il un disciple oublié, que Jésus préférait à ses douze apôtres? Son évangile écrit en Koiné, une forme de grec commune à l’époque, est-il le récit le plus juste des miracles et du martyr de Jésus, fils de Dieu?

L'évangile de Jean, un reportage fiable sur la vie de Jésus

Oui, répond l'auteur pour lequel l'évangile de Jean n'a pas été «inventée à posteriori par des gens n'ayant pas connu Jésus» comme beaucoup l'affirment. Il est, selon lui, l'oeuvre d'un témoin direct des adieux de Jésus aux apôtres, de quelqu'un qui a cotoyé Ponce Pilate, le gouverneur romain de Judée. Un évangile presque journalistique, un quasi-reportage alors que la doxa catholique considère ce quatrième livre comme moins fiable que les trois autres !

Avouez que cette enquête-là est explosive. Des dizaines de penseurs catholiques érudits, parmi lesquels des prêtres, ont écrit sur le sujet. Le pape Benoit XVI, prédécesseur du pape François, a tranché cette question, écartant la thèse du disciple ayant connu Jésus. Alors, pourquoi remettre cela sur le tapis? Pourquoi rouvrir ce dossier comme s’il s’agissait d’une erreur judiciaire à réparer?

L’auteur n’est pas un expert en christianisme. Il ne maîtrise pas le grec ancien. Il n’est pas un historien incontestable de ces temps reculés, et de ce qui se déroula durant la vie de Jean entre Jérusalem, la Galilée et Ephèse (aujourd’hui Selcuk, dans la province d’Izmir en Turquie). Bref, en théorie, Jean Staune aurait dû passer son chemin et s’en tenir aux avis des experts. Mais voilà: l’homme s’est transformé en détective. Il cite Hercule Poirot, le fin limier belge des romans d’Agatha Christie.

Sa méthode est fine. Il croise les sources, vérifie les lieux, scrute les uns et les autres pour savoir qui peut avoir menti et pourquoi. On est parfois dérouté, perdu dans ce labyrinthe christique. Pas grave. Le doute accompagne l’enquête et c’est tant mieux.

«Après avoir pesé le pour et le contre, j’offre à mes lecteurs une synthèse sur le sujet, souvent originale, car mettant parfois en lumière la force d’une position jusque-là jugée minoritaire» explique l’auteur. Juste. Nous voici, avec lui, contraint d’admettre qu’une bonne partie de l’histoire que l’on raconte sur Jésus est faite de rumeurs et de «fakenews», transformées en réalité par l’Institution ecclésiale au fil des siècles.

Jean, l’évangéliste de toutes les querelles

Vous pensez que la personnalité de Jean, le quatrième évangéliste, n’a pas d’importance? Détrompez-vous. Ce livre explique pourquoi. «La question de Jean est devenue l’otage d’une lutte entre les modernistes, pour qui nous n’avons pas d’informations crédibles sur Jésus, et le «canal historique» cramponné à ses certitudes traditionnelles» poursuit l’enquêteur.

Il s’agit donc bien du Christ lui-même. Peut-on croire aux faits cités dans la Bible? C’est tout le sujet. Car pour beaucoup d’experts, Jean n’existe pas. «Son évangile aurait été composé dans une communauté […] constituée de Grecs ayant mélangé la philosophie grecque au christianisme et inventé un Christ ne correspondant à rien au plan historique» avertit Jean Staune. Attention, cette enquête est hérétique!

Accrochez-vous. Suivre un policier sur une piste n’est jamais aisé. Chaque chapitre est une surprise. La vérité se mérite. Mais au fil de la lecture de «Jésus l’enquête», tout s’explique: Noël est d’abord un mystère. Or les mystères, même éclaircis, conservent toujours la force de leur légende.

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