Impossible de ne pas faire un rappel d’emblée: l’explosion spectaculaire d’un immeuble qui vient d'avoir lieu mercredi à Paris, dans le 5e arrondissement de la capitale, a aussitôt fait remonter à la surface un terrible souvenir. Le 12 janvier 2019, une catastrophe similaire avait bouleversé la vie quotidienne des habitants de la partie du 9e arrondissement proche des Grands Boulevards. Quatre personnes trouvèrent alors la mort dans l’explosion d’un bâtiment situé au 6 rue de Trévise.
La justice saisie du drame de la rue de Trévise
Aujourd’hui, des poutres demeurent en place pour maintenir les façades des immeubles voisins. Des plaintes ont été déposées. La justice a été saisie.
C’est ce scénario du pire qui plane aujourd’hui sur le spectacle de désolation à hauteur du 275-277 rue saint Jacques, à proximité du Panthéon. En ce jour de fête de la musique, la façade de l’immeuble soufflé par une explosion soudaine vers 17 heures s’est effondrée sur la chaussée. Bilan: 29 blessés, dont quatre en urgence absolue. Deux disparus n'ont toujours pas été retrouvés à l’heure d’écrire ces lignes.
Quatre ans séparent les deux tragédies. Mais les ressemblances font mal.
La mairie de Paris accusée
Sans surprise, les accusations portent déjà contre la mairie de Paris, par ailleurs mise en cause pour la saleté chronique de la capitale française, pour l’augmentation de la criminalité et pour la multiplication désordonnée des travaux publics, à un an des Jeux Olympiques qui démarreront le 26 juillet 2024.
Qui est responsable de cette gestion souvent qualifiée de désastreuse? La maire socialiste de la capitale Anne Hidalgo, réélue en 2020? La région Île-de-France présidée par sa rivale politique de droite Valérie Pécresse? L’État?
Une enquête a été ouverte pour blessures involontaires avec la circonstance aggravante de «mise en danger délibérée de la vie d’autrui», a précisé la procureure de la République de Paris. L’immeuble, qui abritait les bureaux d’une université privée américaine, fera à coup sûr l’objet d’investigations approfondies.
La plus belle ville du monde, capitale blessée
Que Paris soit considérée comme la «plus belle ville du monde» est constamment sujet de débat. Sa propension à attirer le malheur aussi bien que les louanges est en revanche avérée.
On pense bien sûr aux attentats terroristes islamistes du 13 novembre 2015 qui ont ensanglanté la capitale, faisant plus de 130 morts.
L’incendie du bazar de la Charité, version série télévisée:
Mais d’autres catastrophes ont pour toujours marqué cette métropole, au point de faire l’objet de livres, de films et de quantité de documentaires.
L’une des plus spectaculaires fut le 4 mai 1897, l’incendie du Bazar de la Charité lors d’une vente de bienfaisance. Bilan: 125 morts dont 118 femmes venues pour participer à cette vente aux enchères exceptionnelle.
Autre catastrophe, souterraine celle-là: l’incendie survenu sur la ligne 2 du métro parisien alors naissant, le 10 août 1903. Bilan: 84 passagers morts asphyxiés.
Un autre incendie marque la réputation commerciale de Paris d’un sceau tragique: celui des magasins Le Printemps, le 28 septembre 1921. La capitale française est alors à l’apogée de sa gloire, durant l’entre-deux-guerres. Le célèbre magasin du boulevard Haussmann se retrouve la proie des flammes. Plus de quarante personnes périssent ce jour-là.
Le calvaire de Paris est surtout associé, ces dernières années, à l’incendie de Notre-Dame. Regardez sur une carte de la ville: un kilomètre environ sépare la cathédrale ravagée par les flammes le 15 avril 2019, et l’immeuble explosé du 275-277 rue Saint-Jacques. Tout un symbole.
Sur le chantier de Notre-Dame, bardé d’échafaudages, les équipes d’ouvriers s’affairent jour et nuit pour tenir le délai promis par Emmanuel Macron: la remise en état de ce monument si symbolique pour les J.O de 2024.
Or voilà que dans le quartier historique du Panthéon, là où eurent lieu les émeutes de mai 1968, l’histoire est redevenue terrible. «On a ressenti une explosion très soudaine, comme un souffle», raconte un pharmacien du quartier du Val-de-Grâce à Franceinfo. «D’un seul coup, il y a eu une explosion d’une violence incroyable. Ça a ouvert mes fenêtres avec une violence folle. J’ai cru à un tremblement de terre. Ça a été vraiment très très très impressionnant» témoigne un autre.
«Emily in Paris» est partie…
Paris outragée. Paris blessée. L’accident survenu ce mercredi dans la capitale française est assuré de relancer toutes les spéculations sur l’état de la voirie et des infrastructures urbaines dans cette ville où la densité de population dépasse les 20 000 habitants au km2.
L’explosion de la rue Saint-Jacques, suivie par les touristes du monde entier qui affluent en ce moment vers Paris, montre en tout cas qu’il existe une face sombre et problématique de la capitale française.
Loin des images romantiques et parfaites de la série «Emily in Paris». Emily, d’ailleurs, ne vivra plus à Paris pour la prochaine saison. Elle va partir pour Rome.