Chaque matin, Blick plonge dans le volcan politique français que la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron est en train de faire exploser. Et ce jusqu’au résultat du second tour des législatives le 7 juillet. Un voyage quotidien dans les coulisses du grand jeu du pouvoir, vu de la Suisse. Des rires. Des larmes. De l’espoir. Et pas mal de chaos. Bienvenue sur la crête du volcan français.
À la une de ce dimanche électoral: les cinq clés du premier tour.
Chaque jour, 5 infos sur les législatives
Macron, la fin programmée
Le président français a peut-être abattu sa dernière carte politique en décidant, à la surprise générale, de dissoudre l’Assemblée nationale le 9 juin, le soir même des élections européennes marquées par la défaite de son camp. Certes, Emmanuel Macron a confirmé dans sa «lettre aux Français» qu’il resterait à son poste jusqu’à l’expiration de son second mandat, en mai 2027. Mais le pourra-t-il? Tous les cas de figure envisagés par les sondeurs sont catastrophiques pour le chef de l’État. La cohabitation avec le Rassemblement national (RN) s’annonce très compliquée à gérer. Un gouvernement sans majorité à l’Assemblée pourrait bien devenir cauchemardesque. Mais le point central de ce premier tour est surtout la détestation anti-Macron. Elle déferle sur le pays. En partie irrationnelle. Et largement captée par les extrêmes, à droite comme à gauche.
L’abandon, carburant électoral
Plusieurs essais remarqués ont théorisé ce qui s’annonce comme le premier moteur du vote pour le Rassemblement national: le sentiment d’abandon et de déclassement qui a gagné une grande partie de la population française, en particulier loin des métropoles. On pense à «L’archipel Français» de Jérôme Fourquet, à la «France périphérique» de Christophe Guilluy ou plus récemment à «Ceux qui restent» de Benoît Coquard. En cause: le délabrement (ou la fermeture) des services publics, les déserts médicaux, mais aussi l’augmentation des factures énergétiques et le sentiment de perte de pouvoir d’achat. La France des classes moyennes non métropolitaines et celle des classes populaires s’estiment oubliée d’élites avant tout préoccupées de leur sort. Conséquence: l’attrait pour un parti qui n’a jamais exercé le pouvoir, le RN de Marine Le Pen et Jordan Bardella.
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La jeunesse, l’addition des colères
La jeunesse est révoltée. À gauche, la révolte a pour nom le «wokisme» importé des États-Unis, porteur d’une culture communautariste et de revendications «décoloniales». Pour cette jeunesse-là, solidaire des banlieues et des immigrés, la cause palestinienne est devenue celle des «nouveaux prolétaires» comme l’expliquait à Blick le politologue Pascal Perrineau. À droite, une tout autre jeunesse n’en peut plus. Cette jeunesse blanche, marquée par l’insécurité dans les quartiers, est demandeuse d’ordre et de discipline. Elle se reconnaît dans l’ascension d’un Jordan Bardella, 28 ans, président du RN et désormais candidat au poste de premier ministre. La France Insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon surfe sur la première colère. Le RN surfe sur la seconde. D’où l’inquiétude sur d’éventuels affrontements à l’issue du premier et du second tour. Le risque de «guerre civile» a même été évoqué par Emmanuel Macron.
L’insécurité, moteur des peurs
L’insécurité et l’immigration sont traditionnellement les deux moteurs de l’attirance électorale pour le Rassemblement national. L’insécurité peut être physique. Elle est ressentie par les femmes, les retraités et tous ceux qui vivent dans les grandes zones urbaines. Elle est aussi alimentée par le trafic de stupéfiants, souvent aux mains de gangs où les jeunes hommes issus de l’immigration fournissent le gros de la «main-d’œuvre». L’immigration, et surtout l’impossibilité de renvoyer les clandestins présents sur le sol français, complète ce tableau des inquiétudes. La gauche radicale se positionne à l’inverse, en critiquant la police et en prônant une politique d’asile généreuse. À ces deux fléaux s’est ajouté celui de l’antisémitisme, que La France Insoumise est accusée de nourrir dans le contexte de la guerre à Gaza.
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Élites et politique, le grand rejet
Le cocktail national-populiste est connu. Rejet des élites accusées d’être trop «européistes» et trop «mondialistes». Rejet de la politique et de la haute administration accusée de tout compliquer et de préférer les normes au contact direct avec la population. En France, ce débat a pris de telles proportions et il nourrit tellement les caricatures que certains comparent ces élections législatives au vote du Brexit au Royaume-Uni. Là encore, les deux extrêmes, gauche et droite, profitent de ce rejet. Avec pour cible un homme: Emmanuel Macron, incarnation de ces élites arrogantes et déconnectées.