Un sommet de plus, et après? Lorsque les chefs d’État ou de gouvernement présents à Paris pour la seconde journée du sommet pour un nouveau pacte financier mondial achèveront leurs débats ce vendredi, de nouveaux montants d’aide seront évidemment annoncés. Alain Berset, qui représente la Suisse à cette réunion, sera aussi sur la photo. Une flopée de chèques virtuels seront donc signés, et Emmanuel Macron, hôte de ce sommet, répétera à coup sûr son engagement à «un choc de financement public face à la crise climatique et à la pauvreté qui minent le développement des pays du sud».
La guerre en Ukraine vide les caisses
Le problème est que cette attitude ne passe plus. D’abord, parce qu’elle n’est plus crédible à l’heure de la guerre en Ukraine qui vide les caisses des pays occidentaux alliés de Kiev, et promet de drainer leurs ressources pendant la décennie prochaine, pour permettre à ce pays agressé de se reconstruire. Ensuite parce que la différence entre les sommes promises (et pas toujours déboursées, loin s’en faut) et les besoins devient de plus en plus exponentielle.
L’organisation OXFAM a mis jeudi un chiffre faramineux sur la table: 27'000 milliards de dollars sont nécessaires pour permettre au pays du sud de faire face aux bouleversements engendrés par la crise climatique. C’est à la fois astronomique et réaliste. Les premières évaluations du coût de la reconstruction de l’Ukraine, dont une partie du territoire seulement est détruite, n’atteignent-elles pas déjà 1000 milliards?
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Emmanuel Macron, Alain Berset, la Première ministre de la Barbade Mia Mottley (co-organisatrice du sommet) et tous les dirigeants présents à Paris ont de nouveau posé les bonnes questions. Mais la manière d’y répondre est aujourd’hui caduque. Même s’ils ne l’admettent pas, les pays riches ne seront pas capables seuls d’assumer, dans les décennies à venir, la facture du dérèglement climatique dont le président brésilien Lula vient encore d’accuser les pays occidentaux d’être largement responsables.
Pour les pays européens en particulier, la priorité sera l’Ukraine, la consolidation du flanc est du continent, et leur propre transition énergétique, synonyme dans beaucoup de domaines de carnage industriel. Alors cessons de promettre ce qu’on ne peut plus tenir! Les pays africains, en se tournant vers la Chine ou la Turquie, jouent de toute façon un double langage. Ils continuent de tendre la main à l’Occident, en sachant que leur avenir se joue sans doute ailleurs.
Oser la franchise
La solution pour combler ce fossé devenu précipice est d’oser la franchise. L’Occident, s’il existe, ne pourra pas se passer de la Chine, à la fois concurrente et partenaire, pour affronter les défis écologiques et sociaux de demain sur une planète sous pression climatique. L’Europe, si elle se coupe définitivement des ressources de la Russie, devra affronter une transformation très coûteuse et très risquée. Le seul pacte financier mondial qui puisse tenir, face aux bouleversements du monde, est celui qui résulterait d’un accord entre toutes les grandes puissances démographiques, industrielles (et donc polluantes) et financières, représentées dans l’enceinte du G20.
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Cela suppose, on l’aura compris, de ramener la paix en Ukraine, de stabiliser ce champ de bataille est-européen, et de calmer le jeu entre les États-Unis et la Chine. Tous les autres scénarios sont, du point de vue de la solidarité internationale, voués à l’échec.
Problème: personne ne voit aujourd’hui comment y parvenir. Et personne, du côté occidental, n’a envie d’assumer un virage politique qui tienne compte de ces implacables réalités. La politique des chèques est bien plus commode. Surtout s’ils sont, à terme, sans provision.