Le Conseil fédéral doit en débattre ce mercredi
Est-on vraiment sûr que la Suisse n'a pas besoin de l'Union européenne?

Ne ratez pas ce mercredi à 20h l'édition spéciale du «PoinG» de Léman Bleu, sur les relations entre la Suisse et l'Union européenne. Blick sera à bord. Pile le jour où le Conseil fédéral doit enfin débattre des grands axes de négociation. Alors, accord ou pas accord?
Publié: 21.06.2023 à 11:44 heures
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Ignazio Cassis a la main sur le dossier européen. Va-t-il franchir le pas et défendre de «grands axes de négociation» avec l'UE qui permettront enfin à la Suisse de sortir de son isolement?
Photo: keystone-sda.ch
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Richard WerlyJournaliste Blick

«Que l’on arrête enfin cette mascarade!» Ce cri du cœur est celui de Gilbert Casasus. Pour l’ancien professeur d’études européennes à l’université de Fribourg, habitué des colonnes de Blick, l’heure est venue de dire stop, plus de deux ans après le rejet unilatéral par le Conseil fédéral du projet d’accord institutionnel avec l’Union européenne, le 26 mai 2021.

«Les rencontres entre Berne et Bruxelles s’éternisent et aboutissent de plus en plus au résultat que chacun aurait pu prédire depuis longtemps. Soit à rien. C’est-à-dire à rien du tout», ironisait à juste titre l’universitaire, début juin dans une tribune publiée par «La Liberté». Or voilà qu’un début de réponse à ce cri d’alarme pourrait tomber ce mercredi, après une matinée de débats au Conseil fédéral. Au menu: l’adoption de possibles «grands axes» en vue d’une reprise formelle des négociations avec la Commission européenne. Mais rien n’est sûr. La mascarade n’est pas certaine de trouver son épilogue.

Pas question de laisser le sujet européen s’enliser

Sur ce sujet, le débat va en revanche trouver sa place ce mercredi 21 juin à 20h sur le plateau du «PoinG», le talk-show hebdomadaire de la chaîne genevoise Léman Bleu, en partenariat avec Blick. Pas question de laisser le sujet européen s’enliser, même si beaucoup en Suisse, à l’approche des élections fédérales d’octobre, préféreraient cette option. En exclusivité, l’ambassadeur européen à Berne, Petros Mavromichalis, y échangera avec les conseillers nationaux Simone de Montmollin (PLR), Samuel Bendahan (PS) et Manfred Bühler (UDC).

Avec cette question simple: est-on vraiment sûr, en 2023 et alors que la guerre en Ukraine rebat les cartes géopolitiques du continent, que la Suisse n’a pas besoin de l’Union européenne (et vice-versa)? Coïncidence éloquente du calendrier: cette émission spéciale sera à la fois diffusée dans la foulée de possibles annonces du Conseil fédéral, et au moment où Ignazio Cassis assistera à Londres à la seconde conférence sur la reconstruction de l’Ukraine, après celle de Lugano les 4 et 5 juillet 2022.

Mascarade: le mot est-il trop fort? La preuve est en tout cas faite que la Suisse n’entend ni rompre avec ses voisins, ni faire cavalier seul dans un environnement où sa neutralité ne va plus de soi. La preuve? La participation de la Confédération au récent sommet de la Communauté politique européenne à Chisinau (Moldavie), le 1er juin, et la proposition de Berne d’héberger un prochain sommet de ce forum informel destiné à regrouper tous les chefs d’État ou de gouvernement du continent.

«La Suisse se sent bien dans les souliers de la Communauté politique européenne (ndlr: CPE). C’est une sorte de pantouflage européen. Mais le Conseil fédéral ferait mieux de ne pas se réjouir pas trop vite», avertit Gilbert Casasus, qui présidera ce jeudi 22 juin à Montreux une journée de débat sur la neutralité de l’Académie suisse de politique étrangère. Son avis? «La Confédération politique européenne n’est pas un refuge pour se sortir du guêpier, où la Suisse s’est engouffrée dans ses pourparlers avec l’Union européenne. La Suisse ne peut pas en prendre prétexte pour arrêter ses discussions exploratoires avec la Commission. Si Berne aime à explorer la CPE, celle-ci ne lui offrira pas le laboratoire exploratoire souhaité qu’elle désire obtenir. La CPE n’est pas un placebo européen pour Berne. Bruxelles y veillera.»

Alors, on décide?

Alors, on décide? Du côté romand, chacun cogite et apporte en tout cas sa pierre. «L’ignorance mutuelle entre la Suisse et l’Union européenne est aujourd’hui un réel problème en matière de sécurité et de défense. Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, l’Europe change et s’adapte bien plus vite que la Suisse ne l’avait anticipé», ont averti le 7 juin à Genève les députés européens Bernard Guetta et Sandro Gozi, dans le cadre d’un colloque sur la défense européenne du Centre Dusan-Sidjanski.

Parler de défense européenne à l’ombre de la Croix blanche et au bord du Léman peut surprendre. Mais là aussi, la réalité impose ses règles.: «Un pays comme la Suisse ne peut plus se permettre un isolationnisme absolu en matière de sécurité. C’est un leurre, juge l’universitaire Nicole Gnesotto, qui présidait cette manifestation. La donne militaire et sécuritaire de 2023 n’est plus celle des années 1940. Les frontières terrestres ne sont plus une protection intangible, tant s’en faut. On ne peut pas parler de l’avenir de la Suisse indépendamment de l’avenir de l’Union européenne.»

Répondre aux questions

Poser des questions, c’est aussi tenter d’y répondre. Et dans ce domaine, les syndicats suisses jouent un rôle décisif. Ce sont eux qui ont assez largement bloqué le projet d’accord institutionnel, finalement rejeté en mai 2021. «Ce mercredi, le Conseil fédéral devrait fixer les grandes lignes d’un nouvel axe de négociation avec l’UE, pronostique Pascal Tischhauser dans les colonnes de Blick. Cette fois-ci, un accord pourrait être conclu, notamment sur la question de la protection des salaires en Suisse, afin de préserver les conditions de travail et le service public en cas d’ouverture sur l’Europe […]»

Et de citer Adrian Wüthrich, président de l’organisation syndicale faîtière Travail.Suisse: «Si l’Europe s’engage effectivement à maintenir la protection des salaires à son niveau actuel, le Conseil fédéral devrait entamer à l’automne des négociations avec Bruxelles en vue d’un accord.»

Le cas d’Alexandre Fasel

Mais encore faudra-t-il, si Berne sort de son mutisme, quelqu’un pour négocier. Or un autre suspense dure: celui de l’identité du futur négociateur en chef helvétique, après le départ annoncé de Livia Leu pour l’ambassade de Suisse à Berlin. Le nom de l’actuel ambassadeur pour la diplomatique scientifique, Alexandre Fasel, circule.

Sauf qu’au sein du Département fédéral des Affaires étrangères, un sérieux «bug» complique tout: les observateurs les plus chevronnés pensent que Fasel serait le candidat magique, note notre confrère alémanique Watson. Celui-ci serait en mesure de redonner du profil et du poids à la fonction de secrétaire d’État, que ce soit en matière de gestion du personnel ou de définition des priorités de la politique étrangère suisse, y compris dans les négociations avec l’UE. Mais un observateur bien informé assure que, selon lui, «ce sont les bureaucrates qui dirigent le département, notamment parce qu'Ignazio Cassis lui-même ne s’intéresse guère au personnel ni aux projets». Résultat, selon Watson: «Il semble de plus en plus évident que 'l’option Fasel' se soit évanouie. Le Fribourgeois, considéré par beaucoup comme l’un des poids lourds du DFAE, n’a pas déposé sa candidature pour le poste de secrétaire d’État.»

Vous avez dit «mascarade»? Rendez-vous sur Léman Bleu à 20h ce mercredi pour s’en assurer, et tenter de dissiper l’épais brouillard européen dont la Suisse ne parvient pas à sortir (ou ne le veut pas).

Pour se connecter: www.lemanbleu.ch


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