Sous mandat d'arrêt international, Vladimir Poutine s'est rendu à Marioupol en hélicoptère et a fait un tour de la ville, au volant d'une voiture, a indiqué dimanche le service de presse du Kremlin, cité par les agences de presse russes. Il s'agit du premier déplacement du président russe dans cette cité portuaire d'Ukraine assiégée pendant des mois par les forces russes avant de tomber en mai 2022.
Vladimir Poutine a parlé avec des habitants, visité des lieux d'intérêt et s'est fait présenter un rapport sur les travaux de reconstruction de cette ville dévastée, selon la même source.
Cette visite-surprise à Marioupol constitue surtout le premier voyage du maître du Kremlin dans le Donbass, en zone conquise, depuis le déclenchement de l'offensive russe le 24 février 2022, qui a valu à Moscou une série de sévères sanctions internationales.
Accusé de crime de guerre
Selon le Kremlin, avant d'aller à Marioupol, Vladimir Poutine a également tenu une réunion à Rostov, en Russie, avec des responsables de l'armée russe, notamment le chef de l'état-major Valeri Guerassimov.
Il s'était auparavant rendu en Crimée samedi pour le 9e anniversaire de l'annexion de cette péninsule ukrainienne par la Russie, également visée par des sanctions internationales pour cette raison. Il s'agissait de sa première visite en Crimée depuis 2021.
Vladimir Poutine est visé depuis vendredi par un mandat d'arrêt émis à son encontre par la Cour pénale internationale (CPI), qui l'accuse de crime de guerre de «déportation illégale» d'enfants ukrainiens.
La Cour, qui siège à la Haye, a également tenté de vérifier si le bombardement et le siège de Marioupol, dans le sud-est de l'Ukraine, pouvaient constituer un crime contre l'humanité. Elle a conclu qu'il lui manquait des éléments pour parvenir à une telle conclusion, n'ayant pas eu accès à la région de Donetsk, où se trouve Marioupol.
16'000 enfants déportés
Le Kremlin a jugé «nul et non avenu» le mandat d'arrêt de la CPI, dont Moscou ne reconnaît pas la compétence.
Plus de 16'000 enfants ukrainiens ont été déportés vers la Russie depuis l'invasion le 24 février 2022, selon Kiev, et beaucoup auraient été placés dans des institutions et des foyers d'accueil.
Arrivé à Sébastopol, port d'attache de la flotte russe de la mer Noire en Crimée, Vladimir Poutine a notamment assisté samedi à la cérémonie d'inauguration d'une école des arts pour enfants en compagnie du gouverneur local, Mikhaïl Razvojaïev, selon les images diffusées par la chaîne de télévision publique Rossia-1.
Cette ville n'étant située qu'à environ 240 km de Kherson, une cité méridionale ukrainienne reprise par l'armée de Kiev en novembre après le retrait des forces russes, ce déplacement de Vladimir Poutine était aussi le premier effectué dans un endroit si proche de la ligne de front.
«Notre pays a un dirigeant incroyable!»
«Notre président Vladimir Vladimirovitch Poutine sait surprendre. Dans le bon sens de ce mot, a écrit sur Telegram Mikhaïl Razvojaïev. Mais Vladimir Vladimirovitch est venu en personne. Lui-même. Au volant. Parce que lors d'une journée historique comme aujourd'hui, il est toujours avec Sébastopol et ses habitants.»
«Notre pays a un dirigeant incroyable!», s'est encore enthousiasmé le gouverneur local.
La Russie a annexé la Crimée le 18 mars 2014, à la suite d'un référendum non reconnu par Kiev et la communauté internationale.
Visite de la Chine imminente
Si le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé en janvier qu'il entendait reprendre la Crimée – «notre terre» – par les armes, Moscou ne cesse de marteler que la «Crimée est russe», en refusant d'en faire l'objet d'éventuelles négociations de paix.
Le mandat d'arrêt international à l'encontre de Vladimir Poutine a été délivré le jour où Moscou et Pékin ont dévoilé la visite du dirigeant chinois Xi Jinping en Russie la semaine prochaine, censée ouvrir une «nouvelle ère» dans les relations entre deux alliés.
Cette visite aura lieu du 20 au 22 mars, un peu plus d'un an après le lancement de l'offensive russe en Ukraine qui a conduit le Kremlin à se réorienter vers la Chine, sur fond de tensions avec l'Occident qui soutient l'Ukraine.
Le mois dernier, la Chine a cherché à s'imposer comme médiateur en publiant un document exhortant Moscou et Kiev à tenir des pourparlers de paix.
(ATS)