Les médias français ne pourront commencer à donner les résultats partiels des législatives qu’à partir de 20 heures. Ils ne peuvent pas non plus commenter cette journée politique décisive. Blick, média suisse édité à l’étranger, peut en revanche raconter ce qui se passe dans les bureaux de vote, où nous avons parlé avec des électeurs.
Commençons par les premiers résultats électoraux. Ils viennent des départements et territoires d’Outre-mer. Partout, le Rassemblement national recule par rapport à ses scores du 9 juin, aux élections européennes. Attention: la situation spécifique des DOM-TOM ne signifie pas que les mêmes écarts seront à l’œuvre en France.
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A noter donc, ce recul du RN: 5% contre 19% aux Européennes en Polynésie, où le candidat du camp présidentiel est élu au premier tour, 25,9% et 17% dans deux circonscriptions de Guadeloupe (sur trois) contre 33 et 31%; 9,1% contre 26% en Guyane; 9,9%, 9,5%, 11,1% et 10% dans les quatre circonscriptions de Martinique contre 18,6%, 16%, 18,3% et 18,5% le 9 juin. Pour finir 10,6% à Saint pierre et Miquelon contre 26% aux Européennes. A Wallis et Futuna, le candidat présidentiel serait aussi élu au premier tour avec 61% des voix.
Revenons à l’hexagone. Nous avons interrogé des électeurs dans la banlieue est de Paris, alors que le taux de participation annoncé est en forte hausse, à 29,5% des inscrits à 12 heures. En imaginant une augmentation des votes dans l’après-midi et en fin de journée, la participation finale pourrait dépasser les 65%, soit un record. Le chiffre pourrait atteindre le record de 1981. En juin 2022, lors des dernières élections législatives, moins d’un électeur français sur deux s’était déplacé. L’abstention avait atteint 52,5%.
«Les gens réfléchissent davantage»
Ce que nous avons entendu à Saint-Mandé, Vincennes, Maisons-Alfort et Créteil, dans des circonscriptions diverses où les députés sortants sont macronistes, issus de la droite traditionnelle ou élu de la France insoumise (LFI, gauche radicale)? Les sympathisants de gauche et du centre n’ont pas perdu le moral.
Martine, rencontrée à Vincennes, au bureau de vote de la Mairie, juste à côté de l’imposant château médiéval, est même certaine que «le Rassemblement national peut encore être empêché d’accéder au pouvoir». Son raisonnement? «Le RN a connu une forte vague aux Européennes. Maintenant, les gens réfléchissent davantage. Ils n’ont peut-être pas complètement envie de les voir gouverner.»
La loi des sondages
Attention: ce que nous avons entendu ne reflète pas du tout l’ambiance électorale dans l’ensemble de la France. Jusqu’à ce samedi, tous les sondages donnent de manière convergente entre 32 et 35% des voix au RN de Jordan Bardella et Marine Le Pen, ce qui devrait se traduire par une majorité absolue des 577 sièges de députés en lice à l’issue du second tour, le 7 juillet. Partout, la remontée des enquêtes d’opinion confirme la détestation d’Emmanuel Macron, la volonté «d’essayer» le RN qui n’a jamais gouverné, et l’effacement programmé de la droite traditionnelle, malgré l’ancrage local de ses candidats.
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Espoir et motivation
Restent l’espoir et la motivation. Jacques est caissier de supermarché à Créteil, au centre commercial Créteil Soleil. Il se présente comme un militant de la France Insoumise, dont il reconnaît les «excès» sans les condamner. «On nous diabolise dans les médias depuis deux semaines. On nous présente comme antisémites. La vérité est que les candidats de LFI se battent pour donner une voix aux banlieues. Personne d’autre ne le fait. Je suis sûr que beaucoup d’électeurs vont s’en souvenir, surtout s’ils sont issus de l’immigration.»
Le Rassemblement national peut-il perdre? Juste avant l’ouverture du scrutin – les urnes fermeront à vingt heures dans les métropoles – tous les experts nous ont répondu par la négative. Impossible, à les entendre. La dynamique est trop forte. 250 sièges au minimum. Le cap des 289, soit la majorité absolue, tout à fait atteignable au second tour.
Michèle, animatrice de crèche à Saint Mandé, une ville qui compte de nombreux Français juifs, refuse d’accréditer ces calculs. Son argument? La forte mobilisation peut être favorable à la gauche et au centre, et le vote pro-Macron est souvent tu, car tout le monde dit le détester. C’est devenu une mode, de se lâcher sur Macron et de le traiter de tous les noms. Nous, électeurs de gauche ou centristes français, nous pouvons encore gagner!»
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49,5 millions d’électeurs
L’arithmétique électorale est simple. 49,5 millions d’électeurs invités à voter. 4000 candidats. 577 circonscriptions, dont une dizaine pour les Français établis hors de France. La victoire acquise dès le premier tour par le candidat qui obtient plus de 50% des voix. La qualification au second tour possible si l’on réunit 12,5% des inscrits.
Les premiers résultats, tombés ce dimanche matin, donnent la victoire aux sortants de gauche dans les départements d’outre-mer des Antilles, et à ceux du camp présidentiel en Polynésie et dans l’île de Wallis et Futuna. Attention: rien ne permet d’y voir un signe pour l’hexagone. Réponse à partir de 18 heures avec les premières estimations en possession de Blick.