Pourquoi un second tour? Et que veulent dire ces mots entendus sans cesse en France: duels, triangulaires, quadrangulaires? En clair, pourquoi le Rassemblement national, arrivé nettement en tête des législatives avec près de 34% des suffrages et douze millions de voix, n’est pas encore en mesure de gouverner le pays? Plongée dans le grand bazar politique français.
Le second tour, atout majoritaire
Les électeurs français ne se contentent pas de voter pour un parti politique, comme c’est le cas en Suisse, en Italie ou en Allemagne, pays où le vote se déroule à la proportionnelle intégrale. En France, l’on choisit à la fois un parti et un candidat, qui se présente dans une circonscription, c’est-à dire-une partie de département.
Ce scrutin majoritaire est supposé offrir une plus grande proximité entre les votants et les candidats. Cette réalité était encore plus vraie lorsque le cumul des mandats permettait d’être député-maire, ou sénateur-maire, bref, de cumuler des fonctions exécutives locales avec un mandat législatif national.
Le résultat du second tour est qu’il force les électeurs à éliminer. Au final, 577 députés sont élus et ils rejoignent des groupes parlementaires aux couleurs de leurs partis. Mais ils peuvent aussi siéger comme indépendants.
Le second tour, moment d’élimination
C’est simple. Un député peut être élu dès le premier tour s’il réunit sur son nom au moins 50% des suffrages exprimés et 12,5% des inscrits. C’est ainsi que viennent d’être réélus Marine Le Pen, Sébastien Chenu ou Julien Odoul (RN), ou Sandrine Rousseau, Manuel Bompard et Olivier Faure (nouveau Front populaire).
Le cas le plus fréquent, de loin, est l’organisation d’un second tour où tous les candidats ayant obtenu plus de 12,5% des inscrits peuvent se maintenir. Ils devront, dans ce cas précis, se prononcer avant mardi 18 heures. Si plus de deux candidats restent en lice, c’est le mieux placé qui l’emportera, même s’il n’atteint pas les 50%.
Triangulaires, c’est quoi?
Lorsque trois candidats se maintiennent au second tour, les électeurs doivent décider à l’issue d’une triangulaire. Quatre, c’est une quadrangulaire. Et dans ce cas, le vainqueur est celui qui arrive en tête à l’issue du vote. Plus de 300 triangulaires sont possibles le 7 juillet en France. Mais les désistements dans chaque camp (à savoir le retrait du candidat le moins bien placé) promettent de changer la donne. On aura les chiffres mardi soir. Il est rare que le candidat le moins bien placé des trois – ou quatre – effectue une «remontada». Sauf bouleversement politique important dans l’entre-deux-tours.