Même si les résultats sortis des urnes américaines, mardi 5 novembre, risquent fort d’être contestés (c’est en tout cas ce que Donald Trump répète en boucle), un nouveau président des Etats-Unis sera élu dans les jours qui viennent. L’un, Trump, a déjà occupé cette fonction, et ses partenaires Européens, dont la Suisse, savent donc à quoi s’en tenir. L’autre, Kamala Harris, a plusieurs fois été l’émissaire de son pays en Europe, sous la présidence de Joe Biden. Mais assurer le rôle de Commandant en chef n’a rien à voir avec la mission dévolue à une vice-présidente…
Quelles conséquences aura cette présidentielle américaine pour nous? On parle déjà d’impact économique majeur à court terme en cas de victoire de Trump. Mais croire que Kamala Harris, elle, incarnera la continuité après Joe Biden pourrait bien s’avérer une erreur. Essayons d’y voir clair.
La peur de Donald Trump, exagérée?
L’ancien président américain a un avantage pour ses futurs partenaires: il avance à découvert. Il est même venu deux fois, en 2018 et 2020, au Forum économique mondial de Davos.
Son agenda diplomatique, militaire et économique est connu et les alliés des Etats-Unis ont donc eu le temps de s’y préparer. Trump est protectionniste et défend l’idée de droits de douane élevés sur les produits européens. Il promet de faire cesser d’urgence la guerre en Ukraine en proposant une négociation, dès son élection, à Vladimir Poutine.
Chaque matin jusqu’à la mi-novembre, je prends pour vous le pouls de l’Amérique. Un rendez-vous écrit sur le terrain, là où se joue le duel entre Donald Trump et Kamala Harris.
Et pas n’importe quel terrain: d’ici au 5 novembre, date de l’élection présidentielle, c’est sur les routes, entre Chicago, où Kamala Harris a été investie par la convention démocrate à la mi-août, et Mar-a-Lago, le fief de Donald Trump en Floride, que je rédigerai ces chroniques matinales en cinq points. En plus: une série de reportages à ne pas manquer et des vidéos et photos de mon collègue Pierre Ballenegger.
Vous faites partie de ceux qui pensent que notre avenir se joue aussi le 5 novembre, de l’autre côté de l’Atlantique? Alors ne ratez pas ces chroniques. Partagez-les. Et réagissez!
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L’ex-promoteur immobilier new-yorkais est aussi à 100% derrière le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avec lequel il partage le même objectif: conclure une paix entre l’Etat hébreu et les principaux pays arabes, en laissant de côté la création d’un Etat Palestinien, sur le modèle des accords d’Abraham signés en 2020 entre Israël, les Emirats arabes unis, Bahreïn, puis le Maroc.
Sur l’OTAN et les garanties de sécurité données aux Européens, sa position n’a pas changé: seuls les alliés qui paient seront protégés. Trump annonce par ailleurs la couleur: avec lui, pas de guerre «Made in USA».
Kamala Harris, l’Asie dans le viseur
L’actuelle vice-présidente des Etats-Unis partage la même vision du monde que Barack Obama. Ce dernier, éduqué en partie en Indonésie et à Hawaii, avait théorisé le pivot de la diplomatie américaine vers l’Asie. Kamala Harris, californienne d’origine indienne par sa mère, est aussi persuadée que l’avenir du monde se joue en Extrême-Orient.
Les autres chroniques de Blick in the USA
Jusque-là, toutes ses missions en Europe – comme en juillet 2024, pour la Conférence de paix sur l’Ukraine en Suisse – n’ont guère permis de savoir ce qu’elle pense de l’OTAN, de l’Union européenne, ou de la neutralité helvétique (que les Etats-Unis d’Obama avaient foulé aux pieds lorsqu’il s’est agi de déboulonner le secret bancaire durant la crise financière de 2008-2010).
En tant que Procureure, Kamala Harris s’est par ailleurs fait un nom en traduisant en justice plusieurs grandes banques, dont JP Morgan Chase pour leurs responsabilités dans la crise des subprimes. Bilan: vingt milliards de dollars d’amendes.
Trump, la fièvre nationale populiste
Un Premier ministre européen attend avec impatience l’élection de Donald Trump: le Hongrois Viktor Orbán, qui accueille justement ce 7 novembre à Budapest le sommet de la Communauté politique européenne, dont la Suisse fait partie. Orban a rendu plusieurs fois visite à Trump aux Etats-Unis. Il a souhaité officiellement sa victoire. Et l’ancien président lui a, pour sa part, plusieurs fois rendu hommage durant sa campagne. Trump aime aussi le président polonais Duda, du parti Droit et justice (dans l’opposition).
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A coup sûr, les partis nationaux populistes européens, qui ont électoralement le vent en poupe – comme l’a encore prouvé la victoire de l’extrême-droite en Autriche le 29 septembre – sortiront renforcés si Trump revient à la Maison Blanche. En Suisse, le conseiller fédéral UDC Albert Rösti a d’ailleurs franchi le pas en affichant son soutien au milliardaire. Plus prudente, la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni, proche de Joe Biden, garde ses distances.
Harris, automobile soulagée, Bourse déprimée
La candidate démocrate veut d’abord augmenter les impôts pour les Américains les plus fortunés. C’est d’ailleurs pour cette raison que beaucoup de magnats proches du parti républicain, comme le milliardaire Peter Thiel, mais aussi Elon Musk, soutiennent à fond Donald Trump.
Celui-ci a en revanche un plan agressif qui ferait mal au secteur automobile européen: l’introduction d’une taxe universelle de 10 ou 20% sur tous les produits fabriqués à l’étranger, des taxes de 60% sur les produits chinois, et des droits de douane de 100% sur toutes les voitures importées, quel que soit leur pays d’origine.
On comprend l’inquiétude de l’Allemagne, pays d’origine de la famille Trump. Selon Andrew Kenningham, économiste en chef pour l’Europe chez Capital Economics, interrogé par Euronews, «Harris n’introduirait pas de droits de douane généralisés, et certainement pas sur ses alliés stratégiques européens». Bon point pour Trump en revanche: les marchés boursiers croient en lui. Idem pour les investisseurs en bitcoins. Avec Harris, la Bourse risque de déprimer.
Trump-Harris, l’agonie européenne
Il faut lire le rapport de l’ancien premier ministre italien Mario Draghi sur l’avenir de la croissance européenne. Les chiffres sont incontournables. Entre 2010 et 2023, le produit intérieur brut (PIB) de l’UE a progressé de 21% et celui des Etats-Unis de 34% ! Les raisons de ce décrochage de l’Europe?
Sur la présidentielle américaine
Démographie déclinante, dépenses de recherche insuffisantes, système éducatif médiocre, autonomie industrielle faible, nombre annuel d’heures travaillées insuffisant, prix de l’électricité deux à trois fois supérieur aux coûts américains, expatriation des start-up, bureaucratie excessive.
Sur tous ces points, le fossé avec les Etats-Unis risque de s’accroître. Draghi met en garde contre «la lente agonie» de l’Europe. Trump s’en réjouit haut et fort. Et Kamala Harris s’en accommodera très bien si elle est élue.