Succès électoral de la droite
En Grèce, la gauche des années de crise est bien morte

Comme l'on s'y attendait, le premier ministre sortant Kyriakos Mitsotakis a largement remporté les législatives grecques, un mois après un premier scrutin. La gauche, de nouveau battue, a perdu le crédit des années de crise.
Publié: 25.06.2023 à 21:32 heures
|
Dernière mise à jour: 25.06.2023 à 22:54 heures
1/5
Les supporters du parti de droite «Nouvelle démocratie» ont, pour la seconde fois, crié victoire. Ce deuxième scrutin assure à leur formation une majorité stable au parlement.
Photo: Anadolu Agency via Getty Images
Blick_Richard_Werly.png
Richard WerlyJournaliste Blick

La gauche grecque est-elle morte sur l’autel de la crise financière des années 2010-2020? Par deux fois en effet, le 21 mai et ce 25 juin, l’ancien premier ministre Alexis Tsípras, chef de la coalition de gauche radicale Syriza, a mordu la poussière dans les urnes. Il y a un mois, l’homme qui dirigea la Grèce entre 2015 et 2019 avait atteint avec peine 20% des suffrages, contre 41% pour le premier ministre sortant de droite, Kyriakos Mitsotakis. Ce dimanche, l’écart s’est encore creusé. Syriza devrait plafonner autour de 17%, tandis que la Nouvelle Démocratie, le parti conservateur, renouvelle son score du 21 mai et obtient l’assurance d’une majorité stable pour cette nouvelle législature. Le Pasok, l’ex-parti social-démocrate, est revenu dans la course avec environ 12% des voix. Mais il reste loin, pour l’heure, de pouvoir reprendre les rênes du pays.

Mitsotakis et son bilan

Les raisons de la victoire de Kyriakos Mitsotakis, outre son bilan économique respectable marqué entre autres par la fin des remboursements de la Grèce au FMI, tiennent avant tout à la demande de stabilité et d’autorité d’une majorité de la population.



La décennie précédente, celle de la crise financière, a été pour les Grecs celle de toutes les humiliations et de toutes les angoisses. Le pays a frôlé la sortie de l’euro. Le sauvetage financier européen était assorti de conditions drastiques, socialement très douloureuses. Pas question donc de revivre une pareille expérience.

Erdogan et la mer Égée

S’y ajoutent les inquiétudes provoquées d’une part par les tensions en mer Égée avec la Turquie (où Erdogan a été réélu le 28 mai), et le problème de l’immigration clandestine incarné tragiquement par le naufrage d’un navire chargé de migrants au large du Péloponnèse le 14 juin. Le fait est que dans cette affreuse affaire, l’attitude discutable des garde-côtes grecs n’a pas provoqué de vague d’indignation dans le pays de nature à fragiliser le gouvernement conservateur sortant. La volonté du premier ministre Mitsotakis de poursuivre l’édification d’un mur sur la frontière avec la Turquie a été, au contraire, saluée dans les urnes.


La leçon de cette élection grecque est que la gauche hellénique a perdu sa force motrice. Sa contestation sociale des plans financiers européens n’est plus audible. Son silence sur la question migratoire n’est plus crédible. Face à la demande de stabilité et d’autorité, ses propositions ne trouvent plus preneurs tandis qu'une partie de l'électorat lorgne du côté nationaliste et extrémiste, comme le prouve le retour au parlement d’un parti d’extrême droite issue de la formation néonazie interdite «Aube Dorée».

Rancœurs et traumatismes au fond des urnes

A quelques semaines des élections législatives espagnoles du 23 juillet, qui décideront ou non d’un nouveau mandat pour l’actuel premier ministre socialiste Pedro Sanchez, le scrutin grec confirme combien les ravages sociaux de la crise financière ont, in fine, contribué à faire basculer d'un coté les électeurs vers la droite traditionnelle, et de l'autre vers des formations identitaires et réactionnaires. Les rancœurs et les traumatismes de la crise grecque, cicatrisées en surface, étaient ce dimanche au fond des urnes.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la