Premiers éclaircissements
Les vérités cachées du duel entre Poutine et Prigojine

De nouvelles informations sur l'affrontement entre le chef de la milice Wagner et le président russe ont émergé depuis samedi. Elles confirment que ce duel pourrait s'avérer déstabilisateur pour le pouvoir à Moscou.
Publié: 26.06.2023 à 17:11 heures
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Dernière mise à jour: 27.06.2023 à 06:38 heures
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Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a servi de messager à Vladimir Poutine. C'est lui qui a convaincu Prigojine de renoncer
Photo: AFP
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Richard WerlyJournaliste Blick

Comment y voir clair sur les motivations, le déroulement et les conséquences de la mutinerie du groupe Wagner samedi 24 juin? Le scénario le plus souvent évoqué tout au long du week-end, y compris dans nos colonnes, était celui d’un coup de force lancé par son chef, Evgueni Prigojine, contre le président Vladimir Poutine auquel il doit pourtant presque tout. Mais quel type de coup de force? Un coup d’État ou, au contraire, une démonstration de puissance destinée à débusquer les faux alliés de Poutine et à faire trembler les chefs de l’armée? L’intéressé a répondu dans une intervention audio de onze minutes ce lundi 26 juin. Il affirme avoir juste voulu défendre son groupe Wagner. Résumé des vérités cachées du duel Poutine-Prigojine.

Poutine-Prigojine: le résultat direct de la guerre en Ukraine

Cela ne fait aucun doute. La décision folle d’Evgueni Prigojine de lancer ses troupes à l’assaut de Rostov-sur-le-Don, contrôlée sans tirer un coup de feu, est le résultat direct des frustrations et de la colère du chef de guerre. C’est ce qu’il confirme dans son intervention audio de ce lundi, dans laquelle il prend bien soin de ne pas indiquer où il se trouve. Prigojine était persuadé que l’armée régulière et ses chefs veulent sa peau.

Tout est parti de la bataille de Bakhmout, remportée par Wagner après de très lourdes pertes, et de la ligne de front en Ukraine où se déroule en ce moment la contre-offensive de l’armée de Kiev. Moscou avait annoncé à la mi-juin l’intégration de la milice dans son armée dès le 1er juillet. Un processus qui semble tout sauf tranquille et organisé. En effet, Prigojine est apparemment convaincu que le ministre de la défense Sergueï Choïgou et le chef d’État-major Vitali Guerassimov ont ordonné le bombardement des positions de Wagner dans le but de le tuer.

Cette nouvelle l’aurait enragé et l’aurait poussé à obtenir l’intervention directe de Vladimir Poutine en mobilisant ses troupes ce samedi. Il n’a toutefois pas répété, dans son message diffusé lundi, ses accusations contre les deux hommes. Depuis sa volte-face d’ailleurs, aucune décision n’a été prise par Vladimir Poutine et la hiérarchie militaire russe demeure inchangée.

Retrouvez Richard Werly sur BFM TV à propos de l’intervention audio de Prigojine

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Poutine – Prigojine: Entre les deux, l’avenir de Wagner

Selon plusieurs analystes, la rébellion de Prigojine n’était pas une tentative de conquête du pouvoir ou de prise de contrôle du Kremlin. Son message audio conforte cette thèse. Prigojine allait être chassé et redoutait que l’appareil d’État se retourne contre lui, après l’intégration de sa milice dans l’armée, toujours fixée au 1er juillet, sans que l’on en connaisse les conditions. Son objectif, affirme notamment l’experte Tatiana Stanovaya «était d’attirer l’attention de Poutine et d’imposer une discussion sur les conditions de préservation de ses activités – un rôle défini pour Wagner, la sécurité et le financement. Il ne s’agissait pas d’une demande de renversement du gouvernement, mais d’une tentative désespérée de sauver l’entreprise.

A ce niveau-là, deux nouveaux éléments sont apparus: ce lundi 26 juin, le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov a confirmé que les activités de Wagner en Afrique allaient continuer. Et Prigojine affirme que le président biélorusse Loukachenko lui aurait aussi donné des garanties.

Poutine-Prigojine: Une escalade mal anticipée

Il semble qu'Evgueni Prigojine a été pris au dépourvu par la réaction de Poutine. Il n’était pas préparé à assumer le rôle d’un révolutionnaire. Il n’était pas non plus préparé au fait que ses miliciens seraient reçus avec des bravos à Rostov-sur-le-Don. La désagrégation du pouvoir russe, ou en tout cas les fissures constatées ce week-end, n’avaient pas été anticipées. Résultat: Prigojine s’est retrouvé confronté à un scénario bien plus dramatique que celui qu’il avait prévu. Il voulait exercer une pression sur le régime de Poutine, et il s’est retrouvé qualifié de putschiste et accusé de «trahison». Pas étonnant, dans ces conditions, qu’il ait rapidement accepté les propositions d’un autre vieux complice: le président biélorusse Loukachenko.

Retrouvez Richard Werly dans «Les Informés» de Franceinfo

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Poutine-Prigojine: Un coup dur porté au pouvoir Russe

Vladimir Poutine et l’État Russe ont reçu un coup dur. Même si la Chine a tardivement réagi, estimant que le coup de force de samedi est une «affaire intérieure» et réaffirmant son soutien à la «stabilité de la Russie», le dommage est lourd en termes d’image. Le fait est, quelle que soit l’issue, que la confusion a régné pendant deux jours dans la capitale russe. L’autre scénario évoqué: celui d’un coup porté par Prigojine contre le «clan de Moscou» (celui de l’État-major militaire) avec l’assentiment de Poutine, n’est pas non plus porteur de victoire puisque pour l’heure, c’est le statu quo. Vladimir Poutine semble avoir été pris de court par la fraternisation de la population avec les miliciens Wagner, et par le risque d’une montée des «wagnériens» vers Moscou. Il a donc résolu le problème en expulsant Prigojine en Biélorussie et en pardonnant aux miliciens, qui ne seront pas poursuivis. C'est du moins ce qui leur a été promis…

Pour le quotidien «Politico»: «L’image de Poutine en tant que leader invulnérable de la Russie est irrémédiablement endommagée et le ministère russe de la Défense, qui supervise l’effort de guerre en Ukraine, risque de subir de sérieuses perturbations. Les 25’000 mercenaires de Wagner, sont supposés retourner dans leurs bases et signer leurs contrats avec le ministère russe de la Défense. Mais dans quelle mesure ces troupes peuvent-elles encore avoir confiance dans le maître du Kremlin?»

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