Alain Berset n'a pas eu d'autre choix que de faire marche arrière sur ses propos polémiques lors d'une présentation devant des centaines d'étudiants. Le président de la Confédération était venu mardi soir à l'Université de Saint-Gall (HSG) pour parler du rôle de la Suisse dans un «monde en crise». À cette occasion, il a également été contraint de parler d'une déclaration qu'il avait faite dans la «NZZ am Sonntag» à propos de la guerre en Ukraine et qui a suscité l'indignation bien au-delà des frontières nationales.
De quoi s'agit-il exactement? Alain Berset avait parlé d'une «frénésie guerrière» qu'il ressentait «dans certains cercles», sans préciser lesquels. Il avait en outre plaidé pour des négociations de paix rapides avec la Russie, déclarant «le plus tôt sera le mieux». Les parlementaires, à l'exception des membres l'UDC, se sont montrés horrifiés. Amenant, par la même occasion, son propre parti à se distancier de ses déclarations.
Le choix des mots aurait été malheureux
Dans la salle de l'université, Alain Berset a dû prendre position sur ses déclarations sévèrement critiquées. Alors que le conseiller fédéral PS évitait les journalistes au Palais fédéral, il a été coincé par la question d'un étudiant de la HSG. Ce dernier a voulu savoir ce qu'il entendait avec sa déclaration d'«ivresse guerrière» et à quels «cercles» il se référait.
Alain Berset a alors reconnu que le choix des mots était malheureux. Au vu des réactions, le président a déclaré s'être demandé s'il s'était bien exprimé. Il a ensuite précisé: «Ce que je voulais dire est que j'ai eu de très nombreux contacts ces dernières semaines, surtout au niveau international». Le président a partagé qu'il constatait que la discussion était presque toujours menée dans une logique de guerre. Tentant de relativiser son propos, il a poursuivi: «Je comprends tout à fait cela. De nombreux pays s'engagent très fortement sur le plan militaire. Mais il faut aussi d'autres éléments.»
Selon Alain Berset, il faisait alors allusion au rôle de la Suisse en tant qu'État dépositaire des Conventions de Genève, qui fixent les règles les plus centrales en temps de guerre. Le ministre de l'Intérieur a aussi insisté sur le fait qu'il fallait parler de la protection de la population civile et que la Suisse avait un rôle particulier à jouer dans ce domaine, notamment en matière de déminage.
Pas vraiment d'explication
Mais on ne comprend pas mieux les propos d'Alain Berset après cette prise de parole. Les arguments qu'il a utilisés sont les mêmes que le Conseil fédéral ne cesse de marteler ces derniers jours afin de faire comprendre la position de la Suisse. Alain Berset a présenté les choses comme s'il avait uniquement fait référence à l'étranger en parlant de «frénésie de guerre». Pourtant, dans une interview accordée au «Temps» et publiée une bonne semaine avant celle de la «NZZ am Sonntag», il avait clairement indiqué qu'il critiquait également le débat politique en Suisse.
Il s'était dit «très préoccupé par le climat belliqueux qui règne actuellement partout dans le monde, y compris en Suisse.» «On a l'impression que certains acteurs, même d'anciens pacifistes, sont comme emportés par l'ivresse de la guerre» avait-il poursuivi. À Saint-Gall, le président de la Confédération n'a pas réellement donné d'explications claires...