Par les temps qui courent, il s'agit d'une rencontre particulièrement explosive. Mardi, le dirigeant biélorusse, Alexandre Loukachenko, et le chef d'État chinois, Xi Jinping, se sont rencontrés à Pékin.
Ce rapprochement – entre l'un des plus proches alliés de Moscou et l'homme le plus puissant de Chine – remet en question l'image d'abord présentée par Pékin, celle de se tenir à distance de la guerre en Ukraine. Dans cette situation, le président biélorusse se risque à jouer les équilibristes. «On ne peut pas résoudre les questions internationales sans la Chine, a-t-il affirmé à l'agence de presse chinoise Xinhua avant la rencontre. Ceux qui veulent endiguer et empêcher le développement de la Chine actuelle ne réussiront pas.» Un signal clair en direction des États-Unis et de l'OTAN.
Pékin veut livrer du matériel de guerre à la Russie
Wan Qingsong, professeur au Centre d'études russes de l'East China Normal University à Shanghaï, explique dans le «Washington Post» ce qui lie les deux pays: «Comme la Chine, la Biélorussie essaie de montrer au monde qu'elle ne veut pas s'allier à la Russie et qu'elle est prête à jouer un plus grand rôle de médiateur.» Dans l'intensification des relations avec Pékin, Alexandre Loukachenko voit en outre la possibilité de se libérer un peu de l'étreinte de Moscou.
Il y a quelques jours, les Chinois ont publié un plan de paix en douze points. Celui-ci comporte notamment un cessez-le-feu. Cette démarche représente pour Pékin une façon de pointer du doigt les États-Unis comme les responsables de l'instabilité mondiale.
Pourtant, la superpuissance chinoise est elle-même soupçonnée de vouloir fournir à Vladimir Poutine du matériel de combat pour sa campagne en Ukraine. Depuis des jours, des officiels américains disent disposer d'indices dans ce sens. Lundi, Pékin a nié avec véhémence ces accusations et s'est retourné contre Washington en désignant ces déclarations comme du «harcèlement flagrant et des doubles standards».
Alliance contre l'Occident
La visite d'Alexandre Loukachenko a de toute évidence comme objectif de prouver de quel côté se trouve réellement le gouvernement chinois. «Pékin, Moscou, Minsk et Téhéran présentent clairement une posture qui dit: 'Nous avons d'autres options et nous les afficherons fièrement – vous pouvez nous sanctionner autant que vous voulez et cela n'a pas d'importance'», explique au «Washington Post» Raffaello Pantucci, du Royal United Services Institute for Defense and Security Studies, à Londres.
Des représentants de haut niveau de cette alliance contre l'Occident ne cessent de faire des allers-retours entre les quatre capitales. La semaine dernière encore, le haut diplomate chinois Wang Yi s'est rendu à Moscou. En outre, le président iranien, Ebrahim Raïssi, s'est rendu dans la capitale chinoise en février.